Une précision s’impose quant à
cet extrait de mon blog du 23 juin dernier :
.../... « La Vie devant soi », roman de Romain Gary,
serait peut-être bien ici, l’amorce qui donne un sens que j’appellerai trente
ans plus tard : « Mes paraboles » .../...
Il s’agissait de cette anecdote : la
petite abeille qui retrouvant sa vigueur grâce aux rayons du soleil, quittera
mon doigt et mon dinghy pour s’envoler vers la terre ferme des fleurs et des
pins parasols de Saint Jean Cap Ferrat, en fin septembre 1986... Delà germât
l’idée du « Phosomètre » (cette montre-bracelet qui fut gratifiée,
en 1991, d’une médaille de bronze au 19ième Salon des Inventions et
Techniques nouvelles de Genève). S.V.P, prière de revenir à mes états d’âme
« internautés » de deux jours plus tôt (2/07/24) : ma visite chez les ingénieurs hongkongais en
1987 pour présenter cette maquette. Mes lecteurs bienveillants - que je remercie
d’ailleurs - auraient parfaitement raison de me rétorquer que j’aurais pu y
retourner alors avec mon diplôme de Genève sous le bras pour mieux les
convaincre. Mais, chers amis, c’est ici,
que les Romains s’empoignèrent ...et que d’eau de 87 à 91 coula sous le
pont du Spirit of Sindbad. Pour
la petite histoire, avec un certain Jean-Louis Buclain qui me mènera (manipulera,
serait plus exacte) des Antilles jusque dans les mers australes de la Mélanésie.
(Oui fin 87, j’avais troqué mon Coloba, motor yacht idéal pour la Méditerranée,
que je barrais sans besoin d’assistance, en tout harmonie avec mon épouse et
mes enfants à bord, pour un voilier hauturier prêt à franchir les océans. L’aide
d’un marin expérimenté m’avait semblé plus sage, comme me l’avait conseillé ma
chère Hélène par téléphone...elle de Bruxelles et moi à Antibes – nous venions
de nous séparer...et, pas que... ma douleur me poussa vers le large, d'îles
lointaines aux Antipodes. En 87, je vois à la télévision Bernard Kouchner plaidant
la cause des Boat peoples vietnamiens qui fuyaient les Khmers rouges. Jean-Paul
Sartre, Raymond Aron, Simone Signoret et Yves Montand étaient présent sur le
plateau de la chaîne. Il était question
de récolter des fonds pour le navire-hôpital « Ville de Lumière » ;
et me suis dit alors : pourquoi pas moi, en plus avec un bateau pour aller
au secours de ces familles en exil et à la dérive?
.../...Les flots tumultueux ne sont pas les seuls ennemis
Tapis dans la mangrove, guettent des pirates thaïs
L’océan et les hommes se partagent les corps
Le
commerce des femmes va bon train dans les ports.../...
La question de mes périples en
mer, nous y reviendrons plus tard. Pour l’instant,
c’est de « La Vie devant soi », qui est aussi le titre d’un nouveau film (1986)
à l’époque, avec Simone Signoret à l’affiche. Affiche que nous remarquerons,
mon épouse et moi au détour d’un virage de la Moyenne Corniche nous menant vers
Monaco. Bien qu’à bord du Coloba, nous
ne manquâmes de confort, mon épouse adorait, de temps en temps, se plonger dans
une baignoire remplie d’eau légèrement chaude et mousseuse d’une suite d’un des
palaces de la Côte d’Azur ; se blottir ensuite sous la couette soyeuse ;
regarder un film télévisé et ensuite s’endormir dans mes bras. Ce voyage en
1986, en fait, était une sorte de pèlerinage.
En effet, quelques mois auparavant, l’oncologue, la Dre Henri de l’Institut
Bordet lui avait diagnostiqué un début de septicémie avec le risque que cela
tournât en leucémie et delà, une fin dans les deux à trois ans. Mais, ajouta-t-elle tout de même : « à
moins d’éliminer la cause ».
Dès lors, « éliminer la
cause » fut pour moi ma seule préoccupation...Je me mis à absorber
comme une éponge tout ce qui me semblait à la pointe médicale... pour en arriver,
après plus d’un an d’investigation, à tirer mes propres conclusions : notre
façon de nous nourrir habituellement semblait être un des agents des plus perturbateurs
du bon équilibre de la santé. Aussi voulant montrer l’exemple, fort de mes
démarches dans les milieux scientifiques traitant la question alimentaire, mais
aussi à l’écoute de témoignages paramédicaux (de l’avis d’un éminent docteur-écrivain (dont j’ai oublié le nom, mais pas son conseil) : « La santé est trop précieuse pour la
confier qu’aux seuls médecins », je me suis discipliné à ne quasi plus
cuire mes aliments, évitant les produits carnés et supprimer les boissons
alcoolisées. Le plus naturellement
possible était mon leitmotiv (d’où ma chanson « Un Homme, c’est
naturellement bon »)
...Et je me portais d’autant mieux. En moins de deux mois, sans l’avoir voulu, je fondis de plus de quinze kilos. C’est aussi alors que je repris ma guitare oubliée depuis près de vingt ans, suite à mon mariage en 1967. Ingrat que j’étais. Elle m’avait pourtant permis de prolonger mes vacances d’étudiant au début des années 60, à mes vingt ans, quand sur les terrasses de la Côte d’Azur, je chantais Brel, Aznavour et Brassens, etc.
