L’Odyssée
Rochefort, 6 avril
2017
Premier chapitre
Des Boat people du Viêtnam… à ceux de Lampedusa
Antibes fin Septembre 1987
J’adorais
mon Coloba, un motor yacht de 57
pieds. Il avait toutes les qualités nautiques
qu’une famille puisse rêver pour les vacances d’été : sillonner la Méditerranée
au large, de l’Espagne à l’Italie et des îles relativement proches. Disons : naviguer en père peinard comme
l’avait chanté Georges Brassens. Mais cette famille venait de se briser. Pour vaincre cette solitude soudaine, j’avais décidé de partir
bien plus loin, franchir les océans. Il
me fallait d’autres horizons. Un fait de l’actualité de 1979 m’avait
particulièrement frappé : des embarcations vétustes au milieu de la Mer de
Chine, au gré des flots, dans lesquelles se tassaient en surnombre des familles
vietnamiennes qui préféraient braver l’océan que les Khmers rouges.
J’avais
encore en mémoire ces images qui défilaient sur le petit écran :
des moribonds sauvés in extrémis.
Ceux-ci avaient de la chance puisqu’on les avait repérés. Sur le plateau de la chaîne, un jeune médecin, Bernard Kouchner, est
entouré de personnalités du cinéma : Simone Signoret et Yves Montand, mais
aussi d’intellectuels comme Jean-Paul Sartre, Raymond Aron, André Glucksmann.
En 1978, avec M.S.F. (Médecins sans frontières), ils avaient constitué un
comité de soutien sous le thème : « Un bateau pour le Vietnam ». Ce qui permit d’affréter un cargo-caboteur
néo-calédonien en navire-hôpital, « Île de lumière ». François Herbelin, un Breton de vingt-neuf ans, en sera le capitaine. Il s’agissait de sauver ces victimes sauvées peut-être
de la noyade, mais tellement affaiblies
risquaient toujours de mourir par manque de soins et d’hygiène. Ce passage
à la télé avait pour but de récolter des
fonds…afin que cette clinique temporelle et flottante puisse assister, durant un
mois supplémentaire, les plus de vingt mille boat people agglutinés sur la minuscule
île malaise de Poulo Bidong ; le temps de
terminer la construction en bois de l’hôpital insulaire.
En ce
temps des « Trente glorieuses », les pays hôtes avaient organisé, avec d’excellents résultats,
l’accueil de ces dizaines de milliers
d’immigrants. Ces ressortissants, devenus des citoyens à part entière, contribuèrent très positivement à l’épanouissement des nations qui leur avaient ouvert leur cœur. Hélas, pour en revenir à cette époque de
l’après-guerre au Viêt-Nam, ces eaux
extrême-orientales étaient toujours le théâtre de ces drames ! Combien de ces canots ont disparu avec leur cargaison de femmes et enfants ?
Les lois de la mer obligent à porter secours à
toute personne en péril ; mais sur
ces immenses étendues d’eau à l’infini, rodaient aussi les hors-la-loi (de la mer aussi) qui pillaient et
massacraient … sauf les jeunes filles enlevées qui représentaient une
certaine valeur pour les bordels. Pourquoi,
à l’instar de ses sauveteurs n’irais-je pas aussi au secours de l’une ou l’autre famille perdue
en Mer de Chine ? Celui qui sauve
une vie, sauve le monde entier, n’est-ce-pas ?
Pour un tel projet, il me fallait un
bateau capable d’une plus grande autonomie que celle des quatre cents miles du Coloba.
En Méditerranée, cette distance
est appréciable, mais insuffisante pour
traverser l’Océan Indien. Un voilier
hauturier ferait l’affaire pour y amener
une équipe de volontaires. À quai, côté
bâbord du Coloba, un catamaran Solaris de 12 mètres attendait un nouvel
acquéreur, peut-être celui de Coluche
qui venait de nous quitter. Triste
destin pour le comédien, humoriste, humaniste : avoir un bateau et
préférer cette moto fatale, plutôt que naviguer comme Antoine! L’amour de l’un pour les petites gens valait
bien celui de l’autre pour les grands espaces.
Avec du recul, aujourd’hui, nous constatons que la mort n’a pas mis fin
au rêve de sa vie. Bien au contraire ! Ah, ces
artistes prophètes envoyés des cieux ! Ce genre de voilier à deux coques, d’élégance
douteuse, ne m’attirait pas
particulièrement. Du fait de sa
proximité, j’ai eu l’occasion de le visiter et fus franchement impressionné par
son espace convivial. Je voyais déjà où
poser la machine à écrire*... et finalement pourquoi pas ? Son prix était intéressant.
*C’était ma période d‘addiction à l’écriture. Une véritable fièvre ! Après
nos dernières vacances ensemble sur la Côte d’Azur, sans moi, mon épouse était repartie avec
Laurent et Barbara pour la rentrée
scolaire. Cette fois, celle-ci aurait un autre goût : leurs parents se séparaient. Pour faire face à cette solitude
soudaine, en cette fin d’été 1987, je m’étais mis à noter tout ce qui me passait
par la tête.
Il me
semble tant que la plaie de la rupture n’est pas cicatrisée, les conjoints ont
besoin de se parler, ne serait-ce que
pour se rassurer quant à leur avenir respectif. Conversation téléphonique en général.
Et, bonjour la facture de la régie ! Avant tout les enfants… mais, il y a aussi les biens à se partager. Hélène gardait la maison, la Rolls décapotable,
moi le bateau et… mon vélo. C’était
clair, même avec plus de mille kilomètres entre nous pour lui faire part de mes
intentions. Elle m’interrompit tout de suite.
- D’accord, mais les
côtes vietnamiennes ne sont pas des endroits aussi paisibles que la Ligure ou
la Côte d’Azur. Trouve au moins un
marin qui connaît ces régions.
- Ce n’est tout de
même pas ici à la Côte d’Azur que je vais trouver un François Herbelin
(dixit : le capitaine d’Île de lumière)!
Un skipper avec une telle expérience ne traîne pas dans ces ports de
plaisance, et il faudrait qu’il soit aussi fou que moi pour ce genre de
périple.
- Méfie-toi des
mythomanes… les fabulateurs, en ce qui concerne les horizons lointains, ne doivent pas manquer.
- Mais ils nous ont
tout de même fait rêver. En commençant
déjà par les récits de Marco Polo - dont enfin les historiens sceptiques
reconnaissent aujourd’hui qu’il les avait vraiment vécus – et les livres d’Henri de Monfreid, cela a tout de même suscité des vocations d’aventuriers sur toutes les mers du globe.
- Tu parles d’une époque révolue. Les rêves aujourd’hui prennent forme en parcourant
les catalogues des agences de voyage.
Trop
fraîche cette rupture sans doute pour
déjà laisser place à l’indifférence au destin de l’autre. Elle semblait s’inquiéter vraiment du projet qui me tenait à cœur. Était-ce la douleur de cette cassure qui
m’aveuglait au point de me lancer un tel défi ? Chercher ces boat people qui s’aventuraient
sur l’Océan Indien…peut-être quelques
vies à sauver. Oui, Bernard Kouchner, par le jeu des médias,
avait réussi à me sensibiliser. Ce n’est
pas que je voulais en rajouter à ces témoignages diffusés en France
et en Belgique.
Déjà à l’époque,
avec la guitare, j’avais commencé à fredonner une mélodie, inspirée de « Madame Butterfly » de
G. Puccini. Je me rappelais cette scène
où notre héroïne contemple la mer scrutant l’horizon, espérant voir au loin les voiles du vaisseau
de son beau capitaine revenant vers elle :
« …Sur la mer calmée… »
Enfant, je ne me lassais pas d’entendre ma
mère, chanter ce passage, tenant son ventre
pour rassurer, Paul, le prochain bébé
qui gesticulait de bonheur sans doute, au son de la voix soprane, en duo
avec le violon de papa. Par ses
mimiques, imitant à l’archet le chant du rossignol ou du canari, nous éclations de rire. De notre fratrie, le cadet est celui qui a
le plus l’oreille musicale. Il choisit la percussion.
