Chère
Isabelle Aubret,
Merci,
question bonheur, grâce à votre chaleureuse
petite carte de ce 8 octobre dernier, il
est à son comble. Permettez-moi cette envolée de ma plume encore
une fois vers vous :
Le temps le temps… chantait notre cher
Charles disparu tout récemment – et loin de moi l’idée de la finalité d’un
destin ! – m’incite à vous répondre aussitôt.
Je crois (peut-être naïvement) à ce
principe de battre le fer tant qu’il est chaud …disons surtout, tant que la Star, continuellement sollicitée que vous êtes
toujours, ait à
l’esprit ma propre requête, en priant,
évidemment, pour que vous ne voyez pas ma démarche comme un
harcèlement. Je respecte parfaitement
votre volonté « …/…de décider de
terminer, d’honorer les contrats signés…/… ».
En janvier 1991 Yves
Montand, m’avait également répondu, suite à une chanson glissée dans sa boîte
postale à St Paul, qu’il ne chantait
plus, mais me conseillait de ne jamais
abandonner. « - Vous devez continuer !, me dit-il au téléphone. »
Aussi, fidèle à cette harangue, pardonnez mon obstination. Pour
Yves Montand, c’était quelques jours
avant la guerre du Golfe en Irak. En
plus du titre « Halabjã » (
qui, comme un devoir de mémoire, - les
chansons ont peut-être aussi ce rôle à jouer -, dénonçait l’atrocité de la destruction de
cette ville kurde à l’aide de bombes à gaz moutarde ordonnées par Saddam
Hussein en mars 1988) , s’y
incluait un poème « Il n’y a pas d’ordre pour faire la guerre ». Nous étions tous inquiets à l’idée d’une
troisième guerre mondiale avec l’Ultimatum du 15 janvier 1991 George Bush père, président
américain. (J’ose croire que vous êtes
certainement équipée d’un PC muni de bons écouteurs et pourriez entendre cette chanson en visitant
mon blog « mesparaboles.blogspot.be» à l’article « Arrêtez ça », daté du 5 septembre dernier). Pourquoi ce rappel au 5 septembre ? Simplement parce qu’il était de nouveau
question de bombardements intensifs en Syrie.
J’ai toujours la faiblesse de
croire à la diffusion des idées, grâce à Internet. Encore que pour, soyons pragmatiques, si derrière le titre d’une chanson s’ajoute
la complicité d’une célébrité, vous en
conviendrez que ce serait une énorme économie d’énergie. Mais d’accord : respectons
votre souhait.
Cependant, bien que vous fassiez partie d’un monde qui
m’est complètement fermé, vous me prouvez que derrière ces murailles
indispensables qui protègent la vie privée des personnes connues du spectacle, de temps en temps, une petite brèche de lumière laisse passer sa
lueur d’espoir. C’est sûr, que comme un Brel, j’aurais dû avoir le courage de partir avec
la guitare et frapper aux portes jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent, celles
du milieu de la chanson. En plus, vous passiez par hasard dans le resto
de mon père : le Mouton d’Or après votre tour de chants à l’Ancienne
Belgique ! Pourquoi n’ai-je pas osé
vous dire que déjà à cette époque,
j’écrivais des chansons…pourquoi n’ai-je pas essayé de m’incruster dans
cette troupe – la vôtre – et qu’alors,
j’aurais attendu mon heure, comme
Charles Aznavour avec Edith Piaf ?
Oui, j’avais la conviction de croire en mon talent… ou non, peut-être pas assez, donnant la priorité à développer une chaîne
de restaurants qui m’a effectivement
assuré un confort de vie, digne des
grandes vedettes, jusqu’au jour où la
mère de mes enfants, condamnée, je me suis retrouvé à me poser des question aux
sujets des maux incurables. La bouffe en fut la première responsable…
et qu’alors je refusai de continuer le métier de restaurateur. « Ne plus gagner ma vie au détriment de la vie
des autres », ce qui
devrait être l’idée maîtresse de toutes les institutions humaines, à mon humble avis.
Deux autres événements m’incitèrent
à de nouvelles orientations.
1° à l’instar de Coluche, j’ouvre
un resto du cœur en 86 -87 et, surpris
de reprendre une guitare quasi oubliée,
voilà que je me remets à composer
une chanson pour mes convives pour leur donner du courage « Alleï alleï Bruxelles » - et « Je n’ai que dix-huit ans »
sur un 45 T. vinyle à leur profit ;
2° Vers cette même époque, Stéphanie
de Monaco, trois minutes avant
l’Eurovision qui se passe à Bruxelles,
se fait filmer pour son nouveau
titre « Fleurs du mal »
(inspiration des versets de Baudelaire
qui séjourna dans ce quartier) , par
hasard, juste devant la façade de mon
resto « Le Marenostrum » (en face de ce Mouton d’or où vous m’aviez
invité à vous accompagner jusqu’à l’entrée de l’Ancienne Belgique, un demi-siècle auparavant). Voir mon blog au
4 avril 2018 « Une Princesse dans ma rue »…
Et voilà que la fièvre me reprend
pour écrire des nouvelles chansons. – J’en avais déjà composé quelques unes
vers mes vingt ans, où je grattais la
guitare sur les terrasses du Midi en faisant la manche, question de prolonger mes vacances, mais,
malgré un certain succès, certes restreint, j’abandonnai pour me
consacrer à ouvrir des restos. Cette
fois, vers mes 45 ans, c’est la frénésie
et viennent d’un trait plus d’une centaine de titres dont plus de la moitié
seront enregistrés avec la complicité de quelques amis musiciens pour les
arrangements. Non pas que je fus
remarqué par les professionnels de la
chanson et du spectacle, mais qu’alors
mes moyens financiers me le permettaient tout simplement, me berçant d’illusions. Cependant, en plus de ne pas être un membre de votre
institution d’artistes reconnus, un autre problème aussi fut d’avoir sillonné
les mers du Nord au Sud de 88 à 2005 sur mon cotre, le Spirit of Sindbad, sans
chercher à faire diffuser mes textes et rechercher des interprètes qui auraient
pu les porter pour le bien du public.
Oui, pour le bien du public. Je suis convaincu, comme vous et de nombreux chanteurs que les chansons
restent un excellent remède et ne
jaillissent pas sans raison. C’est un
devoir de les diffuser. À ce jour de mes
soixante-seize années, je commence à en être de plus en plus convaincu.
SVP., Chère Isabelle, sans plus vous déranger par la suite, juste une porte à franchir, mais laquelle ? Vous le savez, moi pas. Donnez-moi le nom de la bonne personne pour
que ces chansons puissent remplir leur rôle.
Merci
Camiers, 16 octobre 2018
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