Le Paumé aventurier
Trompette et clarinette : Willy Vandewael
Piano : Rudy Meynaert
Guitare: Roland Kert
Drums: Bob Darch
Arrangements et Basse: Alan Booth
Piano : Rudy Meynaert
Guitare: Roland Kert
Drums: Bob Darch
Arrangements et Basse: Alan Booth
Je suis un paumé, j’ai quitté Paris,
Et je suis parti oubliant mes souliers
J’ai très vite compris que je suis un
paumé…un paumé
Car figurez-vous que mes pieds trop mous
N’ont pas résisté au premier petit trou
Je suis un paumé, pas un aventurier.
Moi l’aventurier!
Je suis
un paumé, pas un aventurier
On me
l’avait bien dit
De ne pas
quitter Paris
Et moi le bourgeois, d’un timide pas
J’ai emmené ma croix sur le dos de ma
foi
En cherchant le bonheur,
J’étais tout en sueur.
Moi l’aventurier!
J’allais bien me nourrir de ciel et
d’amour ;
Oubliant l’estomac, plus de
problème de foie.
Mais au premier Carrefour,
Je craquai pour des p’tits
fours.
Moi l’aventurier !
Je suis
un gourmand, pas un aventurier
On me
l’avait bien dit
De
ne pas quitter Paris
De belles phrases à l’envers, me
prenant pour Voltaire
Et c’est en globe-trotters que je fis
le tour de la terre
Je n’ai pas eu très peur :
La « Diners » près du cœur.
Moi l’aventurier!
J’ai voulu faire du stop, mais
pour lever la main
Il y avait tout qui se bloque. J’ai
pris le premier train,
Aidé par un porteur.
J’avais comme des raideurs.
Moi l’aventurier!
Je suis
trop bloqué pour être aventurier
On me
l’avait bien dit
De ne pas
quitter Paris
Prônant la Vérité, rejetant
la Société,
Mais c’est mon contrôleur qui me
faisait très peur.
Et pour fuir les impôts,
J’étais Marco Polo.
Moi l’aventurier!
Mon peu d’argent au « noir »,
et mon air de paumé
Ont dû s’apercevoir par des anciens
bagnards
Je me suis bien fait avoir par ces
aventuriers.
Moi l’aventurier !
Je suis
un fauché, pas un aventurier.
On me
l’avait bien dit
De ne pas
quitter Paris.
Et quand enfin plus rien, n’ayant plus
de moyens,
Que j’ai dû chercher simplement à
manger,
Il a fallu que j’aille chercher du
travail. Aïe aïe aïe!
Et soudain mon cerveau a repris sa
fonction.
Je n’ai plus eu besoin de tous ces
grands malins.
Pour mener ma vie d’homme, il ne
fallait que moi,
Sans d’autres personnes.
La
guitare ou banjo, la manche dans les bistrots
Et je
rêve ici des filles à Paris
Ici aux Antilles
Moi
l’aventurier.
Bientôt, retour à Paris avec l’espoir de faire la
bonne rencontre.
Il y en eut une, trente ans auparavant.
Peut-être la plus positive de mon bref passage dans le 4ième Arrondissement, à l’époque où je croyais conquérir Paris avec mon resto
PACIFIC FRUIT&MUSIC
8 rue Brantôme (quartier de Beaubourg)
qui ne dura que trois mois,
de août à octobre 1988,
avec cette maxime :
Il y en eut une, trente ans auparavant.
Peut-être la plus positive de mon bref passage dans le 4ième Arrondissement, à l’époque où je croyais conquérir Paris avec mon resto
PACIFIC FRUIT&MUSIC
8 rue Brantôme (quartier de Beaubourg)
qui ne dura que trois mois,
de août à octobre 1988,
avec cette maxime :
« Manger du fruit c’est
génial !
L’Aliment originel engendre la communion des êtres
et contribue à la symbiose de l’Homme et de la Nature ;
Régente de l’action positive »
L’Aliment originel engendre la communion des êtres
et contribue à la symbiose de l’Homme et de la Nature ;
Régente de l’action positive »
Il y a trente ans,
un certain François Cochon.
…/… Il y
a aussi ce François Cochon – oui, vous
avez bien lu, c’est le patronyme d’un jeune homme, l’air d’un étudiant bien
vêtu, pas l’apparence d’un clochard
faisant la manche. Il m’avait
demandé cinq francs à la sortie du RER à
Saint-Germain-en-Laye, la bouche de
métro qui jouxte pratiquement l’enceinte du château où vivait Louis XIV avant de trôner à Versailles. Machinalement, je lui avais glissé une pièce de dix. Surprise, il m’invite à la brasserie juste en face.
- Mais, ça va te coûter plus cher
que cette petite obole!, rétorquais-je en continuant ma route sans trop m’attarder
vers l’endroit où était garée l’auto. (J’évite de circuler avec dans Paris) …et
puis, j’hésite : finalement…ce gars avait peut-être besoin de parler, …et
rien ne m’empêcherait de régler moi-même les consommations.
- D’accord, j’accepte ton invitation.