Curieux paradoxe ! Lui, qui
est né au début des années 50 dans la douceur des mélodies, avant le rock, est attiré par des rythmes plutôt endiablés. Moi, qui naquis sous les bombardements et le
martellement des bottes nazies, j’aime les complaintes douces à la guitare ou au piano, même
si les scènes ne sont pas toujours très réjouissantes, comme ce tableau :
« …/
Les flots tumultueux ne sont pas les seuls ennemis.
Séquelles
des guerres du Viêtnam : des pirates thaïs.
Oui,
l’océan et les hommes se partagent les corps ;
Le
commerce des femmes va bon train dans les ports./… »
D’accord, ces bateaux à la dérive dans l’Océan Indien
étaient loin de l’Europe. N’avions-nous
pas subi notre lot de drames :
14-18, le génocide arménien, la guerre d’Espagne, peinte dans
son extrême violence sous le nom de Guernica
par Picasso ; la Shoah, dont
on voit bien qu’après soixante-dix ans le
peuple juif est toujours sous le choc ?
Aujourd’hui, trente ans après cette conversation téléphonique, j’assiste impuissant, à ce même phénomène en Méditerranée :
des populations fuyant des États en guerre et corrompus, où l’injustice, la dictature et la cruauté règnent en maître.
Ils s’entassent en surnombre dans des embarcations plus que douteuses.
À qui
profite le crime ? Marchands et
fabricants d’armes ou de canots
pneumatiques, comme cette consule
honoraire commerçante à Bodrum en Turquie (qui bien sûr sera destituée par son
pays : la France scandalisée !), spéculations boursières, actualité
médiatique, passeurs d’hommes. Hélas, au patrimoine génétique de l’humanité, il
faut aussi compter avec l’opportunisme mafieux ! Est-ce un mal nécessaire pour que triomphe
le bien ? Et, soudain, avec la
vision de recevoir de la poudre d’or qui me tomba du ciel, cette réponse :
« L’ennemi c’est ma puissance, l’amitié ma
récompense ! »
Je
revois ce tableau pastoral qui remonte à l’instant des tréfonds de ma mémoire, en
promenade avec Frank, mon berger allemand, sur un chemin de campagne près de
Corroy-le-Grand. Souvent, par nostalgie, je viens me balader dans ces lieux. Un bond d’une bonne quarantaine d’années pour
me retremper dans ces paysages où vibrait au chant du coq et toute sa cour,
étable, bergerie et porcherie comprises,
la fermette de marraine Esther et d’oncle Alfred. Dès les premiers jours
des grandes vacances, ils guettaient
impatiemment l’arrivée des deux petits mômes de six et sept ans et de tante
Élise, chargée de nous amener depuis Bruxelles dans l’un des autocars
« Pullman » bleus, en attente
à la chaussée d’Auderghem. Courageux ces
chauffeurs qui lançaient ces bus poussifs sur les côtes ou les descentes à
travers les routes vallonnées du Brabant,
luttant simultanément avec le grand volant et le levier de la boite de vitesses
qui hurlait sa peine à chaque changement de régime. Mais nous arrivions
néanmoins toujours, sans la moindre panne à Chaumont-Gistoux pour la
correspondance avec le petit tram vert à
vapeur qui nous acheminera à Corroy-le-Grand. René et moi
sautions avant l’arrêt ; - sourds aux injonctions de notre
aïeule. Nous courions vers la
basse-cour, cueillis au passage par les bras
rugueux dus aux travaux de la ferme
de cette autre grand-tante. Elle s’empressera de nous montrer les
nouveau-nés : cochons, poussins, agneaux, en recommandant de ne pas
oublier d’embrasser notre arrière-grand-mère presque centenaire, silencieuse et
quasi invisible, tapie dans son fauteuil près du poêle de Louvain. Une fois le garnement que j’étais, lui fit un vilain pied de nez - pas trop attiré par ce visage tanné et ridé
comme du cuir craquelé de ces vieux ayant passé toute leur vie au grand air de
la campagne. La vieille, que je croyais paralysée des jambes, se précipita sur moi, armée d’un tisonnier et me donna une belle
bastonnade. Tellement surpris, je n’eus pas le temps de m’enfuir. Je vois encore notre bobonne bondir du
voltaire et me rattraper de ses petites jambes,
brusquement bien alertes. Sans
doute l’habitude de courir derrière ses douze enfants, dont
notre grand-père Georges, qu’hélas
on n’a pas connu ! La
seule joie qu’il aura avant de mourir à trente-six ans: écouter sa fille
préadolescente jouer sur le piano qu’il
lui avait offert pour son anniversaire.
Le diabète l’ayant rendu aveugle,
il ne verra pas les larmes de la jeune virtuose de douze ans, mais ce trompettiste
de fanfare voulait partir en
musique. Quand la grande faucheuse
approche, même si on ne le leur dit
pas, les enfants savent. Grand-père Georges, le plus jeune avait vingt ans de moins que l’aînée, marraine
Esther qui n’avait pas eu d’enfant.
Ni la tante Élise non plus ! Elles portaient tout leur amour sur
nous comme si on était les leurs ;
grâce à Lucio, ce petit
Portugais très empressé d’en faire sept
à Georgette, leur nièce chérie,
notre mère. Hélas !, le dernier
enfant, une petite Martine de plus de quatre kilos s’est étouffée par le cordon
ombilical quatre jours avant la naissance, le seize octobre 1956. Et tout à basculer dans nos vies. Cette maman au foyer, de trente-cinq
ans, pour échapper à sa profonde
tristesse décida de trouver un emploi ; peut-être plus celui de secrétaire
dans un cabinet d’avocat, avant nos naissances successives, mais comme
démonstratrice aux Galeries Anspach au
centre de Bruxelles, au comptoir des lingeries fines de Valisere. Et ainsi a
jailli l’idée d’ouvrir un restaurant.
« - Si tu
veux travailler, alors pourquoi pas ensemble en ouvrant un
restaurant ? »
« - Un restaurant, avec six enfants ! Mais vous êtes fous ! », s’exclamera Maître Rubens, parrain de mon père baptisé à
seize ans. (Mon grand-père, tout Portugais qu’il était, n’en était pas moins
complètement athée. In fine il céda aux
arguments de l’avocat et de sa femme très catholiques ; surtout que ces derniers n’ayant pu avoir
d’enfant, admiratifs de ce jeune Portugais très studieux, le considéraient comme leur fils. Études de violon, Académie de dessin, et cours
supérieurs à l’Institut Solboche en
Polytechnique, ils en sont certainement les instigateurs. Ils l’aideront même
financièrement en 1950, afin de lui permettre de créer « Tricork »,
son bureau d’étude pour la fabrication de portes en lamellé de liège, brevet venant
du Portugal.
Mais reprenons dès le début de ma propre vie.
Né
durant les bombardements à Bruxelles, une date bien ancrée dans les esprits, un
6 juin, mais en 42, aux alertes, Maman nous
cachait sous le lit (René et moi), nous
serrant dans ses bras en se disant :
« s’il y a une bombe, on mourra tous ensemble ! »….On ne
séjournera pas longtemps dans la
capitale, continuellement en état d’alerte suite aux incessants raids aériens
des Alliés sous l’Occupation. J’avais
six mois quand notre père issu d’un pays
neutre, le Portugal, nous embarqua dans le dernier train partant de Bruxelles
via Lisbonne, début 1943. Pas si neutre que ça le petit Portugais,
dessinateur, fraîchement sorti de l’Institut de Polytechnique de Solboche!