Alors que c’était pour la mère de mes enfants
que je m’étais imposé cette façon de vivre, elle n’en démordait pas et
continuait à se nourrir comme à son habitude. Plutôt, elle s’inquiétait de son
mari dirigeant des restaurants.
Allait-il, suite à sa nouvelle philosophie, métamorphoser sa politique
commerciale, croyant naïvement pouvoir toujours attirer les consommateurs par
cette nouvelle approche ?
Effectivement, rien n’était moins sûr. Nous avions quand même près d’une
centaine de salariés et des engagements financiers assez important pour la dizaine
d’enseignes que nous exploitions. Pour
éviter d’être un imprécateur inconsciemment, et peut-être risquer la faillite
de nos affaires, je décidai de démissionner. Avant les années 90, cela aurait
été utopique de croire à une clientèle végane en suffisance pour assurer le
chiffre d’affaires.
Cependant, « La Vie
devant soi », titre évocateur par excellence devint l’enjeu d’un
pari. Ma dulcinée croyait dur comme fer
qu’il s’agissait du parcours autobiographique de Martin Gray, ce Juif polonais
qui avait échappé au ghetto de Varsovie, le seul survivant de sa famille
massacrée par les nazis...Mais aussi, au comble de son malheur, qu’il perdit sa
femme et ses quatre enfants dans l’incendie du Tanneron (Estérel) en octobre 70...
Son récit « Au nom de tous les
miens », aidé par Max Gallo, l’empêcha peut-être de se suicider. Quant à bibi, l’ayant lu quelques jours
auparavant en dernière pages du journal le Soir, avant notre départ pour
le Midi, je savais pertinemment bien que le film « La Vie devant soi »,
provenait de la plume du lauréat du prix Goncourt, Romain Gary pour « Les
racines du ciel » (également porté à l’écran en 1958 avec Errol Flynn
et Juliette Greco).
- Ma chérie, lui proposai-je, ayant pris pour ma part depuis quelques temps l’habitude d’une alimentation non cuite, sans artifice culinaire et cela pour l’aider à combattre cette menace de leucémie. En tout cas, ce traitement, le temps de voir alors, si sa santé avait des chances de s’améliorer.
Le perdant du pari
devrait jouer le jeu de l’autre quant à sa façon de se nourrir.
-
- D’accord, me
dit-elle.
-
–
Tu es bien sûre ?
-
En
fait, elle était tellement convaincue que j’allais perdre et remanger comme auparavant; et que tout rentrerait dans l’ordre.
Une heure plus tard, nous voilà à
Monaco dans une suite de l’hôtel du Louws (qui ne semble plus s’appeler
ainsi à ce jour). Quelques revues
touristiques gisent sur la table du salon, avec bien en évidence ce film de la
semaine « La Vie devant soi ».
Hélène déchante en découvrant le nom de Romain Gary... Pas un mot ne sortira
de sa bouche qui s’allongeât d’un coup...Et je sus alors qu’elle n’accepterait
pas de me suivre. Moi aussi, je ne dirai
rien ; me tournerai vers la fenêtre, observant des goélands et des pigeons
assoupis sur le toit d’en face, avec la sensation soudaine d’une chape lourde sur
notre couple.
Ce ne sera pas moi qu’elle
suivra, mais Michel, son nouveau thérapeute, recommandé par l’oncologue de
Bordet.
Bah, un médecin amoureux, c’est peut-être encore ce qu’il avait de mieux ! Des plus ou moins les mille jours prévus de sa finitude, elle se remariera avec le bon docteur pendant trente-trois ans de plus, jusqu’en septembre 2016. Paix à son âme!
Quant à moi avec ma guitare comme compagne sur mon bateau: le Départ
Qui tiennent l’esprit et le corps
Mais parfois on quitte tout ça
Je viens vous dire que je m’en vais
L'en empêcher elle en mourrait
Mais vous savez bien mieux que moi
Nomade d’instinct guitare au flanc
Par mes chansons je vis d’amour
Ta destinée n’est pas le vent
Laissant la place chaude à l’amant
Pour mes paroles et mélodies
Je ne m’en vais pas pour faire la guerre
La Terre entière face à vos murs
Qui tiennent l’esprit et le corps
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