mardi 5 mai 2020




Des gens qui boivent ?

La pire tare de l’humanité…un gouffre absolu, sans espoir.  Aucun projet possible !  Vous le savez que l’alcool détruit les neurones.   Le cerveau se fragilise… ne sera plus capable de discernement ! 
En 1958, Lucio, notre aïeul,  à la veille de ses quarante ans,  génial dessinateur décorateur  au service d'une   entreprise industrielle de parachèvement du bâtiment ,  eut l’idée d’ouvrir un restaurant. Aux habituels croquis, plans et maquettes destinés au confort de l’habitat, dès lors, par un dernier coup de crayon magique,  grâce à la complaisance de  Mr. Decoster, P-DG   de la manufacture  mécanique de Vilvorde qui lui témoigna de la sorte toute sa sympathie pour sa précieuse  collaboration pendant de nombreuses  années à l'essor de l'usine,    en lui mettant à sa disposition ses  propres ouvriers. D'un vieil immeuble, presque à l'abandon , naîtra - le 21 juillet 1958 -     au 21 Petite rue des Bouchers, en plein centre de Bruxelles, à deux pas de la Grand-Place, une pittoresque auberge qui aurait dû  être baptisée  "La Flambée"*  mais finalement "Le Mouton d'or".     Cette dernière enseigne fut proposée par le Collège des Échevins communaux, en souvenir d’une ancienne hostellerie de la fin du XVIIᵉ siècle, sise à cette adresse.  Ce lieu du bien manger à prix démocratique conquerra le cœur des Bruxellois, surtout grâce à l’accueil de ce patron hors du commun qui débordait de courtoisie, d’humour et d'esprit,  capable de dérider les plus aigris.  Hélas,  cette empathie naturelle, où bonne chère et bon vin coulèrent  à flot, entraîneront progressivement le sympathique Lucio à lever le coude avec ses nouveaux amis clients qui, dès lors, rechercheront bien souvent sa joyeuse compagnie à leur table.  

  Cette douce euphorie d’ivresse sociale, bénéfique lorsqu’elle est occasionnelle pour fêter un événement, une réussite ou même se libérer des quelques contraintes de l’existence qui parfois assaillent, par contre, à l'inverse du trop  souvent,  deviendra  une addiction prenant en otage  ce newrestaurateur emporté par sa passion de contribuer au bien-être et à la joie  de ses amis-clients.  Il en résulte  que de plus en plus aux fermetures du resto en fin de soirée , suite à ces trop nombreux petits verres joviaux alcoolisés,  l’aimable patron se métamorphosera en tyran jaloux.   Hélas, sa collaboratrice la plus proche, son épouse, sera en première ligne!   
  Un an suffira : cette famille heureuse aux six enfants ne sera plus qu’une famille brisée ! 
*Notre mère s’enfuira et récupèrera l’enseigne « la Flambée » pour son propre restaurant, 24 rue Francart à Ixelles, près de la Porte de Namur.

    Non, je précise l’ivresse joviale et sociale n’était pas excusable.  

Un autre exemple :

 Te rappelles tu de comment et pourquoi la perte de mon bateau, toi qui rêves de hisser les voiles et voguer vers le Large où je suis censé t’accompagner.   J’avais manqué - et j’en manque encore, comme tu me l’as reproché ce dimanche midi, de ne pas t’en empêcher à cette addiction de boissons aux degrés multiples - de « couilles », pour ne pas avoir viré mon skipper alcoolique.     Il avait mission de me ramener des Antilles le   Spirit of Sindbad en Europe.  J’avais voulu rejoindre au plus vite la belle Évelyne.  Prudent cette fois en pensant à une Martine d’autrefois, qui m’avait lancé par dépit : « - Qu’est-ce plus important qu’une femme qui t’aime ? » et qui me quitta quand même, vu que j’avais choisi la mer.   Avant mon envol de Saint-Martin, j’engageai un équipier pour me remplacer à bord.  L’Homme amoureux, que j’étais à nouveau et de facto pressé, ne remarqua pas que ce providentiel marin était non pas le partenaire idéal pour Jean-Louis à la barre du cotre, mais au bar de la marina entre joyeux alcolos.
Quelques milliers de miles plus au Sud, en face du Surinam, mon bateau se fera éventrer en pleine nuit par un cargo.   Pourquoi ces deux comparses voguaient ils par-là, alors que le cap prévu était les côtes de Belgique ou de  France ?  J’en ai déduit que sans doute, cuvant leur vin, dormaient ils paisiblement, confiant leur sort au pilote automatique, malheureusement aveugle.  Oui, ce précieux instrument de navigation   ne prévient pas, ce n’est pas un radar.  En plus de l'obscurité  tombante, très soudaine sous les Tropiques, il est très possible que les feux de route n’étaient pas encore allumés et qu’alors ce navire surgissant de la nuit avec son homme à la barre n’avait pas aperçu le Spirit of Sindbad.  

Retiens la leçon, cher neveu par l’alcool :  perte d’une famille et perte d’un bateau !   
L’ivresse entraîne des beaux rêves, mais la réalité est tout autre.
Allume tes feux de route et sois vigilant : plus le moindre verre !  Alors tout te sera possible, car tu en as les capacités.   Je te promets.

Tonton Geo

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