Près de Vilvorde, l’usine d’Haarlem fabrique
des moteurs d’avion pour le compte de l’armée allemande. Il eut l’idée de dessiner l’implantation exacte
de ces ateliers réquisitionnés par la Luftwaffe. Ces croquis détaillés furent cachés dans mes
couche-culotte pendant le voyage en train pour être remis à des agents
secrets de l’Intelligence Service à Lisbonne.
Ces hommes de l’ombre viendront plus tard féliciter leur opportun espion, ce qui ajoutera à son bonheur de retrouver sa patrie, quittée à l’âge de neuf
ans. - Dom Alfredo César Salles, notre grand-père, notable de Santarem, ruiné
suite à un incendie qui ravagea ses terres,
fut engagé en 1929 par la société Macadam en tant que contremaître
pour participer à la construction des routes du littoral en Belgique. Il emmena évidemment sa famille et quelques-uns de ses fidèles ouvriers. Suite à un AVC, il mourut dans un hospice à
Bruxelles en 1939, à l’âge de soixante-trois ans.
Au début
des années quatre-vingts, J’avais un jour griffonné un petit texte en voyant
les querelles politiques entre les Flamands et les Wallons au sujet de Bruxelles :
« Pendant que des Flamands creusaient
les mines wallonnes, que des Wallons
fouillaient le sol du Congo, mon
grand-père portugais traçait des routes en Flandre. En tant que Bruxellois, ne me demandez pas de choisir entre la Flandre et la Wallonie,
comme un enfant qui devrait le faire
entre son père et sa mère. Parfois je
tourne les yeux vers le Sud, vers ce Portugal dont je ne parle même plus la
langue ».
Paraît-il
que l’usine fut bombardée avec précision, sans faire de dégâts aux alentours. Je
fais partie de ces bébés espions de la guerre quarante ! Il a dû y en avoir quelques- uns. De ces presque quatre années passées au
Portugal, trop petit, je n’ai gardé que
très peu de souvenirs : un parc où jouent des enfants et que je pleure, mais,
mon grand frère vient me réconforter
en ayant récupéré la brouette
qu’un sale gamin portugais m’avait prise…
Une cousine, d’au moins dix ans, est
très fière de montrer sa tortue de jardin. Je m’émerveille de découvrir qu’il n’y avait
pas que des chats et des chiens sur la
planète des hommes et plus particulièrement dans cette grande cuisine
collective, où toutes les mamies s’occupent de nous.
C’est
bien sûr plus tard que j’apprendrai que notre jeune maman, employée à la banque
alimentaire du Consulat belge, expédiait
des colis vers la Belgique … Que
Papa avait gagné le premier prix national pour un dessin publicitaire vantant
les qualités des citrons. Cela ressemblait étrangement à une planche à voile.
Il travaillait comme comptable et dessinateur
pour le compte du Docteur Keuschler dirigeant une usine fabriquant des
châssis et portes en lamellés de liège (Brevet que le paternel exploitera en Belgique quelques années plus
tard sous l’enseigne « Tricork »).
Paraît-il aussi qu’à l’âge de
deux ans sur la plage, emporté par une
vague sans que mes parents s’en aperçoivent, un monsieur courut dans l’eau tout habillé pour me sauver in
extremis… et encore, que papa et maman s’étaient séparés… et dès
lors, qu’après la guerre, notre mère, René et moi, sommes revenus en Belgique. J’étais adulte quand, suite à une
conversation sans grande importance,
elle m’apprit qu’arrivés à Paris, ayant quelques heures à patienter pour
la correspondance vers Bruxelles, nous fîmes une promenade en calèche dans le
quartier de la Tour Eiffel. Hélas, ni
René ni moi on ne s’en souvient !
On dormait. Finalement le papa est revenu en Belgique en 1947 pour reconquérir
notre mère qui pleurait souvent. Tant
bien que mal, René et moi avions essayé de la consoler dans cette maison où
nous n’étions pas tellement bien accueillis en face de la gare de l’Est à
Nivelles, hébergés depuis près de deux
ans chez Bonne-maman, notre grand-mère
maternelle. Après un veuvage de trois ans, elle s’était remariée avec un certain Lucien Couniot,
divorcé. Cette nouvelle union donnera, à
peine plus âgés que nous, Lucienne et Hubert. Ce dernier,
avec sa carabine à plombs, ne se
contentait pas de tirer uniquement sur les oiseaux, il avait un malin plaisir de prendre nos fesses pour cible. Un vrai sadique, sans doute un peu jaloux de notre présence! Notre
famille réunie à nouveau, nous partirons
à Ixelles, avenue des Saisons, juste en face de l’hôpital où naquit
Claudine, notre petite sœur, le 4
octobre 1947.
Et
en cette fin des années quarante sur le petit quai de Corroy-le-Grand, nous
apportions et emportions ces
moments de bonheur qui se renouvèleront chaque été, aux grandes vacances jusqu’à notre adolescence. La voie ferrée qui plus tard portera
l’autorail jaune diesel, longeait le
ruisseau, baptisé « le Train » qui coulait à moins de 20 mètres du
porche de la fermette. Vers mes vingt
ans, ayant acquis une Harley Davidson
d’occasion (très bon marché à l’époque, les déclassées de la gendarmerie), accompagné
de Lydia, ma fiancée et, - deux
ans plus tard, mère de Geneviève, notre fille unique, sans pour autant nous
marier et encore deux ans plus tard nous
séparer -, nous sommes descendus à Corroy-le-Grand. Les deux grands-tantes, devenues veuves,
vivaient ensemble. Hélas ! Alzheimer pour Esther qui fit visiter
gentiment le potager à ma compagne. Par
contre la tante Élise, je ne l’avais pas
encore dit, avait gardé son mauvais
caractère. (Mauvais caractère, depuis sans
doute que son mari, notre oncle Richard Dorval, qui nous adorait ; qui nous offrait des jouets, fabriqués de ses
mains ; qui nous portait, René et
moi, petits mômes encore, jusqu’aux carrousels de la Grande foire du Midi ou
jusqu’à l’Hippodrome de Boitsfort - les
paris sportifs, surtout les courses hippiques, étaient sa profession : gérant de
l’agence Rossel, rue Théodore Verhaegen à Saint-Gilles – cet homme que nous
aimions tant, l’avait trahie par à une aventure extraconjugale qu’elle ne
pardonnera jamais. Qu’est-ce qui peut passer dans la tête d’un
homme pour tromper une femme pourtant si belle? Tout en continuant à vivre ensemble sous le
même toit, nous souffrions de cette
ambiance glacée, sans la moindre conversation,
sauf parfois quelques mots haineux. J’avais
quinze ans, en interne au Collège Sainte Gertrude à Nivelles, occupé à chanter sur la scène dans le
réfectoire, transformé en salle de fêtes,
devant les frères-abbés- professeurs et les élèves réunis : « Quoi de plus doux de plus tendre que le cœur d’une maman / Qui donc sait mieux nous comprendre, consoler
tous nos tourments », lorsque brusquement,
apparurent mère et père pour m’annoncer le décès d’oncle Richard. Âgé
de soixante-trois ans, ce sosie de Sacha
Guitry était disparu depuis quelques
jours, et enfin retrouvé à la morgue de l’hôpital Molière. Sa maîtresse l’y avait conduit juste avant. Que de sanglots alors !, que je ne pus
retenir devant mes profs compatissants. Bien sûr ces larmes pour ce gentil oncle décédé
et parrain de Claudine, la petite sœur ; mais aussi suite à l’émotion de cette maman qui entrait à
l’improviste pendant l’interprétation de cette chanson. Il va sans dire que quelques années plus
tard, la première chanson que je composerai à l’aide de la guitare en me
calquant sur les accords de « La Mer » de Charles Trenet, s’intitula : « C’était un p’tit gars…oui maman c’était
moi ». , .)