Nous boirons tous les deux un café … et, comme c'est l'heure du déjeuner, je lui propose de casser la croûte avec moi.
- En moins de cinq minutes, en voiture on peut être chez moi,
à Le Peck, (ville où naquit Jacques Tati).
Je peux faire une omelette.
Son regard s’anime,
il acquiesce, mais me demande de faire un détour à son
appartement. C’est déjà une bonne
chose : ce n’est donc pas un SDF – il n’en avait pas l’air de toute façon
- . Par contre chez lui, dans la
cuisine, c’est le foutoir : une vaisselle de plusieurs jours. Pas difficile d’y deviner le désarroi de ce jeune homme en pleine déprime… sans
travail, malgré son CAP de menuisier-charpentier. On ne s’attarde pas, et nous voilà chez moi. Pendant que je prépare une omelette aux
tomates, il se met à écrire timidement, au coin de la table sur un
petit bout de papier, qu’il me tend ensuite en baissant les yeux. J’y lis : François Cochon. Cette
attitude me rend évidemment perplexe, mais je ne fais aucun commentaire et le
laisse terminer son omelette.
- Puis-je téléphoner ? me
demande-t-il.
- Vas-y,
le téléphone est dans le salon.
J’entends
qu’il appelle dans un hôpital et demande
la chambre d’une certaine Martine X qui
est en maternité. La conversation est plutôt
calme et courtoise. J’en conclus l’inquiétude
d’un futur papa et comprenais mieux le
désordre dans son appartement. Aussi
j’enchaîne :
- Alors, c’est ta femme qui va accoucher ?
- Ce
n’est plus ma femme.
- Comment ? Elle
va accoucher pourtant.
-
Ce n’est pas moi le père. Nous sommes séparés depuis plus de neuf mois.
- Oui, ça peut
arriver…mais alors son nouveau compagnon…il doit être près d’elle en ce
moment ?
- C’était
un jeune de seize ans qui s’est enfui.
- Alors j’imagine que ses parents sont près d’elle ?
- Elle n’a personne.
Elle est orpheline.
- Faudrait
peut-être bien que tu ailles la voir, si
elle est seule, pour la réconforter.
- Pas question, ce n’est plus mon
problème !
- Ah bon ! Du coup je
m’énerve. - Casse-toi, tu ne m’intéresses pas. Et j’ajoute précipitamment en ouvrant la
porte de rue :
- Sois content ! Ce ne sera pas un petit Cochon qui va naître,
mais un petit Jésus. D’ailleurs, rien ne t’empêche d’aller changer ton
nom. Ce n’est pas de ta faute si l’un de
tes ancêtres a fait en sorte qu’on l’appelle ainsi. Je peux imaginer ta souffrance depuis ton
enfance. Les moqueries de tes compagnons
de classe…ensuite à l’armée…et puis au boulot.
Je crois que tu en as bavé. Va
changer ton nom, appelle-toi
« Chevalier » ou « Saint Joseph » puisque t’es charpentier. Casse-toi !
Moins de
cinq minutes après son départ. On sonne
à la porte d’entrée. C’est mon
lascar qui revenait penaud.
- Si tu
m’accompagnes, je veux bien aller la voir.
-
Sans problème, on y va tout de suite.
Je m’arrêterai chez une fleuriste et lui tend
le bouquet.
- Tu lui donneras sans dire que c’est de moi.
Martine,
la future maman est seule dans la chambre,
allongée sur le lit, souriante en nous voyant arriver. Elle ne doit pas avoir beaucoup plus de vingt
ans. L’accouchement est programmé pour le lendemain. Je ne suis resté que quelques minutes,
prétextant un rendez-vous presque oublié, pour qu’ils se retrouvent entre eux.
Trois
mois plus tard, lorsque cet agent de la Mairie m’apporta l’autorisation pour la
musique*, alors que je remettais les clés
à la jeune dame de l’agence immobilière, chargée de la vente du pas-de-porte du
8, rue Brantôme, arrive une silhouette que je crois reconnaître. Un jeune homme souriant, ayant dans ses bras un magnifique bébé. C’est bien lui, tout rayonnant :
François Cochon ! Il avait suivi
mon conseil. L’Administration avait accepté le changement de nom; il
s’était remis en ménage avec
Martine, reconnu l’enfant, et avait
trouvé du boulot. Zut, j’ai oublié de
lui demander son nouveau nom !
Paris venait de m’offrir
le plus beau cadeau d’adieu.
*j'avais attendu trois mois pour obtenir enfin, mais trop tard, l'autorisation de produire en life des musiciens qui fit que le Pacific fruit&music, sans cet attrait n'avait jamais vraiment pu se singulariser et avoir le succès nécessaire, malgré les deux critiques élogieuses du Figaro Magazine, nous situant parmi les meilleurs restos du 4ième et 5ième Arrond. et de compter parmi ses quelques clients fidèles, Madame Catherine Lara, pour que les recettes puissent payer les salaires des neufs collaborateurs... et, vu le loyer exorbitant et trésorerie épuisée, ...vous devinez la suite...
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