vendredi 30 août 2024

 

Addendum à mon blog du 28 août 2024, concernant « Ghosting » ...

 

Le back up de cette musique, sans ma voix, était initialement prévu pour "Ô ville" et je l'avais délaissé, ne le trouvant pas adapté. ("Ô ville" s'enregistrera finalement sur l'orchestration digitale de Jean-Marie Dorval - voir mon blog du 10 août dernier) ... Cependant, suite à mon état émotionnel dû à cette rupture où Charlotte disparut, à chaud, je remis la main sur cette prise de son de ces envolées - qu’alors je trouvais trop hystériques de Jérôme Munafo avec ses guitares, enregistrée chez Gérard Sabbe -, mais, dès lors, cette musique s’accordait à mon incontrôlable douleur, j’y jetterai les mots de mon désespoir.    

Aussi puisse ce cri être le porte-parole (vocation d’auteur/compositeur obligé) de tous les laissés pour compte, abandonnés sans avertissement au préalable, hormis bien évidemment ces bourreaux manipulateurs dont leurs victimes n’ont d’autres choix que de leur échapper.

SVP, écoutez encore "Ghosting"...  Merci!

Un clic sur ce lien pour écouter la chanson



mercredi 28 août 2024

 De Lydia, mon premier Amour  - et le plus honnête - en 1960, avec mon Harley-Davidson*, la guitare et chanter sur les terrasses de la Côte-d'Azur, jusqu'à Charlotte en 2017. 


*à l'époque, la gendarmerie en Belgique utilisait ces grosses motos américaines qu'il était possible de racheter à bas prix, lors de leur déclassement. 



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LA DH  (Brabant-Wallon) du jeudi 27 mars 2008. Photo du journaliste Jean-Philippe de Vogelaere.

Ghosting
(Oui nous étions amants…depuis si longtemps)
De Georges Salles
Mais effets  acoustiques, grâce aux Arrangements
 de  Gérard Sabbe 
et la virtuosité de  Jérôme Munafo aux guitares
Paroles Créées à Rochefort lundi  12 juin 2017*

J’ai mal …j’ai mal …oui j’ai vraiment  très mal …

Elle  partit comme ça … s’est évanouie !
Plus un seul contact… je n’existais plus.
Pourquoi de tels actes de silence absolu ?  
On s’aimait à l’envi de jour comme de nuit.
Notre serment se fit sur la Sainte Bible
Notre union était parfaitement crédible.   

Comment c’est possible  on s’aimait si fort
Dès notre rencontre on veilla l’un sur l’autre
Elle toujours disponible de cœur et de  corps  
Oui nous étions amants … depuis si longtemps

Tout seul au matin,  dans la triste demeure
Le pain quotidien n’a plus de  saveur. 
Et  quand vient le soir dans le lit trop froid
Plus le moindre espoir d’être toi contre moi.
Pas encore une semaine et déjà l’avocat!   
Un divorce ?  C’est ton choix  et… ma  migraine!

Refrain 2
Comment c’est possible …/…
…/…depuis si longtemps

J’ai mal …j’ai mal …oui j’ai vraiment  mal …très mal
Oh oui que j’ai mal… mal…

À vingt ans peut-être que…,   mais à nos âges extrêmes,
Bien drôle  cette époque des libertés souveraines  des tempes grises !  
 Le temps n’a plus de prise.
 « Plus de jeunesse ? »,  Non surtout: « Plus de vieillesse ! »
Les aînés font la fête,  voguent d’îles en îles. 
De vraies marionnettes de la mode qui défile.   



Refrain 3
Comment c’est possible …/…
…/…depuis si longtemps


Elle  partit comme ça … s’est évanouie !
Plus un seul contact… je n’existais plus
Pourquoi de tels actes de silence absolu ?  
On s’aimait à l’envi de jour comme de nuit.
Notre serment se fit sur la Sainte Bible
Notre union  était parfaitement crédible.  


Partir …Moi aussi,  je m’en irai… loin des terres…
  Loin des souvenirs où toujours je te vois.   
Il me faut  oublier et pardonner ce parjure !
Voguer  loin,  très loin … Une nouvelle aventure ?    
Qui sait ?  Me resterait-il assez de force pour hisser la voile
Qui poussera l’esquif et mon cœur meurtri vers une âme loyale ?
Si cela devait arriver,  je sais déjà que  cela me fera encore plus mal  
Quand je t’oublierai vraiment … que tu ne seras plus que néant.


