Mais d'abord, ce petit interlude: Resto du cœur au 17 rue de la Fourche
L’hiver 85/86 avec quelques étudiants de l’ULB (Université libre de Bruxelles), suite à l’appel de Coluche,( hélas, comme tu le sais, nous quitta quelques mois plus tard) , avec mon épouse et mes collaborateurs du Marenostrum et de la Bergerie - nos deux restaurants, du 18 au 24 dans la Petite rue des Bouchers, se côtoient - nous installerons un resto du cœur au deuxième étage de la tour que nous avions acquis à vil prix en vente publique, située dans la galerie qui permettait un passage vers la rue de la Fourche. Ce building de neuf étages, dont chacun dépasse les 500 mètres carrés, appartenait à un groupe de trois cents actionnaires - des architectes, ingénieurs et constructeurs - dénommé le Centre du bâtiment , qui décidèrent de se délocaliser à l'extérieur de la cité bruxelloise . Notre opportunité est que ce colossal immeuble est mitoyen avec l’arrière de nos deux maisons. Oserais-je vous dire le prix de l’adjudication définitive ? Six millions de Fb, alors que rien que la facture du gros œuvre pour les structures en béton armé (colonnes et les plateaux), dépassait 57 millions de Fb. Les deux premiers niveaux sont déjà aménagés en bureaux ; et deux ascenseurs en panne n’attendent que la bonne volonté d’un installateur pour les remettre en marche (ce que nous ferons évidemment) et accéder plus aisément aux étages supérieurs en attente de finitions. Pour cette tour, j’avais deux grands projets. Soit un hôtel avec plus de 90 chambres qui communiqueraient avec nos restaurants en façade ; ou un complexe avec piscine en supprimant un étage (aucun problème pour le poids de l’eau, les ingénieurs avaient prévu cinq étages supplémentaires (mais entretemps les nouvelles règles urbanistiques interdirent plus de neuf étages) ; une salle de fitness, un bowling, une salle de billards avec quelques tables bistrots et un bar accueillant et un peu de restauration d’en cas ; deux locaux réservés à de la formation professionnelle pour apprentis cuisiniers et serveurs ; peut-être un petit centre médical...et je me serais gardé le dernier étage pour installer notre centre névralgique de nos bureaux et un appartement de fonction avec 360° de vue sur le tout Bruxelles, sans oublier le toit plat du bâtiment pour y aménager un jardin extraordinaire, comme le chantait Charles Trenet et pouvoir contempler la plus belle Grand-place du monde, paraît-il. Il y a trois mille travailleurs de l’Horeca aux alentours qui souvent l’après-midi entre les services ont besoin de s’occuper et apprécieraient certainement de ne pas devoir courir trop loin pour ce genre d’activité.
Cependant, c’est
aussi cette période de questionnement où je suis devenu « Instincto »
(me nourrir d’une alimentation crue sans artifice culinaire en humant les
condiments et de ne manger que ce qui m’est agréable et attirant à l’odorat
comme le font la plupart des mammifères à l’état sauvage.)
Dixit,
une épouse qui risquait de succomber dans les trois prochaines années d’après
le diagnostic de l’oncologue...à moins de supprimer la cause selon l’avis de cette
doctoresse Henri de l’Institut Bordet... Ce qui déclencha mon besoin de
comprendre et voir comment contrecarrer ce mal où je pus constater que le premier
grand coupable était la mauvaise manière de nous nourrir... mais aussi que
d’être à l’écoute de notre corps, celui-ci pouvait nous guider vers des
aliments naturels qui pouvaient aider à la guérison.
Ce qui ne nous empêchera pas de répondre à cet appel de Coluche pour un resto du cœur à Bruxelles ? Pourquoi pas ? Ne disposions-nous pas pour quelques mois (cet hiver 85/86) avant une éventuelle mise en chantier pour l'un des projets cités plus haut? Nous aménagerons donc ce deuxième étage de cette tour, (dixit en manque de finition, à savoir: vide et sans cloison intérieur, ce qui était plus commode pour installer la vingtaines de tables: des planches sur tréteaux ) avec une plonge et une cuisine relais (les préparations se feront dans les cuisines communes de la Bergerie et du Marenostrum...à ce sujet nous bénéficierons également de la générosité du catering de la Sabena pour trois mille repas congelés - suite aux vols aériens modifiés, les plats retournaient rue de la Glacière à St Gilles; soucis de stockage dans leurs grandes chambres froides...Quelque part cela arrangeait les choses que nous passions avec notre camionnette pour emporter des centaines de ces boites en polystyrène régulièrement...et c’était gratuit -. Il y eut aussi les caddys en attente des gentils donateurs après les caisses de certaines grandes surfaces que les étudiants de l'ULB récoltaient, + la Régie de la RTT, où nous récupérions leur trop de soupe du jour de leur cantine pour nos lendemains. Beaucoup de nos fournisseurs aussi nous offrirent leurs denrées . Nos 250 invités journaliers furent vraiment soignés aux petits ognons. Pour la veille de Noël, Nihoul, le célèbre pâtissier du coin de l’avenue Louise nous prépara un grand tiramisu ; parfois même, issu des premières classes de la Sabena, de la langouste au menu du jour. Oui on festoyait aussi au resto du cœur du 17 rue de la Fourche ... Un véritable lien social finira par régner, voire une réelle complicité de bien être et de bien faire entre ces étudiants, nos équipes des restaurants et nos convives. Il faut savoir qu'on ne faisait pas la file, on les servait à table. Oh bien sûr!, on venait parfois me souffler à l'oreille que la petite vieille, assise un peu plus loin avalant son bol de soupe, possédait plusieurs maisons dans la rue Haute! Mais qu'importe, elle se sentait bien au milieu des autres...et jamais je ne lui ferai la moindre remarque.
In fine cette petite communauté vibrante de ces gens hors du système classique et performant, à savoir celui des citoyens actifs et contribuant au bon ordre et à l'harmonie de la cité, du confort des familles et du PIB de l'Etat, m'offraient une vision néanmoins très positive.
Nous y reviendrons, mais demain.
Je te salue ô Toi, mon lecteur que j'affectionne et te remercie...
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