mercredi 14 juillet 2021

 

Alleï Alleï Bruxelles !

Le fameux hasard, ce coup de pouce divin, dont on ne profite pas, absorbé par les futilités de l’existence, j’en ai mon lot.  Il y en a par contre des auxquels on s’accroche en croyant qu’ils nous montrent la voie et qu’ils nous conduisent plutôt dans des impasses où il faut parfois des années avant de s’en rendre compte...et ce n’est pas évident de repartir dans l’autre sens.  Ce qui est sûr, comme le dit le Professeur Moustache, dans ces quelques minutes de détente pleine d’humour, tout en énonçant des vérités scientifiques (juste après les 28 Minutes d’Elisabeth Quin et ses chroniqueurs hautement intellectuels...Ouf, merci Arte !) : « Bien que nous mourions moins bêtes, nous mourrons quand-même », par exemple le compositeur, au faîte de sa gloire, Lou Deprijck de « ça plane pour moi » interprété par Plastic Bertrand...

(By the way, pour le chanteur sautillant des jeunes des années 80/90, nous étions côte à côte en classe Business d’un retour de Nice vers Bruxelles, et je me demandais pourquoi les hôtesses venaient lui demander des autographes.  On fond, peut-être que ça arrangeait bien la star de l’époque, que son voisin dans la Caravelle de la Sabena, ignorait qui il était ! D’ailleurs, je ne me souviens pas d’avoir échangé plus de trois mots !  Mais après tout, n’était-il pas plutôt vexé de ma pseudo indifférence ?

 Mais revenons à Lou Deprijck, son père spirituel qui l’avait porté aux nues sur la scène médiatique, - bien que, reconnaissons-le, sa plasticité sur les plateaux y avait contribué pour beaucoup -, Lou sortait dans ces années avec ma belle-fille Brigitte, âgée alors de vingt-six ans, déjà divorcée d’un certain Michel Vandercam mon copilote dans le Paris/Dakar de 1981. (Mécanicien- photographe sur les circuits de courses de motos et voitures, c’est grâce à lui que m’était venu cette idée de ce rallye ...PR. Brigitte est le deuxième enfant de mon épouse de son premier mariage avec un certain Roland Hubert...Ils n’avaient pas vingt ans !).

  Parfois, encore une autre anecdote ou hasard sans suite, cet homme du showbiz avec son éternel chapeau quand il passait chez nous était parfois accompagné d’une certaine Vanda qui   deviendra la Lio de Banana Split.  Celle-ci, déjà à son adolescence, copine de Dominique et Brigitte, mes beaux-enfants, venait chez nous à Rhode-St-Genèse.    Mes origines lusitaniennes par mon père auraient normalement pu me rapprocher de la petite Portugaise, mais ce ne fut jamais le cas, vu que l’homme d’affaires avait d’autres préoccupations que de s’intéresser à ces jeunes...et ma fidèle guitare dormait depuis des années, abandonnée dans un placard.

  Et voilà ces fameuses années 86-87 du changement !   Un restaurateur métamorphosé en crudivore, inquiet pour sa femme...et maintenant ce resto du cœur, ce défi dans lequel ils s’étaient lancés tous les deux ... et ce Lou Deprijck qui fréquente ma belle-fille, qu’il emmènera même  à New-York à l’occasion de l’ouverture du nouveau restaurant d’Albert Michiels... que finalement je vois assez régulièrement ce Lou  à notre privé ou dans un de nos restaurants et au resto du cœur et qui marmonnait souvent  « Alleï Alleï !», avec cet accent  très brusseleer,  surtout en voyant nos habitués, la plupart issus des Marolles ,  auxquels, comme  nous arrivions au printemps, il me fallait leur annoncer la fermeture très prochaine  de ce lieu convivial ...Que me viendra alors l’inspiration de reprendre cette guitare oubliée depuis près de quinze ans et créer une chanson pour leur donner du courage et aller de l’avant : « Alleï Alleï Bruxelles ! ».

 Ainsi je ferai la connaissance, pour les arrangements de cette farandole (farandole, parce que ça rimait avec Marolles), d’un certain Alan Booth, bassiste et ami de Lou et de Philippe Lafontaine (auteur/compositeur et interprète de ce titre à grand succès : « Cœur de Loup »).   Une bonne dizaine de nos invités du 17 rue de la Fourche, des bons vivants, m’accompagneront pour former le chœur et nous nous rendrons au Studio D.E.S. rue des Fleurs (derrière la Place de Brouckère). Le but produire un 45 tours vinyle... Mais, je m’en voudrais de ne pas mentionner le chanteur de rue :  Albain de Saint-Moulin qui s’accompagnait de son orgue de Barbarie dans la rue Neuve.  Il participa très activement à la création de cette chanson et   gratifiera cet air de sa merveilleuse voix de ténor.