Oui Maman !
C’était moi
C’était un petit gars qui partit au
loin si loin là-bas
Oui maman, c’était moi …Oui maman, c’était moi
C’était un petit gars qui partit au
loin si loin là-bas
Oui maman, c’était moi
Comme un matelot sur un grand bateau
Comme un oiseau vers d’autres paysages
C’était un petit gars qui partit au
loin si loin là-bas
Oui maman, c’était moi
J’ai bien changé après vingt ans
J’ai rencontré toute sorte de gens
Pourtant mon âme de p’tit gars
Est restée près de toi
Toi qui es toujours la même
J’ai beau chercher à voir un changement
Dans tes yeux que j’aime
Tu es toujours ma petite maman
C’était un petit gars qui partit au
loin si loin là-bas
Oui maman, c’était moi …Oui maman, c’était moi
Voyez ces p’tits gars dans tous les
coins du monde
Qui recherchent quelque chose
Peut-être bien une maman…Pourquoi pas
une maman
Voyez ces mamans sans jamais une pause
Qui travaillent à la ronde
N’peuvent plus vivre autrement
Sont pourtant des mamans
Maman les p’tits bateaux qui vont sur
l’eau
Ont-ils des jambes ?
Mais non mes p’tits enfants s’ils en
avaient
Ils marcheraient…
La mer qu’on voit danser le long des
golfes clairs
(Merci Trenet…) C’était un petit gars….
- Vous voyagez avec des femmes maintenant ! » C’était son bonjour. C’est vrai, qu’on peut être ingrats, nous
les enfants. Combien d’années écoulées
sans que j’aille la voir un petit bouquet à la main pour la remercier de tout l’amour qu’elle nous
prodigua ? Non,
fier comme un gendarme se pavanant sur sa moto rutilante et avec cette
créature trop maquillée au goût de l’octogénaire, j’arrivais à l’improviste! Je dois préciser que l’usage du « Tu », chez les Fronville,
était plutôt rare…
Oui,
il m’arrivait parfois de balader mon chien dans ces lieux où
s’étendaient les champs de blé à perte
de vue…, qu’au loin des rangées de peupliers semblaient vouloir délimiter. Gentils souvenirs aussi, ces dimanches après-midis suite aux Vêpres où Monsieur le Curé - comme s’adressaient avec respect les
villageois d’alors -, conduisait les enfants sages en remontant d’abord la
vieille chaussée romaine jusqu’aux chemins de terre pour nous plonger avec délice
dans cette immense mer de blés d’or vibrante
sous le vent. Près des meules de foin nous jouions à cache-cache en taquinant Bobette, la seule fillette qui osait nous accompagner.
En souvenir du Curé de
campagne, j’écrirai au début des années
quatre-vingt-dix une chanson sur une petite île déserte des Caraïbes ; et, dans la même volée, une autre juste après : « le Paumé aventurier ». Car il fallait l’être pour imaginer une
telle complainte, sur une plage où j’avais décidé de passer la journée pour
récupérer un chien abandonné. En effet,
à bord du Spirit of Sindbad au mouillage la veille, à l’abri du vent pour
passer la nuit, en scrutant la mangrove aux
jumelles, mon regard fut attiré par une petite croix plantée dans
le sable. Mon tempérament curieux évidemment m’y
conduira voir pourquoi. Sur ce symbole
était planté un petit écriteau en
anglais demandant aux navigateurs de passage de donner à boire et à
manger au « lonely dog ».
Effectivement, on pouvait
apercevoir tout autour des traces de pattes de chien. Le lendemain matin, je demanderai à Jean-Lou,
le marin, de me laisser sur l’île. Pas
question de lever l’ancre sans avoir essayé d’attraper cet animal. Avait-il
survécu à un naufrage ou simplement sauté par-dessus bord d’un
bateau ? En tous cas, quelqu’un de bien intentionné avait mis cette
pancarte. Mais pourquoi n’avait-il pas ramené le chien ? Je le comprendrai plus tard. À moi de jouer pour la suite. Je ne
devais surtout pas compter sur l’aide du
skipper qui détestait les clebs domestiques devenus totalement dépendants des
hommes, « - alors qu’il y a tant
d’enfants qui meurent de faim », disait-il.
Pour passer le temps, peut-être toute la
journée à guetter le quadrupède, la
guitare serait une bonne compagne. En
quelques accords, à l’ombre de la mangrove, sur cette plage des Caraïbes, cette chanson est née.
(Hélas,
impossible de récupérer le chien !
Revenu au bateau à la nage, laissant la guitare sur la plage, je viendrai plus tard la chercher avec le
Zodiac. Aux jumelles, du bateau, j’ai pu apercevoir le chien venu renifler et
lever la patte sur l’instrument à cordes.
C’était un Dalmatien - mâle, vous l’aurez deviné ! - qui ne voulait plus approcher les humains ou
le bateau, et / ou, plus sûrement, cette
association des deux.)
Le Curé du village
J’ai beau avoir passé
l’âge Je me souviendrai toujours
Du bon curé de
village qui nous sortait du bourg
C’était après les
vêpres le dimanche bien sages
Sérieux tout en prière,
on aurait dit des anges
Pourtant un peu
gaillards quand il était en retard
On se partageait
l’hostie derrière la sacristie
C’était le corps du Bon
Dieu qui avait-il de mieux ?
Le bon curé de
campagne nous emmenait au loin
Jusqu’au pied de la
montagne le plus petit par la main
Il parlait du Bon
Dieu de Jésus, de Marie
Perplexes mais bien
curieux de celle qui fut bénie
Car nous un peu
canailles on se cachait dans la paille
On taquinait les
filles avec des brins d’orties
Nous étions des
enfants encore bien innocents
En bicyclette
parfois derrière le pèlerin
Pédalant à tout va à travers les chemins
Quand on voyait une
croix exprimant notre foi
On se mettait genoux à
terre on récitait le Pater
Mais nous les
polissons qui parlions au Bon Dieu
On dégonflait les
pneus de l’homme de religion
Et puis en
confession c’était la punition
Bien des années plus
tard je suis retourné voir
Toujours les mêmes
vieux mais un peu moins de Bon Dieu
Les enfants sont
partis sans le moindre sursis
Vers les banques, les
usines… ils sont partis à la ville
L’école abandonnée l’église dépenaillée
C’était la
décision des agglomérations
Toutes les portes
fermées je dérangeais l’émission
Et puis encore plus
tard je passai par hasard
Dans le petit
village et quel heureux présage
Comme le cycle des
saisons les petites habitations
Hébergèrent de
nouveau de tout- petits poupons
Des enfants dans les
cours on ressentait l’amour
Je crois que le Bon
Dieu est revenu un peu
Il ne manque que le
curé pour les emmener au blé
Il y a encore au
monde beaucoup de petits villages
Où des petits vieux
attendent fidèles à cette image
Du bon curé de
campagne nous emmenant au loin
Jusqu’au pied de la
montagne le plus petit par la main.
Le plus petit par la
main.
Cette
escale, plus longue que prévue, offrait
l’occasion à Jean-Lou d’aller plonger pour
faire la réserve de poissons. Il refit surface avec deux langoustes et un mérou, mais
complètement sonné, en vociférant de rage contre des crapules qui
pêchaient à l’explosif. Hélas, ce
citadin qui m’imprégnait encore, n’aura pas le loisir de déguster ces mets de
luxe! (Moins de quarante-huit heures
avant, je clôturais mes affaires à Paris,
quand Jean-Lou me téléphona du bateau pour nous fixer rendez-vous à Nassau, capitale
des Bahamas dans les Caraïbes). Je
savais qu’il voguait quelque part aux Antilles et ne m’avait laissé aucune
nouvelle depuis plus de trois mois. La
camionnette bondée de mes effets
personnels, je faisais mes adieux au
pavillon à Le Peck, ma résidence depuis plus d’un an, pour rejoindre Bruxelles. La dernière chose qui me restait à faire, c’était de
débrancher le téléphone pour le rendre à
la régie, quand l’appareil se mit juste
à sonner. Jean-Lou n’avait que ce
numéro d’appel pour me joindre. Et miracle,
c’était lui …oh, certainement pas
pour me demander de le rejoindre ! Le cyclone Hugo qui s’abattit sur les
Antilles en 1988 fut l’occasion pour lui de transformer une fuite en une belle
croisière avec Céline, son nouvel amour.
