Des gens qui boivent ?
La pire tare de l’humanité…un gouffre absolu, sans
espoir. Aucun projet possible ! Tu le sais que l’alcool détruit les neurones. Le cerveau
se fragilise… ne sera plus capable de discernement !
Lucio, ton grand-père,
génial dessinateur-décorateur, à la veille de ses quarante ans, eut l’idée
d’ouvrir un restaurant. Aux habituels croquis, plans et maquettes destinés au
confort de l’habitat, dès lors excella-t-il par un dernier coup de crayon
magique pour la réalisation, au 21 Petite rue des Bouchers, en plein centre de
Bruxelles, à deux pas de la Grand-Place, d’une pittoresque auberge, baptisée « Au
Mouton d’or », plutôt que « La Flambée* », prévue au départ. Cette enseigne fut proposée par le Collège des
Échevins communaux, en souvenir d’une ancienne hostellerie de la fin du XVIIᵉ siècle,
sise au même endroit. Ce lieu du bien
manger à prix démocratique conquerra le cœur des Bruxellois, surtout grâce à l’accueil
de ce patron hors du commun qui débordait de courtoisie et d’humour, capable de
dérider les plus aigris. Hélas cette
empathie naturelle, où bonne chair et bon vin coulent à flot, entraîneront
progressivement ton aïeul à lever la coupe avec ses nouveaux amis clients qui,
dès lors, rechercheront bien souvent sa joyeuse compagnie à leur table.
Cette douce euphorie d’ivresse sociale, bénéfique lorsqu’elle est occasionnelle pour fêter un événement, une réussite ou même, plus terre-à-terre, se libérer des quelques contraintes de l’existence qui parfois assaillent, par contre, s’inscrira au passif et deviendra vite une addiction pour cet hôte nouveau- restaurateur, dont le rôle est de recevoir chaque jour et apporter son plus à la joie des invités-payeurs. L’aimable patron, de plus en plus aux fermetures, par ce trop-plein d’alcool, se métamorphosera en tyran jaloux dont sa collaboratrice la plus proche, son épouse, sera en première ligne.
Cette douce euphorie d’ivresse sociale, bénéfique lorsqu’elle est occasionnelle pour fêter un événement, une réussite ou même, plus terre-à-terre, se libérer des quelques contraintes de l’existence qui parfois assaillent, par contre, s’inscrira au passif et deviendra vite une addiction pour cet hôte nouveau- restaurateur, dont le rôle est de recevoir chaque jour et apporter son plus à la joie des invités-payeurs. L’aimable patron, de plus en plus aux fermetures, par ce trop-plein d’alcool, se métamorphosera en tyran jaloux dont sa collaboratrice la plus proche, son épouse, sera en première ligne.
Un an suffira : cette
famille heureuse aux six enfants avec Claudine, ta maman, juste au milieu, ne
fut plus qu’une famille brisée ! Tu
connais !
* Ma mère s’enfuira et récupèrera l’enseigne « la Flambée »
pour son propre restaurant, 24 rue Francart à Ixelles, près de la Porte de
Namur.
Non,
je précise l’ivresse joviale et sociale n’était pas excusable. Navré, mais pour moi, dans cet état d’esprit,
aucun avenir harmonieux !
Un autre exemple :
Te rappelles-tu de
comment et pourquoi la perte de mon bateau, toi qui rêves de hisser les voiles et
voguer vers le Large où je suis censé t’accompagner. J’avais manqué - et j’en manque encore, comme
tu me l’as reproché ce dimanche midi, de ne pas t’en empêcher à cette addiction
de boissons aux degrés multiples - de « couilles », pour ne pas avoir
viré mon skipper alcoolique. Il avait mission de me ramener des Antilles
le Spirit of Sindbad en Europe. J’avais voulu rejoindre au plus vite la belle
Évelyne. Prudent cette fois en pensant à
une Martine d’autrefois, qui m’avait lancé par dépit : « - Qu’est-ce
plus important qu’une femme qui t’aime ? » et qui me quitta quand-même,
vu que j’avais choisi la mer. Avant mon envol de Saint-Martin, j’engageai un
équipier pour me remplacer à bord. L’Homme
amoureux, que j’étais à nouveau et de facto pressé, ne remarqua pas que ce providentiel
marin était non pas le partenaire idéal pour Jean-Louis à la barre du cotre,
mais au bar de la marina entre joyeux alcolos.
Quelques milliers de miles plus au Sud, en face du Surinam,
mon bateau se fera éventrer par un cargo. Pourquoi
ces deux comparses voguaient-ils par-là, alors que le cap prévu était les côtes
de Belgique ou de France ? J’en
ai déduit que sans doute, cuvant leur vin, dormaient-ils paisiblement, confiant
leur sort au pilote automatique, malheureusement aveugle. Oui, ce précieux instrument de
navigation ne prévient pas, ce n’est
pas un radar. En plus de la nuit tombante,
très soudaine sous les Tropiques, il est très possible que les feux de route n’étaient
pas encore allumés et qu’alors ce navire surgissant de la nuit avec son homme à
la barre n’avait pas aperçu le Spirit of Sindbad.
Retiens la leçon, cher neveu par l’alcool : perte d’une famille et perte d’un bateau !
L’ivresse entraîne des beaux rêves, mais la réalité est tout
autre.
Allume tes feux de route et sois vigilant : plus le
moindre verre ! Alors tout te sera
possible, car tu en as les capacités. Je te promets.
Tonton Geo
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