lundi 3 février 2025


                                Miséricorde

                    (Peut-être pour moi, la plus belle de mes chansons)

 Courriel à  une âme en peine (tendance bipolaire), perdue de vue: 

Oh !  Que ce serait facile : chacun chez soi;  chacun ses problèmes...Tourner la page; voir ailleurs; penser à autre chose, n'est-ce pas ?  

 Que je me sente un peu responsable de sa vie? Eh bien, oui!.

 .../...Tu m'as un jour dit que j'étais lâche, et t'avais mille fois raison. Tu fus la seule à le dire.  Au  fond, tu avais tout compris  de ce presque quinquagénaire ayant  quand-même osé te glisser ce petit mot pour t'aborder , te voyant  promener chaque matin ce petit chien noir (Kenzo)  dans ce parc affublé du nom  d'une princesse royale de Belgique...Et puis, la première rencontre au Moby Dick,   chez  mon frère Jean-Marie à Uccle , où nous réalisons, l'un en face de l'autre, moi, ta jeunesse ( de loin,  je te croyais plus près de la trentaine) et toi, malgré la lumière tamisée du resto,  mon âge certain...  Moment d'hésitation mais très vite nous iront plus loin.  Une erreur ?  Je ne peux toujours pas te répondre.   Parfois ma lucidité aidant de cette différence des années, je rompais notre idylle, mais je revenais à chaque fois...Et puis nous nous sommes perdus de vue. Définitivement...Enfin presque...Jusqu'à ce p'tit Basil que tu me ramènes au Mouton d'Or, ce resto qui fut créé par mon père et amorça cet Îlot Sacré au cœur de Bruxelles dans lequel j'avais relevé le défi de le relancer (le resto). 

 

(Bon, je réfléchis pour la suite) 

 À plus tard

 

 

Mais entre le petit Basil (teckel)  que tu me confies  sur le seuil du Mouton d'Or (en 2003)  et cette période où je te propose  de vivre avec moi, au-dessus du "Déjeuner des Canotiers" (1991) - c'est vrai un nouveau millénaire - plus d'une décennie tout de même,  cette période où j'admire ta jeunesse, ton allégresse  quand tu viens emménager dans mon appart,    au 80, rue des Deux églises et que moi, sombre idiot  je m'enfuis pour retrouver mon bateau qui vogue dans l'Hémisphère Sud,  squatté par ce pirate Jean-Louis en Nouvelle Calédonie...Que je rentrerai trois ou quatre mois plus tard, complètement métamorphosé  (du moins ma psyché - + de cent nuits et jours en mer changent l'esprit - ) que complètement déboussolé,  je t'invite à récupérer le studio de ta grand-mère qui venait de te quitter  .  Mais quel goujat, j’étais !   Pardon !   Adolescente déjà ta maman !  Pardon, pardon, pardon !  

 

--Oui, chère L., c'est une introspection avant d'entrer dans le vif du sujet.  Je réfléchis à comment je vais m'y prendre.  La moindre erreur ne ferait qu’aggraver nos états d'âme respectifs, car de te savoir ainsi confrontée à tes angoisses me donne pleine conscience que je n'ai pas le droit de t'abandonner encore une fois.  Oh non plus comme un amant, mais l'ami que je souhaite être pour toi.

 

--Mais peut-être que l'ami comme je te propose de l'être, en y réfléchissant, n'a pas ici sa place et me semble encore plus inapproprié quant à maintenir (ou renouer) ce lien entre nous deux.  L'amitié, nous savons, ne germe réellement que s'il y a un projet commun.  Aussi cette question : y en aurait-il au moins un ou une amorce ?   Je ne sais pas.  Peut-être pourrais-tu m'apporter une réponse ; ou bien non, ce n'est pas la peine.  J'ai suffisamment d’éléments pour me forger une idée sur ce parcours atypique, auquel s'ajoutent les années, que nous pourrions qualifier à l’instar de Marcel Proust : "À la recherche du temps perdu" ou "À l'ombre des jeunes filles en fleur" (ce que j'aurais dû avoir lu à notre première rencontre en 1991 ;  et ne pas interférer dans ta vie) ...Mais, à tort ou à raison, le mal (ou le bien)* est fait : deux âmes en peine se sont rencontrées, mais faut-il encore qu'elles se soient retrouvées.


*Ou le mâle et la belle...


Hommage à Prévert.


Miséricorde
(subsidiairement :  chanson d’autrefois)

Lorsque je l’ai vue sur le pas de sa porte
Le soleil se berçait dans ses cheveux d’or
Comme la vierge apparue surprend l’âme qui dort
Lui montre la voie que cachent les feuilles mortes
C’était la première fois

Quand j’ai voulu timidement la revoir
Lui demandant sans y croire son téléphone
Elle me regarda étonnée  avec des yeux de madone
-         Pourquoi on va se quitter déjà ce soir ?
C’était la deuxième fois

Encore aveuglé par les envies de voyages
Le bateau m’attendait ainsi que ma guitare
Nomade avant tout  je pensais aux départs
J’évitais de trop l’aimer elle qui était plus sage
C’était mon manque de foi

Plus important qu’une femme qui t’aime
Me dit-elle en sanglot je n’étais qu’un salaud
J’ai trahi comme un sot et lui fis de la peine
Son cri d’agonie m’éveilla en sursaut
J’avais perdu la foi

En ce temps là elle rappela cet homme
Meurtri de son crime qui la pleure par ces rimes
Mais inconsciemment l’inquiétude prit forme
Notre nid d’amour plus qu’un lit d’infirme
Elle n’eut plus foi en moi

Un autre que moi a pris cette place de roi
Mais saura-t-il comme moi que t’es vraiment une reine
Je ne voudrais pas que cette fois t’aies de la peine
Ou sinon mon amour je reviendrai  près de toi
Encore une fois

Humblement  j’implore ta miséricorde
Sans ton pardon mon cœur bat en désordre
Je suis un amant perdu qui marche de travers
Sur des feuilles mortes comme disait Prévert
Elles se ramassent à la pelle dans cette chanson d’autrefois


Arrangements : Jean-Marie Dorval
Ingénieur du  son  et guitare  :  Philippe Capon


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