lundi 29 juillet 2024

 

Souffle d’été, un Souvenir ...

 

Une anecdote qui me revient de trente ans auparavant, en vacances à Ténérife.

 .../...J’avais pris l’habitude journalière et matinale d’une promenade sportive, en sautant d’un rocher à l’autre au fond d’un petit canyon asséché pour rejoindre les plages de galets et plonger dans la fraîcheur des vagues de l’Atlantique.  Soudain, mon regard fut attiré par un petit arbrisseau, en très mauvaise posture, délogé sans doute par un léger éboulement de pierres.   Vu la couleur de ses feuilles encore bien vertes, il ne me donnait pas l’impression (très tète en l'air !)  de se résigner à mourir,  bien que ses racines (plus terre-à-terre) , exposées au soleil, semblassent crier au secours.  En voulant sauver la plante, je glissai la tête en bas, sur des caillasses aux arêtes tranchantes.  Ma dégringolade s’arrêta net près d’un vieux  seau abandonné.  Allais-je tirer la leçon, qu’il ne faille pas s’évertuer à vouloir enraciner ce qui ne l’est pas -  surtout quand on n’est pas qualifié - ?  Au contraire, ce hasard me fit rire...Le corps ensanglanté, je remontai la pente dangereuse avec l’ustensile rempli au préalable de bonnes terres, puisées dans le lit encore humide de ce ruisseau  occasionnel -  quand tombe la pluie providentielle - ; et replantai le végétal,  où il devrait se sentir plus en sécurité.   Je reparti cahin-caha, le corps alourdi par la douleur, mais le cœur léger.  Le sang battant aux tempes, activant la mémoire...En sifflotant, je pensais au poème de Victor Hugo :

                                                             « Après la bataille »

Mon père, ce héros au sourire si doux,

Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous

Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,

Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,

Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.

Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.

C’était un Espagnol de l’armée en déroute

Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,

Râlant, brisé, livide, et mort plus qu’à moitié,

Et qui disait : - À boire, à boire par pitié ! –

Mon père ému, tendit à son housard fidèle

Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,

Et dit : - Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. –

Tout à coup, au moment où le housard baissé

Se penchait vers lui, l’homme, une espèce de Maure,

Saisit un pistolet qu’il étreignait encore,

Et vise au front mon père en criant : Caramba !

Le coup passa si près que le chapeau tomba

Et que son cheval fit un écart en arrière.

-         Donne-lui tout de même à boire, dit mon père.

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