SOLITAIRE
Parfois, - je dirais même assez souvent -, à cours d’idées il m’arrive de me laisser aller
de cliquer sur un des jeux que l’on retrouve dans nos PC : le solitaire,
une simple réussite de cartes à jouer.
Oui, je me sens alors coupable d’oisiveté. Et les heures passent sans plus penser à rien
d’autre que ce petit défi, pas particulièrement intellectuel. Mais ces réussites, qui parfois n’aboutissaient
pas, m’ont toujours intriguées. Parfois
ça marche et parfois non. Je constatais
que trop d’attention ne me permettait pas spécialement de terminer la partie avec
succès, alors que jouant parfois distraitement sans réfléchir et très vite, en
moins d’une minute, c’était gagné. De-là,
la conclusion me semblait évidente par cette pratique, avec un esprit quasi
désinvolte, s’offrait la clé du succès.
Cela me rappelait mes vagues connaissances sur l’activité de nos neurones,
en fonction d’ondes cérébrales dont principalement les alpha et bêta. Les
premières permettaient, tout en étant moins attentifs (nous les vertébrés), une
activité plus intense de notre matière grise, partant de plus de réceptivité,
alors que les secondes, dues à plus de concentration, au contraire diminuait notre
champs d’observation. Bien me chut, car par la suite, je constaterai
tout de même qu’il m’arrivait d’être bloqué également. Est-ce que les cinquante-deux cartes
lançaient de temps en temps des défis impossibles à résoudre ? Cela continuait donc toujours à m’obséder. De
l’addiction ? Non, pas du tout ! De la
pugnacité, oui, convaincu qu’à tout problème il y a solution. Tant que je n’arriverais pas à gagner
systématiquement toutes ces parties de cartes, c’était la preuve que des choses
m’échappaient… Jusqu’à ce jour, d’avoir enfin compris qu’une observation minutieuse
du jeu étalé sur l’écran doit permettre de toujours gagner la partie. Je
pense humblement que dans le cours des choses de la vie, c’est exactement
pareil.
On observe le monde. C’était
il y a plus de vingt-cinq ans. Léo Ferré et Michel Berger venait de mourir
(1993), ainsi que mon contrebassiste et ami Jojo, - notre
dernière discussion : les enfants
de Bogota, pourchassés par les brigades de la mort au lance-flamme - ;
…que Christophe, le petit-ami de ma fille Barbara adolescente, venait de
découvrir son père pendu ; …que mon bien cher frère Jean-Luc, sa compagne
avait déserté leur maison ; …la souffrance aussi de Sabine, une autre jeune
fille, brusquement abandonnée ! Eh oui,
certains faits nous marquent parfois plus intensément, qu’il m’arrive alors d’en
faire une chanson. Enfin, c'était il y a vingt-cinq ans. Aujourd'hui, l'urgence c'est la planète tout entière avec sa biodiversité qui disparaît. Ce qui, hélas!, ne semble pas la préoccupation prioritaire des décideurs. La honte!
Obsolète ??? Pas si sûr !
Les Enfants de Bogota
Léo Ferré est mort / Que reste-t-il encore
Un ami est parti / Qui n’a jamais failli
Sur son parcours d’amour / Laisse la belle du
jour
Parti dans
la nuit longue / Pour que vive le quelconque
L’oiseau s’est envolé / Quand est tombé le blé
Et déjà le chasseur / Qui attendait son heure
Dépose la faucille / Pour prendre le fusil
Et fait du Paradis / Cette terre d’incompris
Refrain :
Ô incomprise !
Mais de Saint-Pétersbourg jusqu’à Bogota
Des enfants
sans amour se cachent comme des rats
Et de ça je
n’en parle pas
Dans l’incertaine récolte / La veuve délaissée
Ce fils en révolte / Ne comprenant toujours pas
Ce père qui perdit foi / Et choisit le trépas
Ô comme agonise / Ce siècle en pleine crise
Ce frère bouleversé / Dans la maison vidée
Recherche un peu d’espoir / Dans les murs sans
mémoire
Au moindre calembour / S’illusionne d’amour
Et ne voit pas celle / Qui lui sera fidèle
Refrain
2
Politique en
déroute / Que tout le monde redoute
Au siècle du
laser / On ne parle que de guerre
On te préfère
fêtard / Et tu passes pour fou
Si tu partages
tes sous / Avec tes amis clochards
Et toi jeune
promise / Dont le rêve se brise
Meurtrie à
jamais / Par l’inconscient amant
Tu ne pourras
comprendre / Toi qui vécus si tendre
Issue d’une famille
/ Où régnait l’harmonie
Refrain
final
Ô incomprise !
Mais ces cités sont si loin
Et ici dans cette ville
Et ici dans cette ville
Je me
plains, tu te plains comme c’est débile !
Et de ça, on
en parle que trop bien.
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