Où en étais-je ?
Face à l’immensité
Des besoins de la cité
Là le cœur est second
Loin derrière la raison
Je n'ai que dix-huit ans (face B)
Ah oui ! 1986 : le resto du
cœur installé au deuxième de cette tour mitoyenne à l’arrière de la Bergerie et
du Marenostrum, achetée à vil prix ; la farandole « Alleï Alleï
Bruxelles » avec nos convives (bien Brusseleer des Marolles) pour la
chanter et l’enregistrer en vue d’un 45 T. vinyle – question de ne pas nous
quitter après ces trois mois d’hiver,
sans ce petit souvenir en signe d’adieu grâce au disque que
j’offris à chacun d’eux ; qu’il
fallait une face B et que je reviendrai rapidement avec une nouvelle chanson
« je n’ai que dix-huit ans » créée la nuit pour satisfaire la demande
d’Alan Booth qui s’était chargé de l’orchestration.
- -- Pourquoi ce titre, tu en avais quarante-quatre ?
- -- Je m’étais glissé dans la peau d’un de ces jeunes qui
très discrètement, le regard en peu éteint, venaient se réchauffer au-dessus du
bol de la soupe providentielle.
Généralement des toxicos. L’un
d’entre eux, une petite rouquine de dix-neuf ans, Dominique, si je me souviens
bien, n’hésitait pas à nous venir en aide pour la vaisselle et le coup de balai
final. Une certaine confiance s’était
établie à la longue et elle m’avait
avoué son addiction et qu’elle ne croyait plus possible, vu les dégâts dans son
cerveau, à une quelconque réadaptation pour affronter son destin de jeune
femme.
Sur le ton de la rigolade je lui lançai :
« Mais ma petite, nos neurones sont des extraordinaires petits soldats qui
se régénèrent continuellement. Fais leur
confiance, tu peux t’en sortir.../... »
D’apercevoir alors dans ses yeux cette petite lueur d’espoir fut l’un
des meilleurs moments de cette période où je repris la guitare. Dix-huit ans, c’était aussi les miens quand
nos parents se séparèrent. Quelques
arpèges et un petit poème et ce nouvel ami Alan Booth super doué pour les arrangements et
voilà :
Après vingt ans de mariage, nos parents se séparent (1960), je ne retournerai plus à l'Athénée d'Ixelles après les vacances de Pâques finir mes Humanités. Conclusion, je mettrai plus de quatre décennies à mieux comprendre - et encore avec beaucoup de manques - ce que j'aurais pu apprendre en dix fois moins de temps à l'Université.
Je n'ai que dix-huit ans**
Je n’ai que dix-huit ans
Dans ce combat de mille ans
Pour calmer cette révolte
J’ai besoin d’amitié
Méprisé rejeté
Avant de naître orphelin
De l’amour désinvolte
D’un couple sans destin
Plus d’amis plus d’études
Mon diplôme la solitude
Plus de famille une vie rude
Sera mon premier prélude
Chacun a droit à l’amitié
Et je trouverai ma destinée
Pour vivre l’Éternité
Le vent la mer et le soleil
Nous porteront vers l’Éternel
Face à l’immensité
Des besoins de la cité
Là le cœur est second
Loin derrière la Raison
Compagnons de la rue
M’ont trouvé ingénu
M’ont promis beaucoup d’or
C’est un sort qui dévore
J’ai cherché la Lumière
Parcouru mers et terres
Pour trouver enfin nu
L’Amour m’est apparu*
De cet amour appelé Soleil
Dix mille enfants au cœur si pur
Qui même aux yeux de la Nature
Feront en sorte qu’elle s’émerveille
Car notre amour est éternel
Ah oui, que je suis fier sur ma Lambretta 125 cc ! . La joie aussi des petits frères pour des tours, derrière sur le scooter, dans le quartier!
Année 1960 rue Francart à XL (près Porte de Namur). René (20 ans) l'aîné de notre fratrie prend la photo - on n'aperçoit pas le restaurant de notre mère, la Flambée au 24 juste en face, où tous les mardi midi se réunissaient, dans la salle de banquet au premier étage, le FDF (Front démocratique francophone - Parti politique dominant à Bruxelles à l’époque, avec Madame Catherine Spaak, la Présidente.
** Pour la petite histoire en remontant à un certain mercredi 19 avril 2017
Fin de matinée, dans ma voiture face à la station ferroviaire de Marloie (près de Marche-en-Famenne), j'attends Charlotte à la sortie de la gare. Elle se rendait régulièrement pendant deux ou trois jours à Bruxelles en visite chez son fils, surtout que ce dernier venait de contribuer à sa plus grande joie qui l'avait un peu rendue gaga (bien que jamais je ne lui en fis la moindre remarque) d'un charmant petit garçon Lucas qui allait maintenant sur ses trois ans. Pour passer le temps, je glissai un de mes CD dans le poste de radio. Justement cette chanson "Je n'ai que dix-huit" passait en boucle et songeais en écoutant la fin :
"J’ai cherché la Lumière
Parcouru mers et terres
Pour trouver enfin nu
L’Amour m’est apparu"
que Charlotte était cet amour que j'avais cherché toute ma vie. Trois jours auparavant, nous nous embrassions en nous séparant comme deux amoureux sur le quai du départ. Son retour fut curieux, elle avait l'air énervée. Que s'était-il passé durant ces trois jours à Bruxelles? Le samedi suivant elle disparut soudainement profitant de mon absence de quelques heures occupé à réparer une douche du bureau fiduciaire à Bierges de mon neveu Jean-François - Eh oui, j'arrondissais mes fins de mois de retraité sous le label officiel "Tonton nettoie"!; à quand les tontons se donneront la main tous ensemble pour nettoyer la planète? C'était là l'idée initiale qui m'avait décidé, en commençant par nettoyer les bureaux des redresseurs de compte - .
In fine Charlotte ne sera donc pas l'amour de ma vie, mais de ma fin de vie.
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