L’argent devait commencer à lui manquer.
Je lui
répondis : « - Ne t’inquiète
pas, j’arrive ! »
Pas certain que cela lui fit tellement plaisir. Le lendemain, je m’envolais pour Nassau.
Un voilier, battant pavillon allemand, avait jeté l’ancre près du Spirit of Sindbad. Le couple accepta, avec un air un peu
dubitatif, le troc que Jean-Lou proposait : sa précieuse pêche
contre quatre cannettes de bière fraîche,
une boite de saucisses de Francfort et un peu de moutarde. Effaré, que
pouvais-je dire, c’était sa pêche ? La joie pour le Suisse qui déglutit
ces merguez teutonnes qu’il enrobait de moutarde, me faisait penser à Marcel
Proust et cette madeleine trempée dans
sa tasse de thé qui lui rappelait ce moment de délectation dans sa jeunesse.
Oui, comme énoncé dans la chanson « Le Curé de campagne »,
ce petit village de Corroy-le-Grand
avait repris vie, après les deux vagues de désertion de ses jeunes
habitants actifs. La première remontait
à la fin du 19ième Siècle, quand, le cœur léger, ils s’exilaient vers les
Amériques ; l’autre après la
Deuxième Guerre Mondiale et l’essor de l’urbanisation des grandes
villes. Il faut aussi tenir compte des disparus, victimes des deux grands conflits meurtriers qui ont
ébranlé l’Europe… Et, à retrouver les nombreuses douilles de cartouches qui
jonchaient les bois tout autour en 1948-1950, nous les enfants pouvions
imaginer ces combats meurtriers. Cette bourgade pittoresque aura vite suscité
l’engouement des nouveaux résidents que provoqua l’édification fin des années
soixante de la cité universitaire de Louvain-la-Neuve à proximité, créée pour
des raisons linguistiques, où les cours se donneront en français, contrairement
à Louvain- « l’ancienne », culturellement flamande convaincue.
La modeste petite école primaire, autrefois composée d’une classe pour les
filles et une pour les garçons, et chacune disposant de sa cour de
récréation - Occasionnellement, en
convalescence, mes parents me confiant à marraine Esther vers l’âge de six ou
sept ans, je fus l’un de ses écoliers,
assis dans la rangée des bancs de
première et deuxième année. Les plus
grands des quatre années supérieures, sous le regard bienveillant de
l’instituteur, également le
maire du village, m’aidaient quelquefois pour suivre le programme
parfois différent de celui de Sint Eduardus Basisschool à Schoten*, en première
année primaire, et ensuite de ma
deuxième au collège Saint-Pierre à Bruxelles-Uccle.
– Encadrée par une équipe de jeunes
enseignantes enthousiastes, cette petite
école s’était complètement dynamisée, agrandie à l’arrière avec de nombreuses
classes, une grande cour de détente commune aux filles et garçons, pour
accueillir quelques centaines d’enfants de trois à douze ans. Par un bel après-midi de printemps, avec la
guitare, j’étais venu présenter cette chanson au moment de la récréation. Hélas, ni les gosses, ni les adultes ne
pouvaient vraiment comprendre ma
démarche sans doute un peu maladroite
suscitée par l’émotion: rappeler l’histoire de ce village, de sa petite école et de son curé de
campagne des années cinquante!
* Sint Eduardus Basisschool? Mon père fut engagé
comme dessinateur et concepteur de meubles
à l’usine Bruynzeel implantée près d’Anvers et donc nous quittâmes Ixelles pour résider à Schoten. Jean-Marie et Jean-Luc, mes frères jumeaux,
y naîtront le 27 janvier1950.
Cependant, le paternel ayant créé
« Tricork », brevet pour la fabrication de portes en lamellé de
liège, nous viendrons, quelques six
mois plus tard, après leur naissance, nous installer à Uccle dans une grande demeure, véritable castel, au 205,
avenue Winston Churchill. Claudine, qui
alors n’a que trois ans, lors d’une visite d’une tante ira toute seule dans la
pièce à côté où dormaient les bébés
jumeaux de six mois et reviendra avec
eux en les serrant par le cou dans ses
bras contre sa poitrine. Elle était toute fière de montrer ses petits frères.
Nos parents se précipiteront en riant pour les libérer. Ils avaient déjà le visage convulsé tout
rouge. À cinq
minutes à pied du Bois de la Cambre, c’était l’idéal pour les promenades
en landau du petit Paul qui naquit le 18 juillet 1951.
Fallait-il revenir méditer ici, sur ce
chemin de campagne, après quatre décennies
pour que me vienne cette illumination, cet état de conscience
transcendant pour trouver une réponse …vouloir comprendre pourquoi
tout ce mal que provoquent les hommes ?
(Sur une
musique de Jean-Marie Dorval) :
Le Mal ou le Bien
C’est une vieille histoire : le
Mal ou le Bien
Troisième millénaire et toujours ce
refrain
Des hommes sur des routes qui ne
mènent à rien
Parce qu’ils ont des doutes : est-ce
mal ou bien ?
Combien de ruptures, complices du
Malin
Croyant être pures ont fait pire que
bien
Est-ce bien ou mal, question de
maintien
Ou réponse fatale qui fait mal aux
seins
Là-bas pas très loin, ils quittent
leurs biens
Envahis de haine, alourdit leur peine
Que répondre à ça ? Plus en plus
de soldats
Défilent dans ce bal. Font-ils bien
ou mal ?
Armée qui fait mal, armée qui fait
bien
On choisit son camp ou on fait
semblant
Est-ce plus mal encore ? Question
de faire bien
Toute façon les morts ne nous diront
rien
Je n’y étais pourtant pas encore (dans
l’au-delà) pour cette révélation:
« L’Ennemi
c’est ma Puissance, l’Amitié ma Récompense »
La chanson qui suit, fut composée en Automne 2013, suite à la
noyade de près de quatre cents migrants,
à quelques brasses de l’île de Lampedusa et de la
Sicile. Sur le moment même,
cela souleva évidemment une grande vague d’indignation en Europe. Cependant, pour reprendre les mots de cette insulaire
de l’île de Lampedusa, Simone D’ippolito, témoin du drame :
-
Rapidement,
tout le monde a semblé passer à autre chose,
-
"comme
une bougie qui s'éteint"
Cela m'a encore plus convaincue que, s'il n'y
a pas d'enjeu économique, rien ne bouge. La tragédie de ces jours-ci n'est
sûrement pas la dernière.
Je confirme à ma
manière:
«La coupe a débordé à
Lampedusa !»
Méditerranée ! Méditerranée !
La coupe a débordé à Lampedusa
Est-ce le prélude ou que sonne le glas
À propos du débat entre le Nord le Sud?
Théâtre de conflits depuis tant
d’années
Méditerranée ! Méditerranée !
Méditerranée ! Mère de nos cultures
Autrefois si dure envers la négritude
Sur les côtes du Nord des yachts de
milliardaires
S’ennuient dans les ports peu de monde à bord
Sur les côtés du Sud des esquifs en
bois rude
S’entassent familles entières rêvant d’un mieux être
Bateaux de fortune combien de naufrages
Avant de faire la une et puis qu’on
tourne la page
Méditerranée ! Méditerranée !
