Qui suis-je?
Mais d'abord un p'tit gars qui le dit à sa mère à 18 ans par
sa première chanson ; celui qui avait le droit d'aînesse dans une
fratrie de six enfants, bien que second après René; mais ce dernier
(ou ce premier) naquit avant le mariage de nos parents: Georgette Fronville et
Lucio Froès. - Il paraît que c'est comme ça...et maintenant, c'est vraiment le cas : hélas !, René
nous a quitté le 25 novembre 2005 à l'âge de soixante-quatre ans suite à des
fibroses pulmonaires, grand fumeur qui avait pourtant arrêté dix ans auparavant - Quoi tu fumes encore ! Cette
chanson est sur mon blog - ;
et puis ce droit ne devra jamais être invoqué vu que dans notre
famille, il n'y a rien à partager à
part des photos souvenirs et quelques meubles auxquels, nous les
cinq derniers, tous à l'âge de la retraite, les entretenons avec
tendresse en pensant à cette maman et ce papa disparus. Ils se connurent en 1939 à l'Alhambra pour donner un
récital au profit de la Pologne, envahie par l'Allemagne nazie. Elle au piano et lui au violon. Même si ce concert n’avait pas rendu la
liberté aux Polonais, la Méditation de
Thaïs de Massenet avait tout de même contribué à faire en sorte que
nous voilà, nés à Bruxelles (St-Gilles) - René le 20 décembre 1940 et moi, le 6 juin 1942- Je sais,
cette date anniversaire rappelle
le débarquement de Normandie en 44, fameux feu d’artifice…mais je n’ai pu l’entendre, nous étions au Portugal depuis 43. Sa Majesté le Roi Albert aussi vit le jour un
six juin en 1933. Hélas !, nous ne
l’avons pas encore fêté ensemble…mais ça viendra peut-être un jour quand le
public comprendra enfin l’histoire de cet espion précoce que je fus à l’âge de
six mois quand mon père, dessinateur talentueux,
sorti fraîchement de la Faculté de Solboche,
avait dissimulé dans mes langes de bien curieux plans : ceux
de l’usine d’Haarlem qui fabriquait des moteurs d’avion pour le compte de
l’armée allemande. Il eut l’idée de
dessiner l’implantation exacte de ces ateliers réquisitionnés par la
Luftwaffe. Ces croquis détaillés furent
cachés dans mes couche-culotte pendant le voyage en train pour être remis à
des agents secrets de l’Intelligence Service à Lisbonne. Ces hommes de l’ombre viendront plus tard
féliciter leur opportun espion pour lui annoncer que grâce à lui, les usines furent bombardées avec succès sans faire de dégâts aux maisons civiles à proximité, ce qui
ajoutera à son bonheur de retrouver sa
patrie, quittée à l’âge de neuf ans. - Dom Alfredo César Salles, notre grand-père, notable de Santarem, ruiné
suite à un incendie qui ravagea ses terres,
fut engagé en 1929 par la société Macadam en tant que contremaître
pour participer à la construction des routes du littoral en
Belgique. Il emmena évidemment sa
famille et quelques-uns de ses fidèles
ouvriers. Suite à un AVC, il mourut dans
un hospice à Bruxelles en 1939, à l’âge de soixante-trois ans.
Au début des années
quatre-vingts, irrité par les querelles politiques entre les Flamands et les
Wallons au sujet de Bruxelles,
j’avais griffonné:
« Pendant que des Flamands creusaient les mines liégeoises, que des Wallons fouillaient le sol du Congo à
la recherche de minerais précieux, mon
grand-père portugais traçait des routes en Flandre. En tant que Bruxellois, ne me demandez pas de choisir entre la Flandre et la Wallonie,
comme un enfant qui devrait le faire
entre son père et sa mère. Parfois je
tourne les yeux vers le Sud, vers ce Portugal dont je ne parle même plus la
langue ». Ce sera donc dans la
langue de Molière, avec néanmoins cette
lacune de ne pas avoir fait gréco-latine, que j’exprimerai, avec la guitare, mes
états d’âme à la fado de demi-Portugais,
mélangé à du quart auvergnat et flamand de mes origines maternelles (Grand-père
Georges Fronville épousa Reine Minschaert, une Anversoise).
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