 Oui nous étions amants…depuis si longtemps   

*Le back up de cette musique, sans ma voix, était initialement prévu pour "Ô ville" et je l'avais délaissé, ne le trouvant pas adapté. ("Ô ville" s'enregistrera finalement  sur l'orchestration digitale  de Jean-Marie Dorval - voir mon blog du 10 août dernier)... Cependant, suite à mon état émotionnel,  dû à  cette rupture où Charlotte avait complètement disparu, à chaud dans un soubresaut désespéré,  je remis la main sur cette prise de son  des envolées athlétiques  de Jérôme Munafo avec ses guitares,  enregistrée chez Gérard Sabbe.  Je n'eus plus qu'à y jeter mes sanglots débridés.   

Souvenir de mon bateau détruit en mer par un cargo en face du Surinam en 2005, le Spirit of Sindbad, VIA 52, Cotre Alu dériveur intégral et puis, redevenu Terrien,  j'ai rencontré  Charlotte en donnant un récital à l'église de Corroy-le-Grand en novembre 2005  au profit d'une fondation de Pondichéry qui prenait en charge l'avenir de jeunes filles orphelines en leur donnant accès à l'instruction... 11ans après d'amour fidèle, nouvel échec ! 22 avril 2017, elle me quitta.

  .../...Et on tombe des nues !

 

Mais retomber sur terre, ne peut que nous faire du bien.  Oui, il faut être vigilant ; ne pas se laisser emporter, – surtout par notre imagination quand on prend ses illusions pour des réalités. Vieux fou que j’étais, de croire encore possible qu’à mon âge il puisse encore y avoir une âme loyale qui m’attende comme je le chante dans Ghosting.   Loyale sûrement !  Mais pas dans le sens d’une complicité amoureuse et créatrice, d’où l’alchimie opérant naîtrait cette spiritualité naturelle et directrice de la bonne évolution des Humains; que leur société soit ... acceptable!  Ne l’avais-je pas dit ? : « On devient quelqu’un qu'à partir de deux » ...C’est à dire une personne capable d’agir avec discernement,  parce que justement elle se sent aimée.

   Pendant plus de quinze ans à bord du « Spirit of Sinbad », j’avais parcouru, comme il se doit, entre autres bouquins que l’on s’échange d’île en île entre marins, « Les Secrets de la Mer rouge et « La Croisière du haschisch » de l’écrivain navigateur Henry de Monfreid, véritable flibustier du début du siècle passé. Ces différents récits ont suscité bien des vocations à l’appel du Grand large, adulé par les baroudeurs des mers dont je subissais l’un de ces spécimens, un certain Jean-Louis Buclain, à la barre de mon cotre que finalement n’était plus vraiment le mien.      Henry de Monfreid avait comme principe : « Fais en sorte que les autres comptent sur toi ... mais ne compte jamais sur eux ».  Hélas, je reconnais que cette maxime m’a toujours fait cruellement défaut.  Ma condition actuelle le prouve...Je n’ai plus de bateau, le moindre bien, titre de propriété, un lieu à moi où habiter...complètement déstabilisé.  Avoir toujours fait confiance aux autres m’a complètement dépouillé jusqu’à l’estime que j’espérais au moins de ma descendance, déçue et frustrée de ce père sans le sou.     N’était-il pas enfin temps de réagir. « Je n’ai besoin de personne en Harley-Davidson » chantait Brigitte Bardot, cette chanson créée par Serge Gainsbourg. Dire qu’à dix-neuf ans, j’en avais une de ces motos mythiques, emmenant avec moi la plus loyale des compagnes pour aller chanter dans le Midi avec ma guitare...Et je n’avais besoin de personne... sauf de cet amour honnête.

Les meilleurs moments de ma vie : Je la gagnais en chantant !  

 

samedi 17 août 2024

 

Tango Terre

Pour reprendre ce que je considère comme un précepte du sénateur Fulbright – merci de me permettre de le rappeler -

« Quand nos perceptions n’arrivent plus à tenir pied aux événements, quand nous refusons de croire une chose parce qu’elle nous effraie ou nous choque par sa seule nouveauté, alors l’écart entre le fait et la perception devient abîme et l’action devient inadaptée et irrationnelle. »

Au vu de l’Actualité, sommes-nous certains, malgré les fulgurantes avancées scientifiques et technologiques, de notre objectivité en tant qu’humain, et d’agir au mieux pour le bien-être et l’harmonie du Monde ?  Nous en doutons, n’est-ce pas ?

 Mais parfois tombe des Cieux parmi nous pauvres mortels, comme des prophètes, des mutants, - pourquoi pas déjà des Hommes augmentés ? – qui nous apportent leur sagesse, leurs visions et nous transmettent un peu de leur lumière et clairvoyance, tel qu’un F.S Fitzgerald, pourtant face aux années troubles du nazisme : 

« Il faut savoir que les choses sont sans espoir,

Et être pourtant déterminés à les changer » ...