La coupe a débordé à Lampedusa
Ils se veulent libres
vivre dans l’Union
Où tous les hommes ici semblent égaux
On aura beau faire Schengen et
frontières
Vivants ou même morts ils passeront encore !
Méditerranée ! Méditerranée !
Comment voulez-vous que notre
indifférence
Puisse résister à cette évidence
À Lampedusa À Lampedusa
Comme annoncé, après avoir écrit « Le
Curé de village », sur cet îlot désert, espérant récupérer le dalmatien, voici le « Paumé aventurier », qui reflète assez bien mes mésaventures.
Le Paumé aventurier
Je suis un paumé,
j’ai quitté Paris
Et je suis parti oubliant mes souliers
J’ai très vite
compris que je suis un paumé…un paumé
Car figurez-vous
que mes pieds trop mous
N’ont pas résisté
au premier petit trou
Je suis un paumé,
pas un aventurier. Moi
l’aventurier !
Je suis un paumé,
pas un aventurier
On me l’avait
bien dit de ne pas quitter Paris
Et moi le
bourgeois, d’un timide pas
J’ai emmené ma croix
sur le dos de ma foi
En cherchant le
bonheur, j’étais tout en sueur. Moi
l’aventurier !
Oubliant
l’estomac, plus de problème de foie.
Mais au premier
Carrefour, je craquai pour des p’tits
fours.
Moi
l’aventurier. Moi l’aventurier !
Je suis un gourmand,
pas un aventurier
On me l’avait
bien dit de ne pas quitter Paris
De belles phrases
à l’envers, me prenant pour Voltaire
Et c’est en
globe-trotter que je fis le tour de la terre
Je n’ai pas eu
très peur : la « Diners » près du cœur. Moi l’aventurier !
J’ai voulu faire
du stop, mais pour lever la main
Il y avait tout
qui se bloque. J’ai pris le premier
train,
Aidé par un
porteur. J’avais comme des raideurs. Moi
l’aventurier !
Je suis trop
bloqué pour être aventurier
On me l’avait
bien dit de ne pas quitter Paris
Rejetant la
Société, prônant la Vérité,
Mais c’est mon
contrôleur qui me faisait très peur.
Et pour fuir les
impôts, j’étais Marco Polo. Moi l’aventurier !
Mon peu d’argent
au « noir », et mon air de paumé
Ont dû
s’apercevoir par des anciens bagnards
Je me suis bien
fait avoir par ces aventuriers. Moi l’aventurier !
Je suis un
fauché, pas un aventurier.
On me l’avait
bien dit de ne pas quitter Paris.
Et quand enfin
plus rien, n’ayant plus de moyens ;
Que j’ai dû
chercher simplement à manger,
Il a fallu que
j’aille chercher du travail. Aïe aïe
aïe !
Et soudain mon
cerveau a repris sa fonction.
Je n’ai plus eu
besoin de tous ces grands malins.(ces aventuriers)
Pour mener ma vie
d’homme, il ne fallait que moi,
Sans d’autres personnes. Moi l’aventurier.
La guitare ou
banjo, la manche dans les bistrots
Et je rêve ici de
revoir Paris. Moi l’aventurier.
Je voulais m’évader vers de nouveaux
horizons. Les circonstances m’y avaient
un peu forcé. D’abord le Fisc et la TVA
qui me réclament un milliard sept cents millions de francs belges – Nous y reviendrons pour donner les
détails de cette démesure absurde - … je tourne le dos à la boutique…Oh non,
pas à cause du fisc ! Mes avocats, me semble-t-il, auraient démonté les calculs fantaisistes de ces
redresseurs zélés en quête de sensation pour gravir les échelons de leur
hiérarchie - La Belgique n’est-elle
pas une démocratie où on peut encore plaider sa cause devant les Tribunaux( ?) - mais ce jeune quadragénaire,
bourgeois, commerçant que j’étais, avait brusquement envisagé une toute autre
existence. Cette incursion fut une aubaine, une bonne excuse de plus pour
de nouvelles orientations. Je me
sentais appelé pour une autre mission.
Jean-Philippe de Vogelaere, journaliste du quotidien le
Soir, avait titré un article de près
d’une demi-page « Le Fisc m’a fait
chanter », suite à une de mes boutades lancées au moment où il
m’interviewa, moi, cet ancien restaurateur devenu chanteur peu après ce
redressement du Ministère des Finances.
Auparavant, il m’avait remarqué,
hurlant et distribuant des CD audio, ayant pour titre « L’Amour
vache », dans une ferme à
Corroy-le-Grand, (oui, encore ce village !), pour manifester contre le massacre systématique de
ces bovidés et consoler cette famille de fermiers qui pleuraient
impuissants, voyant leurs jeunes
veaux de trois jours poussés dans des bétaillères pour être incinérés. En
observant la délégation d’exécuteurs de ces
impitoyables normes européennes, tels des zombies : juge, procureur,
vétérinaire et policiers, je revoyais la
scène du film « L’Adieu aux armes » du roman
d’Ernest Hemingway, où un tribunal
militaire envoyait au poteau d’exécution, sans discernement, le moindre suspect qui pouvait passer pour un
déserteur. Rock Hudson jouait le rôle du condamné, qui réussit à s’enfuir ; ce qui ne sera pas le cas de ces vaches.
L’Amour
Vache
Après la
parabole des vaches grasses et puis
maigres
Il y en a
d’autres plus folles devenues boucs émissaires
Qui
donnent un goût de vinaigre au vin parlementaire
Amour –
amour – amour !
Chacun
son parapluie pour le sort de ces vaches
On parle
d’Europe unie, mais là ça se relâche
J’appelle
les nostalgiques des cowboys d’Amérique
Amour –
amour – amour !
J’ai
comme un léger flash : il faudrait conduire ces vaches
Vers
l’Est jusqu’en Asie plutôt que les brûler
Pour
cultiver le riz en Inde elles sont sacrées
Amour –
amour – amour !
Si
mauvaises pour le grill qu’elles aient
droit à l’exil
N’oublie
pas que l’une d’elles contribue à la joie
Dans la
Crèche à Noël auprès de l’Enfant Roi
Avec ou
sans lasso un petit rien d’aventure
Vous
reviendrez plus purs l’esprit moins mercantile
Ce ne
sont pas que des mots qui sortent d’un évangile
Amour – amour
– amour !
Après la
parabole des vaches grasses et puis maigres
Les
seules que je crois folles sont les histoires des hommes
Mais même
à ceux trop pègres les vaches leur pardonnent
Amour - amour
Les
vaches leur pardonnent
Ensuite, devenu
« Instincto », je ne me
nourris plus de la manière classique, ne
cuisant plus mes aliments (les
explications viendront ultérieurement) …Suite à ces changements, notre couple, malgré nos deux enfants,
chavire après vingt ans. Mon épouse
décide de vivre avec son thérapeute. Ah,
ce cher Michel V., amoureux des beaux yeux d’Hélène, plein de zèle qui passera quelques soirées
chez nous pour m’aider à matérialiser un appareil que j’avais imaginé, un genre
de compteur Geyser sous forme de montre bracelet. Je le baptiserai « Phosomètre ». Ce gadget devait informer son porteur - bien
sûr de l’intensité du rayonnement solaire qui, on le sait, peut être dangereux,
et là ça n’apporterait rien d’innovant –
mais surtout que s’il vivait et travaillait habituellement dans des lieux privés
de soleil, il ou elle pouvait, grâce à
cet objet, prendre conscience de son
manque et y remédier au bénéfice
de sa propre santé.
