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Les sédentaires gardiens de
frontières
Je ne
m’en vais pas pour faire la guerre
Mais regardez comment se
meurt
La Terre
entière face à vos murs
Bien sûr qu’il y a des liens
très fort
Qui
tiennent l’esprit et le corps
On ne sait pas toujours pourquoi
Mais parfois on quitte tout ça
Ma foi… ma voie !
Ma foi,
en d’autres termes « échapper à l’emprise du sédentarisme et de ses
artifices pas vraiment essentiel ».
Soit, cette chanson, je l’intitulais « Nomade »,
« Fils du Vent » ou encore, dernièrement, « Départ »
qui me paraît le titre le plus adéquat.
Je quittais effectivement un certain confort familial, le superflu du
paraître, le résultat de mes faiblesses face aux tentations du Diable, les
belles voitures, la vie de château ; mais aussi, ce qui m’en avait donné
les moyens : des entreprises lucratives
qui m’avaient permis ces caprices, ces fantaisies, ces regards admirateurs ou
soumis des gens de mon entourage.
D’ailleurs, imbu d’arrogance, est-ce que je les voyais seulement ?
Est-ce que nous les voyons ?
Oui, nous sommes deux, mon épouse aussi. Son côté dame patronnesse
s’accouplait parfaitement à ma suffisance de dirigeant prétentieux. D’accord nous occupions près d’une centaine
de travailleurs ! Cela nous
donnait-il tous les droits ? Le
droit que nos enfants soient élevés par d’autre, vu qu’il n’y ait que les affaires
qui préoccupaient leurs parents. Hélène,
lorsque nous nous sommes rencontrés en 1967, était divorcée, mère d’un garçon
et d’une fille respectivement de huit et sept ans dont elle assumait la garde (âgée
de dix dix-sept ans seulement pour la première naissance – le père n’en avait que
dix-neuf). Suite à notre union,
la fratrie s’accroitra d’un deuxième garçon et tardivement (huit années plus
tard) de notre cadette. L’arrivée de notre fils en 1970, la décida de renoncer
à son bureau d’étude d’architecture pour se consacrer avec moi à l’exploitation
de notre premier très petit restaurant : « la Bergerie » qui avait
la capacité d’accueillir trente-deux dîneurs en se serrant bien. Glisser les tables hors de la rangée était le
seul moyen de permettre aux dames de s’installer sur la banquette ; mais
c’était le charme ! Cette promiscuité d’être si proche du couple d’à côté
qui partageait ce moment de détente, ce même lieu, le quasi même repas...entraînait
parfois des conversations exaltées sous la douce euphorie du bon vin libérant
les contraintes et la parole ! Gargote sympathique
avec les moyens du bord pour la créer évidemment !
Cuisine au deuxième étage, toilette unique sur le palier du premier...à partager, pour la clientèle, avec un vieux couple septuagénaire, Victorine et Valère indélogeables ; un monte-charge de fortune, arraché de l’appartement et du sous-sol de ma belle-mère, qu’elle n’utilisait pas et qui déraillait assez souvent, mais la petite Bergerie se situe au 26 de la Petite rue des Bouchers. Une époque où ce quartier est en plein essor...qui avait commencé en 1958 avec le Mouton d’or de mon père, en face, au 21, qui disait toujours : « Plus il y aura de restaurants, plus ça marchera ». Et il avait mille fois raison. S’implanteront une centaine d’enseignes de toute sorte. Hélas, pas que de bons restos avec des cuistots consciencieux et professionnels qui envahiront le quartier dès les années quatre-vingts. Adieu cette belle ambiance des débuts prometteurs où le tout Bruxelles accouraient… Intellectuels, artistes-peintres, célébrités, journalistes ! On visitait la Petite rue des Bouchers pour son folklore, interdite à la circulation des voitures à partir de 18 H. un peu comme on déambulerait sur la Place du Tertre de la Butte à Montmartre. Hélas, le bel âge d’or de la Petite rue des Bouchers ne dura que vingt ans ! Le racolage, la malbouffe, les additions exorbitantes dans lesquelles tombaient les visiteurs de la Grand-Place obligea l’Office du Tourisme, et de nombreux journalistes à jeter l’anathème sur ce quartier. Enfin, deux décennies auparavant, grâce à mon père, j’avais été à bonne école pour ce métier. Et, ce qui nous porta chance, la Bergerie accueillera ses premiers clients le soir du 24 décembre 1969 à la veillée de Noël.
- - Et puis
vous vous êtes lancés dans le lancement de dizaines de
brasseries-restaurants ?
-
- - Non pas tout de suite. Notre
petite affaire tournait à près de cent couverts tous les soirs de 18 h. à 2 H
du matin, ce qui permettait trois rotations de clients. Les six collaborateurs (trois
en cuisine et trois en salle) étaient assez bien motivés (ce qui permettait de
m’absenter de plus en plus souvent) car cette formule ne les obligeait pas à
des prestations avec des coupures l’après-midi, - un des points faibles de
ce métier qui décourageait aussi bien les serveurs que les cuisiniers adeptes d’une
vie de famille. - Le fait de servir jusqu’à 2 H du matin, nous récupérions
les dîneurs tardifs après spectacles. Sans fausse modestie, dans la Petite rue
des Bouchers, la Bergerie attirera tout un temps la clientèle bruxelloise et
des alentours mais aussi que son véritable succès était l’envoûtement, pour ce
petit sanctuaire du bien manger, des fonctionnaires étrangers travaillant à
l’Euratom et au Marché Commun, précurseur de l’UE (principalement des Suédois –
ils s’étaient donnés le mot et s’était toujours leur joie lorsqu’ils se
retrouvaient par hasard au même endroit).
-
Et
alors, et alors ...d’autres restos sont arrivés hé hé hé hé ! Le grand Jojo avec son magot... ?
-
Non
Monsieur, vous n’y êtes pas du tout.
Mais il se fait tard. Nous
reprendrons cela une autre fois...Bonsoir.
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