jeudi 4 juillet 2024

 

Une précision s’impose quant à cet extrait de mon blog du 23 juin dernier :

.../... « La Vie devant soi », roman de Romain Gary, serait peut-être bien ici, l’amorce qui donne un sens que j’appellerai trente ans plus tard : « Mes paraboles » .../...

Il s’agissait de cette anecdote : la petite abeille qui retrouvant sa vigueur grâce aux rayons du soleil, quittera mon doigt et mon dinghy pour s’envoler vers la terre ferme des fleurs et des pins parasols de Saint Jean Cap Ferrat, en fin septembre 1986... Delà germât l’idée du « Phosomètre » (cette montre-bracelet qui fut gratifiée, en 1991, d’une médaille de bronze au 19ième Salon des Inventions et Techniques nouvelles de Genève).   S.V.P, prière de revenir à mes états d’âme « internautés » de deux jours plus tôt (2/07/24) :   ma visite chez les ingénieurs hongkongais en 1987 pour présenter cette maquette.   Mes lecteurs bienveillants - que je remercie d’ailleurs - auraient parfaitement raison de me rétorquer que j’aurais pu y retourner alors avec mon diplôme de Genève sous le bras pour mieux les convaincre.  Mais, chers amis, c’est ici, que les Romains s’empoignèrent ...et que d’eau de 87 à 91 coula sous le pont du Spirit of Sindbad.  Pour la petite histoire, avec un certain Jean-Louis Buclain qui me mènera (manipulera, serait plus exacte) des Antilles jusque dans les mers australes de la Mélanésie. (Oui fin 87, j’avais troqué mon Coloba, motor yacht idéal pour la Méditerranée, que je barrais sans besoin d’assistance, en tout harmonie avec mon épouse et mes enfants à bord, pour un voilier hauturier prêt à franchir les océans. L’aide d’un marin expérimenté m’avait semblé plus sage, comme me l’avait conseillé ma chère Hélène par téléphone...elle de Bruxelles et moi à Antibes – nous venions de nous séparer...et, pas que... ma douleur me poussa vers le large, d'îles lointaines aux Antipodes. En 87, je vois à la télévision Bernard Kouchner plaidant la cause des Boat peoples vietnamiens qui fuyaient les Khmers rouges. Jean-Paul Sartre, Raymond Aron, Simone Signoret et Yves Montand étaient présent sur le plateau de la chaîne.  Il était question de récolter des fonds pour le navire-hôpital « Ville de Lumière » ; et me suis dit alors : pourquoi pas moi, en plus avec un bateau pour aller au secours de ces familles en exil et à la dérive?

.../...Les flots tumultueux ne sont pas les seuls ennemis

Tapis dans la mangrove, guettent des pirates thaïs

L’océan et les hommes se partagent les corps

Le commerce des femmes va bon train dans les ports.../...

La question de mes périples en mer, nous y reviendrons plus tard.  Pour l’instant, c’est de « La Vie devant soi »,  qui est aussi le titre d’un nouveau film (1986) à l’époque, avec Simone Signoret à l’affiche. Affiche que nous remarquerons, mon épouse et moi au détour d’un virage de la Moyenne Corniche nous menant vers Monaco.  Bien qu’à bord du Coloba, nous ne manquâmes de confort, mon épouse adorait, de temps en temps, se plonger dans une baignoire remplie d’eau légèrement chaude et mousseuse d’une suite d’un des palaces de la Côte d’Azur ; se blottir ensuite sous la couette soyeuse ; regarder un film télévisé et ensuite s’endormir dans mes bras. Ce voyage en 1986, en fait, était une sorte de pèlerinage.  En effet, quelques mois auparavant, l’oncologue, la Dre Henri de l’Institut Bordet lui avait diagnostiqué un début de septicémie avec le risque que cela tournât en leucémie et delà, une fin dans les deux à trois ans.  Mais, ajouta-t-elle tout de même : « à moins d’éliminer la cause ». 

Dès lors, « éliminer la cause » fut pour moi ma seule préoccupation...Je me mis à absorber comme une éponge tout ce qui me semblait à la pointe médicale... pour en arriver, après plus d’un an d’investigation, à tirer mes propres conclusions : notre façon de nous nourrir habituellement semblait être un des agents des plus perturbateurs du bon équilibre de la santé. Aussi voulant montrer l’exemple, fort de mes démarches dans les milieux scientifiques traitant la question alimentaire, mais aussi à l’écoute de témoignages paramédicaux (de l’avis d’un éminent docteur-écrivain  (dont j’ai oublié le nom, mais pas son conseil) : « La santé est trop précieuse pour la confier qu’aux seuls médecins », je me suis discipliné à ne quasi plus cuire mes aliments, évitant les produits carnés et supprimer les boissons alcoolisées.  Le plus naturellement possible était mon leitmotiv (d’où ma chanson « Un Homme, c’est naturellement bon »)

 ...Et je me portais d’autant mieux.  En moins de deux mois, sans l’avoir voulu, je fondis de plus de quinze kilos.  C’est aussi alors que je repris ma guitare oubliée depuis près de vingt ans, suite à mon mariage en 1967.  Ingrat que j’étais.  Elle m’avait pourtant permis de prolonger mes vacances d’étudiant au début des années 60, à mes vingt ans, quand sur les terrasses de la Côte d’Azur, je chantais Brel, Aznavour et Brassens, etc. 