Ce Phosomètre fut réalisé en 1987, mais
c’est sous l’insistance d’Hélène (qui depuis lors, vit avec ce génial partenaire), que j’irai présenter enfin cette invention au
19ième Salon des Inventions et Techniques nouvelles de Genève en
avril 1991. Surprise : le jury
m’octroie une médaille de bronze. France
Info commentera toute la journée cette montre.
Comme convenu, ma part de travail accomplie, ayant pris à Genève les
contacts pour que cette invention puisse
intéresser des fabricants et distributeurs,
je laisse le soin à Hélène, la femme d’affaires, et Michel, le
médecin, de poursuivre les investigations pour
concrétiser notre projet. Ils étaient
mieux armés que moi pour les éventuelles transactions que cela allait
susciter. Je ne suis plus un homme
d’affaires, mais un artiste avec sa guitare, son bateau sur lequel Jean-Louis le skipper m’attend impatiemment en Guadeloupe pour le grand départ.
Et de toute façon, d’après moi, rien n’est mieux qu’une chanson pour
pénétrer l’inconscient collectif. Sur
des jolies notes, je pense qu’on retiendra mieux les quatre
bienfaits du soleil :
pour la peau, le sang, les os, le système nerveux et qui déclenche la bonne humeur.
Avec un ami reporter:
- Comment
t’est venue cette idée ?
-
Je cherchais à comprendre les
différentes causes des maladies et, plus particulièrement, celle de ma
femme. L’oncologue n’avait pas été très
enthousiaste en examinant le dossier clinique de mon épouse. Septicémie
aggravée qui risquait de tourner en leucémie et alors deux à trois ans
d’espoir de vie. « Trouver la
cause », disait Hippocrate. Le manque d’exposition au rayonnement solaire
en était une aussi.
-
Est-ce aussi une des raisons radicales
de ton nouveau régime alimentaire ?
- Certes
et pour moi, le restaurateur, qui ne
mangeais plus du tout de plats cuisinés, même si mon corps s’en
portait mieux, les rapports avec mon épouse n’ont fait que se détériorer. Un couple, ça peut être une prison
psychologique pour l’un des conjoints.
Ce médecin amoureux était sûrement ce qu’il y avait de mieux pour elle. Je n’étais plus ce jeune homme ambitieux qui l’avait épousée vingt ans
plus tôt, mais un guitariste avec des
chansons plein la tête. Plus du tout
l’âme d’un commerçant, ce qui la rendait d’autant plus inquiète.
Un exemple :
cette chanson qui aurait pu accompagner
le Phosomètre. Pour
France Info elle aurait été la meilleure réponse à leur interview, mais je ne
l’avais pas encore composée.
Soleil où es-tu ? Soleil que fais-tu ?
Toute la nuit, les pas de l’ennui
Cadencent le cri des amants déchus
Les yeux un peu flous cherchent dans le vague
La dernière drague.
Soleil reviens-nous !
Soleil où es-tu ? J’ai perdu ta trace et ma peau se lasse
Soleil que fais-tu ? Que grand bien me fasse de revoir ta face
Soleil où es-tu ? Soleil que fais-tu ?
Les taxis s’effacent, leur dernier office
Et cèdent la place aux tramways complices
Déjà dans la ville les bruits se faufilent
Des premiers chantiers on entend chanter :
Soleil où es-tu ? J’ai les os tout froids, chauffe
mon émoi
Soleil que fais-tu ? Ta lumière en moi c’est mieux
que mon toit !
Soleil où es-tu ?
Quand tu n’es pas aux cieux,
Je me sens nerveux.
Soleil que fais-tu ?
Tes rayons gracieux
ça me rend heureux !
Soleil où es-tu ? Soleil que fais-tu ?
Sans ton puissant feu, plus le moindre jeu
Le stress et l’angoisse, ce serait l’impasse
Si tu te prélasses, oubliant le jour
Alors de guerre lasse, s’éteindrait l’amour.
Soleil où es-tu ? Comble mon bonheur, fais rire
mon cœur.
Soleil que fais-tu ? Donne l’énergie, donne-moi la vie.
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L’Intercalaire
du Docteur Michel Vandevelde
Invention de Monsieur
Georges Salles Froès, chercheur passionné par la santé et par le milieu naturel
dans ses interactions avec l’être humain, que ce soit au point de vue nutrition
ou au point de vue des éléments physiques qui l’entourent, le phosomètre est un appareil simple qui vise à permettre
le dosage de l’énergie lumineuse reçue.
Avant tout à la
recherche de ce qui peut améliorer le bien-être des individus, Mr Salles Froès
a conçu un outil de faible encombrement (bracelet montre) qui permet de programmer son apport lumineux
journalier, mensuel ou annuel.
Cet appareil donne à
son utilisateur les informations suivantes :
- Quantité de rayonnement solaire
reçu à ce jour depuis le port au poignet de la montre PHOSOMÈTRE ;
- Quantité de rayonnement solaire
reçu de manière instantanée ;
- Alarme de surexposition ou de
sous-exposition pour une période concernée programmable en fonction des
caractéristiques de chacun ;
- Alarme de surdosage
instantané ;
- L’heure. C’est aussi une montre !!!
Ainsi, l’utilisateur
de la montre PHOSOMÈTRE peut connaître un des paramètres les plus importants de
l’action de l’environnement sur son corps, tant de manière positive que
négative.
Cet appareil présente
une version « grand public » et une version professionnelle pour les
thérapeutes, utilisateurs de lumière.
L’appareil
professionnel donne les totaux lumineux pour des lumières différentes de celles
du soleil, grâce à l’usage de filtres appropriés.
Il permet ainsi de
mesurer les doses reçues sur une période de traitement ainsi que les puissances
crêtes pendant le traitement par exemple
pour des lasers infrarouges, proches et lointains ; pour des thérapies à l’hell orange, ou aux
ultra-violets.
Les deux appareils sont fournis
avec notice permettant une utilisation selon vos caractéristiques personnelles
et techniques.
Grâce à la mise au point de cet outil, la lumière peut être enfin
utilisée de manière rationnelle et non dangereuse.
La vie s’est développée sur terre au soleil. La
dépendance des organismes vivants, à l’égard de cet astre, est complète
et complexe.
Dispensateur d’énergie sous différentes formes - éternel comparé à nos courtes durées
d’existence -, il est le facteur initial de nos sources naturelles
d’énergie ; qu’il s’agisse de l’énergie fossile (charbon,
pétrole) ; marée motrice (grâce à
la conjonction des forces gravitationnelles) ; hydro-électrique cycles évaporation/ précipitation) ;
alimentaire (photosynthèse) ;
thermique (chaleur naturelle des
sols) ; etc.
L’être humain est issu de cette longue évolution énergétique et
cosmique. Ses rythmes internes, son
organisation spatio-temporelle dépendent intimement de cette étoile protectrice
et tutélaire.
II utilise la réflexion sélective des photons de sa lumière complexe
pour voir les couleurs, les formes ; et pour informer son cerveau des
périodes nécessaires au repos de son corps.
Les lumières non visibles de l’infrarouge servent à sa peau pour
emmagasiner une chaleur qu’il n’est dès
lors plus obligé de fournir (sans soleil, la température au sol serait de -
250°) et
celles de l’ultra-violet tuent les microbes présents à la surface de sa
peau et initient la formation de vitamines D, nécessaires à la cohésion de ses
os.
Des alchimistes aux plus grands savants, chacun a compris l’importance
de la lumière pour nos organes vitaux.
Les premiers, à la recherche de la pierre philosophale, ont fabriqué des
liqueurs d’or et de citron afin de donner du soleil en potion ;
les seconds ont démontré l’action bactéricide de cette lumière. En 1903, le Docteur Finsen montrait son
action sur la tuberculose et obtenait le Prix Nobel de Médecine.
Bien sûr, une si grande force,
une si grande énergie ne saurait être utilisée sans discernement.