Aussi, ce plaidoyer en leur nom :

Ce que la Terre désire, le vœu de cette chanson:

                                                            Un clic pour écouter cette chanson

Arrangements et clavier :  Jean-Marie Dorval

                                          Le désir de la Terre?                                                     

C'est de voir comme elle est belle

De la contempler et s'y trouver bien

Que les hommes y prospèrent 

Dans une entente fraternelle

Écoutent leur âme et maîtrisent leur destin

Le désir de la Terre

C'est de penser comme elle

Libre de toutes frontières pour établir les liens

 

Refrain:

 

Mais elle est comme une femme 

Qu'on a violé

Par des bombes et des flammes 

Pour l'aseptiser

Car nous les petits hommes

Croquant la pomme...de la Connaissance? 

La Connaissance!  N'est pas ce que tu penses

La Connaissance ! N'est pas que l'expérience

La Connaissance?  Peut-être une simple question...d'aimer

 

Le désir de la Terre 

C'est de vivre comme elle

Sans vouloir changer le cours de son Histoire

Laissons couler les rivières

Nul besoin de tutelle

Plus de barrages trop lourds ni de villes trop noires

Le désir de la Terre c'est d'être en communion

On saura quoi faire pour gérer ses nations

 

Le désir de la Terre

C'est se sentir en elle

Au paradis comme elle à travers les cieux

Dansante dans l'Univers 

Amoureuse du Soleil

Que femmes et hommes ensemble

Soient vraiment heureux

Le désir de la Terre

C'est perpétuer l'instant

De l'amour mères et pères

Pour la vie d'un enfant

 

Et s'accomplira sa voie sa destinée

Fière de nous porter dans l'immensité

Nous devenus sages presque des anges

D'être une étoile parmi les étoiles. 



vendredi 16 août 2024

 


 La guerre en Ukraine, les massacres dans la Bande à Gaza, le risque d’une guerre totale au Moyen-Orient (qui ne feront, on le sait, qu’aggraver le dérèglement climatique, mais aussi celui de nos cerveaux perturbés et envahis par le doute de plus en plus), me rappelle cette pensée du Sénateur Fulbright, (mentor de l’ex-président Bill Clinton) :

 « Quand nos perceptions n’arrivent plus à tenir pied aux événements, quand nous refusons de croire une chose parce qu’elle nous effraie ou nous choque par sa seule nouveauté, alors l’écart entre le fait et la perception devient abîme et l’action devient inadaptée et irrationnelle. »

Oui, je vis aussi  dans  l'irrationnel... la preuve, cette chanson écrite en 1988 . 

                                                     Un clic sur ce lien pour écouter la chanson

Arrangements :  Alan Booth


Le voile

Je lève le voile des idées noires,  dissipe ainsi tout le brouillard.
À visage frais et découvert  mes yeux regardent la lumière
Perception vraie, action réelle ; sciences nouvelles  je m’émerveille !
Ici j’apprends pour entreprendre.   Encore enfant que l’on m’entende.

Dites moi pourquoi, pourquoi tout ça
Au nom des dogmes, au nom du Droit,
Je vois partout guerres et misères :
C’est plus la Terre,  mais un traquenard.
Mon vrai visage n’est pas l’image
Des anciens mages rivalisant.
Je suis l’enfant d’un pays franc
Et serai maître de mon destin.

Je lève le voile des idées noires  et suis les voies de l’Univers
Dans cet élan, j’oublie frontières  et veux comprendre tous les mystères.
Un jour un sage me murmura, qu’il faut des lois et religions
Pour protéger populations,  mais sans excès et sans émoi.

Alors dites moi pourquoi, pourquoi tout ça,
Au nom des dogmes, au nom du Droit,
Je vois partout guerres et misères :
C’est plus la Terre,  mais un mouroir
Mon vrai visage n’est pas l’image
Des anciens mages rivalisant.
Je suis l’enfant d’un pays franc
Et serai maître de mon destin.

Je mets le voile pour ne plus voir autour de moi tout ce cafard.
Dis-moi, homme sage, pour cet enfer,  n’y-a-t-il donc rien à y faire ?
Petit enfant ne sois pas triste.  Écoute en toi couler la vie ;
Et trouve en toi l’Originel de ton instinct qui te réveille.

Et comme un rêve, loin des soucis
Au fond des temps,  loin dans la nuit,
Je mets le voile sans dévotion sur les tabous et religions 
Mon vrai visage n’est pas l’image des anciens mages rivalisant.

