BARBARA
Uccle, dimanche deux juillet 1978
Il est quatre heures de l’après-midi.
Plus de deux heures que Mme Govaert, la gynéco était retournée dans la salle d’accouchement
après m’avoir annoncé, affolée:
-
- Cela
se passe mal, le bébé arrive par le siège...il risque l’asphyxie. Une seule
possibilité, la césarienne... mais à vif sans endormir la mère car l’enfant
mourrait...Êtes-vous d’accord ?
- Oui, lui répondrai-je...
Puis cette attente angoissante pendant plus de deux
heures, sans la moindre nouvelle ! Pourquoi ?
J’imagine le pire. Cela s’est très mal
passé...Seraient-elles mortes toutes les deux ...qu’on hésite à me l’annoncer ? J’arpente
le couloir de la clinique Saint-Elisabeth. Dehors, il pleut averse sans arrêt. Les
anges du ciel aussi pleuraient. Aucun
doute : elles sont mortes. Je hurle
ma douleur au téléphone. Ma mère me rejoint…Et
puis par hasard, une infirmière sort enfin de la salle d’op.
- Comment ? On ne vous a pas prévenu ? Vous avez une très jolie fille et la mère se porte bien...
Dans l’allégresse, jaillit
ce nom « Barbara » en me rappelant ce poème de Prévert : « Il pleuvait
sur Brest ».
S’il te plaît ma fille, ne m’ajoute pas encore une autre souffrance !
(Un différend très sérieux est apparu quarante-trois ans plus tard; que je mets sur le compte de la psyché des enfants du divorce.)
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