Chronobiologie – chronopathologie
Prendre un médicament
à midi, n’équivaut pas à le prendre à 16 heures. Peu d’études nous permettent, à ce jour, de prescrire de manière convenable les
médicaments.
Ce phénomène est lié à
nos biorythmes, nos horloges internes, synchronisées depuis notre conception
sur les rythmes saisonniers, les rythmes jour-nuit, sur les périodes lunaires,
etc.
Nous sommes donc
adaptés au milieu qui nous entoure suivant une périodicité qui nous intègre au
cosmos dans son entier, qui est cependant spécifique de notre
environnement propre.
Des phénomènes
bio-périodiques sont connus de chacun.
Mais sont-ils compris comme tels ?
Par exemple le rythme cardiaque, le rythme
respiratoire, l’alternance veille / sommeil,
les cycles menstruels, etc.
D’autres commencent à
être mieux connus : baisse ou regain d’activité périodique, chute saisonnière des cheveux, ou encore tous
les domaines de la chrono- psychiatrie.
Ainsi Mesdames,
souvenez-vous que c’est pendant le repos nocturne que les cellules de votre
peau se divisent pour régénérer votre épiderme, et que, d’avantage qu’aux
crèmes de beauté, de bonnes périodes de repos maintiendront la jeunesse de
votre peau.
Les synchronisateurs
de l’environnement vont contribuer à équilibrer nos horloges individuelles.
Pour l’être humain, ce
sont les alternances lumière / obscurité,
chaleur / froid, bruit / silence qui synchroniseront nos
productions hormonales et nos rythmes psychiques.
Vous avez besoin d’un
certain nombre d’heures de rayonnement solaire par jour.
Les rythmes
circannuels centrés sur les saisons et sur l’inclinaison des rayons solaires,
par rapport à la surface terrestre, sont
importants en chrono-pathologie.
Ainsi le maximum de
mortalités, par accident vasculaire, se
retrouve en février ; le maximum de
suicides, en juin ; les ulcères
gastriques et les dépressions nerveuses ont des caractères saisonniers
(printemps et automne).
Des thérapies par la
lumière, resynchronisant ces malades, se sont montrées efficaces en milieu
hospitalier.
Vous avez besoin d’un
certain nombre d’heures de rayonnement solaire par an et les rythmes circadiens des personnes déprimées
ressemblent fort à ceux des sujets sains, coupés de leur environnement
spatio-temporel.
Concevons donc la
dépression comme une rupture chrono-biologique avec l’environnement ; et,
traitons cet état si fréquent par des doses de soleil plus vives et plus
rythmées que pour l’individu sain.
Les rythmes
circannuels des personnes souffrant d’ulcère gastrique, d’affection asthmatique
et d’infections récidivantes semblent perdurer.
Nous prescrirons donc
à ces patients des périodes de soleil et de repos, centrées sur les alternances saisonnières et,
outre le repos approprié, les doses de rayonnement solaire ont un effet
bénéfique indiscutable.
Le soleil et la
lumière sont nécessaires à la vie comme l’air et l’eau.
La photosynthèse
permet notre alimentation et est à l’origine de nos énergies fossiles.
La synthèse de la
vitamine D par notre organisme et notre vision exige la présence de ses
photons.
Son action bactéricide
nettoie et protège notre peau et notre environnement.
Ses rythmes permettent
à nos horloges internes de se synchroniser sur l’univers ; et aux cycles de nos cellules, de
s’établir, afin que chaque organe de
notre corps se régénère et fonctionne normalement.
Privé de cet
environnement naturel, ou perturbé dans ses rythmes, l’individu tombe malade
(dépression, asthénie, ulcère, rachitisme, etc.)
« L’excès en tout
nuit ». Le bon usage du soleil
demandait son dosage et, partant, la recherche de ses conditions d’application
optimale. Grâce au PHOSOMÈTRE, ceci devient
possible.
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Comme toute médaille a son revers
Ce Phosomètre, promu normalement à un
bel avenir, - suite à la médaille de bronze qui permit différents contacts très positifs… entre
autres avec le Docteur Jean D'Onetti
qui, me remettant sa carte de directeur de Texas Instrument à Biot, me
proposa de lui rendre visite à Sofia-Antipolis
-, se solda par une petite
mallette, abandonnée pendant une année –
poussières comprises. Elle contenait mes
comptes rendus et les adresses récoltées pendant le Salon, (surtout quand cette
médaille fut obtenue !). Ma mission
était terminée et c’était dorénavant,
comme je l’ai dit, Hélène et
Michel qui devaient reprendre le flambeau.
Elle, pour la partie financière et contractuelle, éventuellement, avec d’autres partenaires industriels en vue de lancer ce nouveau produit sur les marchés (je n’ai jamais rencontré de
personnes plus convaincante qu’elle) ; et le médecin, qui était mieux placé que moi pour persuader
ses confrères, les journalistes et,
partant, le grand public. J’avais
déposé cette farde de documents au bas
de la cheminée du bureau de mon ex-épouse avant de repartir vers les horizons
lointains à bord du Spirit of Sindbad. Après la remise de cette médaille, Hélène et le Dr Michel V., devenu son
compagnon depuis plus de deux ans, étaient venus me voir au Salon. Curieusement,
ce dernier ne semblait pas partager, suite à cette petite victoire, la joie d’Hélène et de moi-même. Le brevet de cette montre avait été déposé à
nos trois noms : un tiers pour Hélène (à l’époque – 1987 - nous étions encore unis) pour la gestion et
trouver les crédits nécessaires au développement de ce projet ; un autre
tiers pour le Dr. Michel Vandevelde qui
réalisa, avec l’aide d’un ingénieur électronicien qui sera rétribué, la
maquette du premier prototype, en plus de l’exposé médical ; un tiers pour moi, qui en suis vraiment l’inventeur. Grave erreur de ma part. J’aurais très bien pu déposer ce brevet rien
qu’à mon nom au départ, non pas pour une question d’éventuels bénéfices, mais pour
garder le contrôle afin que cette idée
puisse se développer. Tant que nous
étions ensemble, Hélène et moi, nous représentions la majorité. Comme par la suite, c’est le médecin qui prit
ma place, j’étais devenu minoritaire. Hélas,
cet homme en blanc se montre assez méfiant vis-à-vis de moi, s’attendant à tout instant
qu’Hélène me revienne. Lui s’était lancé
dans la recherche sur le Sida. Ce
phosomètre est le moindre de ses soucis.
L’autre risque était que si cette montre devait conquérir les marchés,
l’ex-mari pouvait redevenir l’homme
d’affaires génial, comme à l’époque où il créait avec succès des restaurants
dont il s’était détourné (ce qui fut une des causes du divorce), et qu’alors Hélène serait revenue vers moi.
Lorsque à l’occasion, et même si par ailleurs ce toubib prenait soin
de sa santé, j’essayais d’ouvrir les yeux
de mon ex-épouse pour qu’elle comprenne le danger qu’il représentait pour le
maintien des entreprises que nous avions créées, et sur lesquelles inévitablement
mon ombre continuait à planer et, de ce fait peut-être même qu’inconsciemment
il serait l’imprécateur pour m’effacer complètement ; alors, elle sortait ses griffes. Les manipulateurs savent comment garder leurs
proies …Moi aussi je fus victime de ce genre d’envoûtement : celle d’un marin toxicomane
qui, c’est le cas de le dire, me mènera en bateau jusqu’à la destruction du
navire et de sa propre vie. Finalement,
quasiment ruiné, j’irai chanter avec la guitare sur les terrasses de
la Côte d’Azur /. ..Et, vous l’avez lu dans le premier couplet du « Paumé aventurier », j’avais bien oublié mes
bottes Santiag en quittant Paris.
« /…J’ai
quitté Paris oubliant mes souliers
J’ai très vite compris que je suis un
paumé… / »
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