Ce monde nouveau, je veux le faire sans aucun voile, ni de frontière. 

mardi 13 août 2024

   N'être plus personne, t'aimer comme un homme... 

 ... Mais elle me disait oui une fois, puis non une autre fois... Je l'ai appelée

 : D'accord, pas d’accord!

D’accord, c’est un air jazzy qui s’adresse à une femme !

Pas d’accord, d’y sous-entendre une prétention machiste, en voulant recadrer l’évolutions de la société humaine !

C’est une chanson quoi !   Tout-à-fait spontanée avec ses rimes, svp.  

Un clic pour écouter la chanson

(Enregistré par Francis Dewell à Bruxelles,  au New D.E.S. Corp. En juillet 1993)


Photo : Marie Bee 1993

D’accord pas d’accord je veux bien encore

M’ouvrir à toi ; te serrer dans mes bras

D’accord pas d’accord je veux bien encore

Te prendre la main,  sceller nos destins

Parler du bonheur, envoûter nos cœurs

Pour que finalement s’enflamment nos corps

 

D’accord pas d’accord, je veux bien encore

Marcher sous la pluie, simple monotonie

D’accord pas d’accord, je veux bien encore

Partir avec toi où il y a de la joie

Je veux bien encore chercher des trésors

Courir les déserts ; franchir les mers


Avec la participation de supers musiciens:

 guitare basse : Alan Booth;

Piano: Rudy Mynaerts;

Batteries: Bob Darch;

Guitare : Roland Kert;

Saxo, Clarinette et Flûte : Willy Vandewalle


D’accord pas d’accord, j’inventerai des mots

Pour te voir sourire ; créer des souvenirs

D’accord pas d’accord, adieu les sanglots

Jouons le grand jeu comme les gens heureux

Je veux bien encore pour t’aimer plus fort

N’être plus personne ; t’aimer comme un homme

 

D’accord pas d’accord, j’oublierai le confort

Des petites habitudes de la solitude

D’accord pas d’accord que l’amour dévore

Toutes les raisons et les illusions

Je veux bien encore conjurer le sort

Risquer de souffrir,   t’aimer à mourir.


lundi 12 août 2024

 

 

Mais Paris me fit aussi le plus beau cadeau.


Il y a aussi ce François Cochon – oui, vous avez bien lu -, c’est le patronyme d’un jeune homme, qui m’avait un peu intrigué à la sortie du RER à Saint-Germain-en-Laye.  Déjà par son habit, un gilet chamarré à boutons à l’instar de ceux que portent les barmen dans les hôtels de luxe.    Il m’avait demandé cinq francs.   Distraitement, je lui avais glissé une pièce de dix.   Voilà que mon quémandeur me propose un verre à la brasserie juste en face !

 - Mais, ça va te coûter plus cher que cette petite obole ! rétorquais-je, sans trop m’attarder, en continuant vers l’endroit où j’avais garé la Renault 9 (j’évite de la prendre pour circuler dans Paris) …Et puis finalement, je m’arrête songeur : oui, intrigué aussi, par cette ressemblance avec Schubert, par son accoutrement, ses cheveux ébouriffés et ses petites montures de myope sur le nez...  Il avait peut-être besoin de parler...Rien ne m’empêcherait de régler moi-même les consommations. 

  - D’accord.

 Vu   que c’était l’heure du déjeuner, après les deux cafés et les blablas courtois, (je n’allais tout de même pas commander le menu du resto), et lui propose :

 - En moins de cinq minutes, en voiture on peut être chez moi, à Le Peck.  Si le cœur t’en dit, j’ai quelques œufs honnêtes qui n’attendent que nous.  

  Il est ravi, mais me demande de faire un petit détour par son appartement.  C’est déjà une bonne chose : pas un SDF – il n’en avait pas l’air de toute façon -.   Par contre chez lui, un amoncellement de vaisselle sale de plusieurs jours encombre et pas qu’à la cuisine.  Il tourne en rond, mais que cherchait-il ?   Bizarre !  Voulait-il montrer son désarroi...en pleine déprime, sans boulot, malgré son CAP de charpentier (ce qu’il m’avait appris dans la taverne) ?   Enfin, on ne s’attarde pas trop, et nous voilà chez moi.   Pendant que j’exerce mes talents de cuisinier pour une omelette aux tomates, mon hôte est assis au coin de la table et semble griffonner quelque chose sur un bout de papier ; il me le tend ensuite en baissant les yeux.  J’y lis : François Cochon. Cela me rend évidemment perplexe.  J’évite de faire le moindre commentaire. Et, ce frugal repas à peine terminé, poliment, il me demande :

Puis-je téléphoner ? 