Lorsqu’on studio on me demanda que mettre sur la face B ?, le lendemain j’irai chez Alan Booth avec une nouvelle chanson, imaginée la nuit : « Je n’ai que dix-huit ans ».   En effet, quelques jeunes, un peu paumés, venaient également se nourrir au resto du cœur.  Je pensais à eux, mais aussi à ma propre jeunesse, au moment où mes parents se séparèrent.  Mélodie et paroles m’avait pris que quelques heures.  Tiens, aurais-je certaines dispositions pour écrire si facilement des chansons ?   Bref cela m’intrigua un peu mais sans plus, jusqu’au jour où Stéphanie de Monaco, quelques minutes avant l’Eurovision se fit filmer devant la façade de la Bergerie et du Marenostrum pour présenter sa nouvelle chanson « Les fleurs du mal » ...et que je me suis dit, serait-ce un signe, un appel ?  Si une princesse a ce courage de venir chanter jusque devant ma porte qu’est-ce que j’attends pour m’y mettre moi-même ? Et, je m’y suis mis à composer, écrire et chanter avec cette précieuse alliée : ma guitare et aussi une douce folie d’y croire.   J’irai même jusqu’à Monte-Carlo quelques années plus tard pour lui offrir en main propre mon troisième album, sur lequel figurait « Une jolie princesse dans ma rue ». Auparavant, Il y avait bien eu une ou deux réponses courtoises, où sa secrétaire, en nom de S.A.S.  me remerciait, mais sans plus comme pour un simple admirateur ou fan.   Mal m’en a pris !  Je me suis retrouvé dans les sous-sols de la police monégasque interrogé pendant près de trois heures, comme un suspect terroriste : empreintes digitales, photos de face et de profil avec un numéro.  La faute au départ, j’avais pris la route qui menait vers le Palais sur mon Honda 750 et n’avais pas vu l’interdiction aux motos...et j’aurais mieux fait de m’abstenir d’annoncer la raison de ma visite.  J’avais bien remarqué que l’officier communiquait par téléphone avec les préposés à la sécurité de la famille princière.  Les trois heures, c’était pour me faire comprendre le non desiderata de ma personne et me décourager définitivement. Sans doute que ma chanson réveillait une vieille déception sur sa démarche à Bruxelles en 1987.  Les Fleurs du mal, à part pour Baudelaire, n’eurent jamais le succès « Comme un ouragan » ...De méchantes critiques précisaient qu’elle avait tout pour arriver à rien.  Oui, je réveillais de vieux démons !

Et puis un autre hasard, dans une salle d’attente chez un médecin, un Paris Match ou le Soir illustré, je ne sais plus.  Un titre : une autre Princesse Stéphanie.

 Cela m’intrigua et lis l’article.  Arrière-petite-fille de Léopold 2, arrière-petite-cousine de sa Majesté le Roi Albert II, elle invitait les artistes dans son château un certain jour pour inaugurer la réouverture de son Orangerie restaurée.  Je m’empresserai de m’y rendre avec ma prestigieuse Black Panther (réplique de la SS 100 des années trente, ancêtre de la Jaguar. – SS après les Nazis on peut comprendre !)  Et ma guitare.  J’y interprèterai quelques-uns de mes airs assis sur les marches à l’extérieur parmi les nombreux invités présents...et cela avait dû l’intéresser, car elle me proposera de me produire pour un récital de chansons, ce fameux 2 décembre 1993.  

 Voilà ce fameux lien, pour te répondre, qui reliait ces deux princesses !   

Les hasards quoi !    


Lettre à SAS Stéphanie de Monaco

 Altesse, Souvenirs désenchantés, je m'en doute, pour votre passage à Bruxelles en 1987, vu que les Médias envieuses et donc, à mon humble avis, mal intentionnées ne comprenaient pas votre profond engagement à l'époque pour "Les Fleurs du Mal », qui, par contre, me sensibilisa et fut un des points déclencheurs de changer ma propre destinée. Je sais que Vous ne désirez pas rappeler ces circonstances, mais je dois obéir à ce besoin de Mémoire. Veuillez me pardonner.




1986, Sandra Kim gagne l'eurovision. L'année suivante le concours se passe à Bruxelles.
1987, trois minutes avant l'événement télévisé, Stéphanie de Monaco se fait filmer devant mon restaurant, le" Marenostrum", petite rue des bouchers, pour sa nouvelle chanson " Les Fleurs du mal"**.
Pour moi ce fut comme un message: "Si une princesse vient chanter devant ma porte, qu'est-ce que j'attendais pour reprendre mes chansons enfouies et ma guitare oubliée ?
Ce fut le déclic, je tournai le dos à la boutique et irai jusqu'à son palais de Monte-Carlo lui présenter cette mélodie et bien d'autres encore. Ma vraie vocation; je crois. Changement de vie totale !

**Les célèbres poèmes de Baudelaire...qui avait  résidé dans l'Impasse Aux Peaux, près de la Grand-Place et tout proche de la Petite rue des Bouchers (Celle-ci jusqu'en 1958  était le quartier  des lesbiennes d'où peut-être un lieu d'inspiration  et ce titre "Fleur du Mal")… Il faut savoir, en vue de l'Expo 58 à Bruxelles, la brigade des mœurs,  fera fermer les bars et cabarets qui constituaient la majorité des commerces de la  rue.  Fin des années cinquante dans cette maison  où  le poète vécut au siècle précédent, je précise,  était-ce le hasard?, au premier étage, un cabaret s'intitulait: "Le Grenier aux chansons". Quelle force mystérieuse avait donc poussé Stéphanie de Monaco?   Une stratégie médiatique ou l'intuition d'une artiste?  

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