Schizomarine
.../... Quand vient le
moment de se quitter vraiment
Chacun se découvrant un
peu trop différent
Prenant l’air rigolo pour
cacher les sanglots
Sur le quai sac au dos on
repart à zéro.
Oui, finale de cette chanson, créée à bord du Spirit of
Sindbad, amarré dans une marina de Miami.
Ce dernier couplet a jailli de ma plume, suite aux réactions de mon
marin que je venais de licencier.
Céline, sa compagne, prise comme une otage qu’il brutalisait s’était enfuie,
et j’avoue, par compassion pour elle, y avoir un peu participé en lui offrant
son billet pour s’envoler rejoindre son père à Marigot, ville dans la partie
française de Saint-Martin aux Antilles. Avec Jean-Louis, véritable geôlier on n’en
menait pas large ; à moitié supportable pour moi, propriétaire du bateau, mais
son amie était traumatisée. Aussi, d’avoir aidé cette pauvre fille à s’évader,
je suppose qu’il devait m’en vouloir. La crise s’était déclenchée lorsque je revins
d’une brocante marine ayant fait l’acquisition d’un petit frigo pour cent
dollars. Il faut savoir qu’à bord, à
part deux ou trois petites glacières portables de camping réfrigérées par des glaçons
qu’il fallait continuellement courir acheter.
C’est vrai qu’au départ, nous avions opté pour une navigation à l’ancienne. Mais ici, sous les Tropiques, et d’avoir une
borne électrique à quai, avec l’intention de rester un certain temps à Miami,
ce n’était pas du luxe ce petit confort ménager.
Avec rage, Il s’était permis de clouer la
porte de ma cabine. « - Ainsi tu n’iras
plus acheter n’importe quoi » ... C’en était trop ! D’un coup de pied décuplé par la colère, j’envoyai
valser la porte... nous nous en étions pris aux mains et je le virai sur le
champ.
Quatre jours plus tard, le voyant rôder sur le quai
autour du bateau, évidemment, j’ai eu la faiblesse de le réengager. Par miséricorde ? Non, surtout de ne pas me sentir capable de
naviguer seul, sans l’aide d’un marin expérimenté, pour lequel, moi le terrien,
j’avais une admiration sans borne en ayant découvert cet homme hors du
commun. Et c’est ainsi qu’on se fait
manipuler sans s’en rendre compte ; et cela pendant une quinzaine d'années. C’est
une très longue histoire, la rencontre de Jean-Louis Buclain, nous y
reviendrons. Un cynique qu’on aurait pu
comparer à Diogène. Un Ecce Homo en quelque sorte. En signant Ben Laden, qu’il avait inscrit sur
la poupe du canot deux années plus tard, avant le fameux onze septembre 2001,
ne nous démontrait-il pas, sans qu’il s’en rendre compte lui-même,
l’emprise que certains hommes peuvent avoir sur d’autres, d’en faire jusqu’à des
terroristes capables des pires actions suicidaires...Ce que nous savons tous depuis un certain temps, mais qui ne nous empêche pas de tomber dans le panneau!
« Ça va barder,
ça va barder »,
Chantait-il en grillant des mergez. Un BBQ un soir sur la plage à Marigot. Une fille jouait du saxo, je l’accompagnais à la guitare, il y avait aussi Lucas et encore deux ou trois autres convives.
Mais au fond, encore aujourd'hui, je ne suis pas sûr qu'il avait tort. La planète n' a jamais atteint un tel niveau de température depuis que les techniques industrielles permettent au monde civilisé de disposer du plus petit frigo ménager jusqu'aux espaces climatisés de plus en plus grand (voir le stade du Qatar pour la prochaine coupe du...qui, in fine, risque vraiment de déborder).
UN CLIC SUR CE LIEN POUR ECOUTER LA CHANSON
Schizomanie
Certains beaux marins croient
nécessaire
De jouer au malin sur des bateaux
charter
Un beau bateau c’est bien mais ce
n’est pas une fin
Pour moi c’est qu’un moyen de s’en
aller plus loin
Jouer les solitaires et croire dans
les étoiles
C’est jouer les contraires, ce n’est
pas bien normal
Il y en a des milliards et chacune un
grand phare
Envoyant le message « Ensemble
les grands voyages »
Au lieu de vous venger du père et de
la mère
Que vous voyiez partout dès que ce
n’est pas vous
Apprenez à aimer tous les gens de la
Terre
Et apprenez-nous à connaître la mer
Les beaux navigateurs dont rêvent les
jeunes filles
Si le bateau c’est mieux que des yeux
dans les yeux
Ne brisez pas leur cœur et laissez les
tranquille
Où emmenez-les vraiment ; donnez-leur
un enfant
Que vous l’appelez Sindbad ou la
nommez Êve
Ne leur mettez pas le poids de
partager vos rêves
Car même fils de marins, ils auront
leur raison
De tracer leur destin avec leurs
illusions
Et pour les terre-à-terre qui ne comprennent
pas la mer
Et qu’un de leurs enfants la regarde trop
souvent
Ce n’est parfois qu’un petit rêve,
mais peut-être sa vie :
Il sent sa vocation, en chacun sa
mission !
Et vous les petits gars, au bout du
monde, là-bas,
Il faudra bien une fois, avant qu’il
ne soit trop tard
De faire un petit détour, parmi ces
longs parcours
Et rejoindre vos vieux et revenir un
peu
Quand enfin de retour que vous serez
près d’eux
Vous y trouverez l’amour des larmes
plein les yeux
Et enfin retrouvée toute votre identité
Vous partirez au loin nous montrant le
chemin
Et quand vient le moment de se quitter
vraiment
Chacun se découvrant un peu trop
différent
Prenant l’air rigolo pour cacher les
sanglots
Sur le quai sac au dos on repart à
zéro.
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