 - Le téléphone est dans le salon...Sans être curieux, j’entends quand-même qu’il appelle un hôpital et demande à parler à une certaine Martine X qui est en maternité.  Conversation avec sa correspondante plutôt calme et rassurante.  Ah, je comprends mieux :  l’angoisse d’un futur papa !   Aussi j’enchaîne :

-  Alors, c’est ta compagne qui va accoucher ?

Ce n’est plus ma femme.

- Plus ? Comment ?  Elle va accoucher pourtant ; et tu l’appelles.

-  Ce n’est pas moi le père.  Nous sommes séparés depuis plus de neuf mois.

-  Oui, c’est dommage !  Hélas, ça arrive !   Mais alors, son nouveau compagnon ... Il doit être près d’elle en ce moment ?

C’était un jeune de seize ans qui s’est enfui.

- Alors j’imagine que ses parents sont près d’elle ?

- Elle n’a personne.  Elle est orpheline.

Quelques secondes de réflexion et j’enchaîne :

Faudrait peut-être bien que tu ailles la voir pour la réconforter, si elle est seule.

 Pas question, ce n’est pas mon problème !

- Ah bon !  Du coup j’explose.  -  Casse- toi…  Tu ne m’intéresses pas !  Et j’ajoute précipitamment en ouvrant la porte de rue :

 Sois content !  Ce ne sera pas un petit Cochon qui va naître, mais un petit Jésus.  D’ailleurs, rien ne t’empêche d’aller changer ton nom.  Ce n’est pas de ta faute si l’un de tes ancêtres a fait en sorte qu’on l’appelle ainsi.  Je peux imaginer ta souffrance depuis ton enfance.  Les moqueries de tes compagnons de classe…ensuite à l’armée…et puis au boulot.  Je crois que tu en as bavé.  Va changer ton nom !  Appelle-toi « Chevalier » ou « Saint Joseph », puisque t’es charpentierEt casse toi !

 Moins de cinq minutes après son départ.  On sonne à la porte.  C’est mon lascar qui revint penaud.

 -  Si tu m’accompagnes, je veux bien aller la voir.

-  Sans problème, on y va tout de suite.

  Je m’arrêterai chez une fleuriste et lui tend le bouquet.

 Tu lui donneras, sans dire que c’est de moi.

 Martine, la future maman est seule dans la chambre, allongée sur le lit, souriante en nous voyant.  Elle ne doit pas avoir beaucoup plus de vingt ans. L’accouchement devrait normalement avoir lieu le lendemain.  Je ne resterai que quelques minutes, prétextant un rendez-vous presque oublié.  Ils avaient certainement des choses à se dire...

 Trois mois plus tard, lorsqu’un policier m’apporta l’autorisation pour la musique*, alors que je remettais les clés à la préposée de l’agence immobilière, chargée de la vente du pas-de-porte du 8, rue Brantôme, ** arrive un jeune homme souriant, ayant dans ses bras un magnifique bébé.  C’est bien lui, tout rayonnant : François Cochon !   Il avait suivi mon conseil.   La Mairie avait accepté le changement de nom ; il s’était remis en ménage avec Martine ; reconnu l’enfant ; et avait trouvé un emploi.   Zut, j’ai oublié de lui demander son nouveau nom ! 

Paris venait de m’offrir le plus beau cadeau d’adieu. 

 Je pouvais m’envoler vers les Bahamas, rejoindre Jean-Louis, Céline et le Spirit of Sindbad  (VIA 52 cotre,  dériveur intégral en alu, le n° 5,  sorti du Chantier du Havre en 1984 à Fécamp) 

 *Le 8 /8 / 1988, le soir même de l’ouverture, il   me fallait une autorisation de la Préfecture pour produire de la musique en life (avec des musiciens).  Le lendemain, je courrais à Versailles avec ma demande en bonne et due forme.    Il faut savoir que le resto/ cabaret ne pouvait être attractif qu’avec les animations d’artistes et musiciens.  Après quatre-vingt-dix jours d’attente, à cours de trésorerie et devoir licencier les neuf collaborateurs, je sonnerai le glas de désespoir du « Pacificfruit&music »

 ** Hélas, aucun acquéreur  ne se présentera...et je serai acculé à déposer le bilan un an après.

 Consolation, quelques années plus tard, curieux de voir ce qu’était devenu ce rez-de-chaussée commercial... Bonheur :  une supérette de fruits et légumes !


 [UW1]