Miséricorde
(Peut-être pour moi, la plus belle de mes chansons)
Courriel à une âme en peine (tendance bipolaire), perdue de vue:
Oh ! Que ce
serait facile : chacun chez soi; chacun ses problèmes...Tourner la page; voir
ailleurs; penser à autre chose, n'est-ce pas ?
.../...Tu m'as un
jour dit que j'étais lâche, et t'avais mille fois raison. Tu fus la seule à le
dire. Au fond, tu avais tout compris de ce presque
quinquagénaire ayant quand-même osé te glisser ce petit mot pour
t'aborder , te voyant promener chaque matin ce petit chien noir
(Kenzo) dans ce parc affublé du nom d'une princesse royale de
Belgique...Et puis, la première rencontre au Moby Dick, chez
mon frère Jean-Marie à Uccle , où nous réalisons, l'un en face de l'autre, moi,
ta jeunesse ( de loin, je te croyais plus près de la trentaine) et toi,
malgré la lumière tamisée du resto, mon âge certain... Moment
d'hésitation mais très vite nous iront plus loin. Une erreur ? Je
ne peux toujours pas te répondre. Parfois ma lucidité aidant de
cette différence des années, je rompais notre idylle, mais je revenais à chaque
fois...Et puis nous nous sommes perdus de vue. Définitivement...Enfin
presque...Jusqu'à ce p'tit Basil que tu me ramènes au Mouton d'Or, ce resto qui
fut créé par mon père et amorça cet Îlot Sacré au cœur de Bruxelles dans lequel
j'avais relevé le défi de le relancer (le resto).
(Bon, je réfléchis pour
la suite)
Mais entre le petit
Basil (teckel) que tu me confies
sur le seuil du Mouton d'Or (en 2003) et cette période où je te
propose de vivre avec moi, au-dessus du "Déjeuner des
Canotiers" (1991) - c'est vrai un nouveau millénaire - plus d'une décennie
tout de même, cette période où j'admire ta jeunesse, ton allégresse
quand tu viens emménager dans mon appart, au 80, rue des Deux églises et que moi, sombre
idiot je m'enfuis pour retrouver mon bateau qui vogue dans l'Hémisphère
Sud, squatté par ce pirate Jean-Louis en Nouvelle Calédonie...Que je
rentrerai trois ou quatre mois plus tard, complètement métamorphosé (du
moins ma psyché - + de cent nuits et jours en mer changent l'esprit - ) que
complètement déboussolé, je t'invite à récupérer le studio de ta
grand-mère qui venait de te quitter . Mais quel goujat, j’étais !
Pardon ! Adolescente déjà ta maman ! Pardon, pardon, pardon
!
--Oui, chère L.,
c'est une introspection avant d'entrer dans le vif du sujet. Je réfléchis
à comment je vais m'y prendre. La moindre erreur ne ferait qu’aggraver
nos états d'âme respectifs, car de te savoir ainsi confrontée à tes angoisses
me donne pleine conscience que je n'ai pas le droit de t'abandonner encore une
fois. Oh non plus comme un amant, mais l'ami que je souhaite être pour
toi.
--Mais peut-être que
l'ami comme je te propose de l'être, en y réfléchissant, n'a pas
ici sa place et me semble encore plus inapproprié quant à maintenir (ou renouer)
ce lien entre nous deux. L'amitié, nous savons, ne germe réellement
que s'il y a un projet commun. Aussi cette question : y en aurait-il
au moins un ou une amorce ? Je ne sais pas. Peut-être
pourrais-tu m'apporter une réponse ; ou bien non, ce n'est pas la peine.
J'ai suffisamment d’éléments pour me forger une idée sur ce parcours atypique,
auquel s'ajoutent les années, que nous pourrions qualifier à l’instar de Marcel
Proust : "À la recherche du temps perdu" ou "À l'ombre des
jeunes filles en fleur" (ce que j'aurais dû avoir lu
à notre première rencontre en 1991 ; et ne pas interférer dans ta vie) ...Mais, à
tort ou à raison, le mal (ou le bien)* est fait : deux âmes en peine se
sont rencontrées, mais faut-il encore qu'elles se soient retrouvées.
*Ou le mâle et la belle...
Ingénieur du son et guitare : Philippe Capon
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