dimanche 1 décembre 2024

 

Et toi jeune promise / Dont le rêve se brise
Meurtrie à jamais / Par l’inconscient amant
Tu ne pourras comprendre / Toi qui vécus si tendre
Issue d’une famille / Où régnait l’harmonie*

Bon cher Professeur,

 

L’autrui n’a pas de sexe, c’est comme les anges, n’est-ce pas ?  Puisque tu viens de m’envoyer ce texte de Jean Brun – archi compliqué pour le néophyte que je suis ; du coup ne trouvant pas ce lien avec la Beauté que mentionne ce philosophe protestant ; que, grâce à toi, je viens de découvrir, m’initiant ainsi à mieux comprendre ce que signifie le mot « chrétienté » -, moi l’agnostique me voilà embarqué dans un cas de conscience. 


De la beauté

De la beauté
Des instants qui passent, il en est comme des feuilles qui réapparaissent sur l’arbre où d’autres avaient jauni avant de mourir sans retour. Le devenir inexorable qui nous emporte ne saurait être inversé ; cependant d’autres que nous connaîtront à nouveau la joie, l’amour, la tristesse et la mort que nous aurons connus.../...

Serait-ce de cette beauté là qu’il soit question ? L’altruisme et chrétien... des synonymes avec beauté ? Au contraire de cette communion bénéfique avec autrui, s’extraire de cette condition humaine due aux  mass-médias que cet écrivain met au banc des accusés ; d’où mon grain de sel, cet avis simpliste j’en conviens : "au-dessus des rapports ambigus entre les femmes et les hommes ... que certaines et certains se veulent devenir transgenres (de plus en plus tendance parmi les jeunes générations) ?"  Hier soir, je repassais en boucle la biographie d’Annie Ernaux, que tu sais prix Nobel de littérature en 2022, prix, que je peux comprendre: refusé par Sartre, mais pas Camus tout de même ; ce qui m’incite à lui témoigner reconnaissance et respect à Monsieur Nobel, repenti de sa poudre à canon qui produit sa fortune, qu’il mit au service de celle des yeux.  Ainsi va ce monde sans doute que dévoile Jean Brun.  D’Annie Ernaux (je n’ai lu qu’un de ses livres, vu mon grand âge proche du sien : « Les Années ») ; la lauréate décrit sa triste et brutale première expérience sexuelle, d’où jailliront de sa plume ses premiers romans biographique : « Les armoires vides » et « La femme gelée ».  Chère Annie, comme je suis triste que ton premier contact charnel se soit marqué avec une brute indélicate, mais ils ne sont pas tous comme ça les hommes.   Mais c’est vrai que le monde est ainsi fait. Pour te donner un tout autre exemple de comment les rumeurs s’incrustent dans l’esprit des braves gens dont la gente féminine bien sûr, je ramène cela à ma propre expérience d’ancien restaurateur.

 Le constat qu’un client déçu par un mauvais repas, le dira à onze personnes, qu’au contraire de quelqu’un satisfait ne le dira qu’à une seule.

  À  méditer, me semble-t-il  ...

* Ce quatrain en tête   pour un peu colorer ce témoignage d'Annie Ernaux  qui me rappelle une certaine  jeune fille en pleure.     

 

Naissance d'une complainte:

On observe le monde.  C’était il y a plus de trente ans. Léo Ferré et Michel Berger venait de mourir (1993), ainsi que mon contrebassiste et ami Jojo (Joseph Rosenberg**), -  notre dernière discussion :  les enfants de Bogota, pourchassés par les brigades de la mort au lance-flamme - ; …que Christophe, le petit-ami de ma fille Barbara adolescente, venait de découvrir son père pendu ; …que mon bien cher frère Jean-Luc, sa compagne avait déserté leur maison ; …la souffrance aussi de Sabine, une autre jeune fille, brusquement abandonnée !  Eh oui, certains faits nous marquent parfois plus intensément, qu’il m’arrive alors d’en faire une chanson.   Enfin, c'était il y a plus d'un quart de siècle!

Cette chanson  ... obsolète?*** 




Au clavier et arrangement musical : Jean-Marie Dorval

Les Enfants de Bogota*

Léo Ferré est mort / Que reste-t-il encore
Un ami est parti  / Qui n’a jamais failli
Sur son parcours d’amour / Laisse la belle du jour
Parti  dans la nuit longue / Pour que vive le quelconque

L’oiseau s’est envolé / Quand est tombé le blé
Et déjà le chasseur / Qui attendait son heure
Dépose la faucille  / Pour prendre le fusil
Et fait du Paradis / Cette Terre d’incompris

Refrain :
Ô incomprise !  Mais de Saint-Pétersbourg jusqu’à Bogota
Des enfants sans amour  se cachent comme des rats
Et de ça je n’en parle pas

Dans l’incertaine récolte / La veuve délaissée
Ce fils en révolte / Ne comprenant toujours pas
Ce père qui perdit foi / Et choisit le trépas
Ô comme agonise / Ce siècle en pleine crise

Ce frère bouleversé / Dans la maison vidée
Recherche un peu d’espoir / Dans les murs sans mémoire
Au moindre calembour  / S’illusionne d’amour
Et ne voit pas celle  / Qui lui sera fidèle

Refrain 2 
Politique en déroute / Que tout le monde redoute
Au siècle du laser / On ne parle que de guerre
On te préfère fêtard / Et tu passes pour fou
Si tu partages tes sous /  Avec tes amis clochards

Et toi jeune promise / Dont le rêve se brise
Meurtrie à jamais / Par l’inconscient amant
Tu ne pourras comprendre / Toi qui vécus si tendre
Issue d’une famille / Où régnait l’harmonie

Refrain final
Ô incomprise ! Mais ces cités sont si loin
Et ici dans cette ville
Je me plains, tu te plains comme c’est débile !

Et de ça, on en parle que trop bien.  

 Début des années 90, suite au récital que je donnais au château de Bierbais  ( au Brabant-Wallon, près de LLN)  de SAS  Stéphanie  de Windisch Graetz (petite- fille de l'Archiduchesse rouge et cousine d'Albert II, roi des  Belges; également instigatrice  à l'origine des Clinic-Clowns ), la princesse, mon hôtesse,  me fit remarquer qu'à Saint-Pétersbourg, -  dommages collatéraux au démantèlement de l'URSS, des goulags et des prisons pour mineurs - ,  des milliers d'enfants  sans abris et affamés  erraient dans les rues de la cité des tsars.  Aussi  ce  refrain,  où j'inclus  dès lors : des enfants de Saint-Pétersbourg. 

**Joseph Goldenberg, seul survivant de sa famille du ghetto de Varsovie. d'où il s'échappa à  l'âge de  quinze  ans. Il s'engagera dans l'armée de Ben Gourion en 48, mais vu qu'il fut relégué aux cuisines , vexé, il  quitta la Palestine et  s'installa en Belgique; il suivit une formation d'artiste peintre à l'Académie des Beaux Arts, rue du Midi à Bruxelles,  et aussi devint un excellent contrebassiste.  Beaucoup de ses tableaux décoreront  mes restaurants;  il fut aussi un fidèle accompagnateur à mes récitals, à  partir de 1988, lorsque j'abandonnai le métier de la toque pour la troquer pour une  guitare.   
 
***Un beau compliment, qu'un prof de Philo vient  de me faire :
 
L’obsolescence n’existe pas dans tes chansons ! Elles sont teintées d’universels !

Merci, cher Professeur!        

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