 Alors que c’était pour la mère de mes enfants que je m’étais imposé cette façon de vivre, elle n’en démordait pas et continuait à se nourrir comme à son habitude. Plutôt, elle s’inquiétait de son mari dirigeant des restaurants.  Allait-il, suite à sa nouvelle philosophie, métamorphoser sa politique commerciale, croyant naïvement pouvoir toujours attirer les consommateurs par cette nouvelle approche ?  Effectivement, rien n’était moins sûr. Nous avions quand même près d’une centaine de salariés et des engagements financiers assez important pour la dizaine d’enseignes que nous exploitions.  Pour éviter d’être un imprécateur inconsciemment, et peut-être risquer la faillite de nos affaires, je décidai de démissionner. Avant les années 90, cela aurait été utopique de croire à une clientèle végane en suffisance pour assurer le chiffre d’affaires.

 

Cependant, « La Vie devant soi », titre évocateur par excellence devint l’enjeu d’un pari.  Ma dulcinée croyait dur comme fer qu’il s’agissait du parcours autobiographique de Martin Gray, ce Juif polonais qui avait échappé au ghetto de Varsovie, le seul survivant de sa famille massacrée par les nazis...Mais aussi, au comble de son malheur, qu’il perdit sa femme et ses quatre enfants dans l’incendie du Tanneron (Estérel) en octobre 70...  Son récit « Au nom de tous les miens », aidé par Max Gallo, l’empêcha peut-être de se suicider.    Quant à bibi, l’ayant lu quelques jours auparavant en dernière pages du journal le Soir, avant notre départ pour le Midi, je savais pertinemment bien que le film « La Vie devant soi », provenait de la plume du lauréat du prix Goncourt, Romain Gary pour « Les racines du ciel » (également porté à l’écran en 1958 avec Errol Flynn et Juliette Greco).  

-         Ma chérie, lui proposai-je, ayant pris pour ma part depuis quelques temps l’habitude d’une alimentation non cuite, sans artifice culinaire et cela pour l’aider à combattre cette menace de leucémie. En tout cas, ce traitement, le temps de voir alors, si sa santé avait des chances de s’améliorer.

Le perdant du pari devrait jouer le jeu de l’autre quant à sa façon de se nourrir.

-         - D’accord, me dit-elle.

-         Tu es bien sûre ?

-         En fait, elle était tellement convaincue  que j’allais perdre et remanger comme auparavant; et que tout rentrerait dans l’ordre.  

Une heure plus tard, nous voilà à Monaco dans une suite de l’hôtel du Louws (qui ne semble plus s’appeler ainsi à ce jour).  Quelques revues touristiques gisent sur la table du salon, avec bien en évidence ce film de la semaine « La Vie devant soi ».  Hélène déchante en découvrant le nom de Romain Gary... Pas un mot ne sortira de sa bouche qui s’allongeât d’un coup...Et je sus alors qu’elle n’accepterait pas de me suivre.  Moi aussi, je ne dirai rien ; me tournerai vers la fenêtre, observant des goélands et des pigeons assoupis sur le toit d’en face, avec la sensation soudaine d’une chape lourde sur notre couple.

Ce ne sera pas moi qu’elle suivra, mais Michel, son nouveau thérapeute, recommandé par l’oncologue de Bordet.

Bah, un médecin amoureux, c’est peut-être encore ce qu’il avait de mieux !   Des plus ou moins les mille jours prévus de sa finitude, elle se remariera avec le bon docteur pendant trente-trois ans de plus, jusqu’en septembre 2016. Paix à son âme! 

      Quant à moi   avec ma guitare comme compagne sur mon bateau: le Départ 


Cliquez ici pour écouter Départ

arrangements: Alan Booth




Départ


Bien sûr qu’il y a des liens très fort  
Qui tiennent l’esprit et le corps
On ne sait pas toujours pourquoi  
Mais parfois on quitte tout ça
Couplet 1 :
Écoutez-moi frères et amis 
Je viens vous dire que je m’en vais
Comme l’hirondelle vers le Midi 
L'en empêcher elle en mourrait
Pardon ma mère, pardon mon père 
Mais vous savez bien mieux que moi
Même si les hommes sont solidaires
Chacun doit suivre sa propre voie
Refrain
Suis-je un de ces fils du vent  
Nomade d’instinct guitare au flanc
À la manière des troubadours 
Par mes chansons je vis d’amour
Couplet 2 :
Et toi ma femme qui ne veux suivre  
Ta destinée n’est pas le vent
Je partirai seul sans rien dire 
Laissant la place chaude à l’amant
Je vous laisserai mon peu de fortune  
Pour mes paroles et mélodies
Les braves gens me donneront la tune
C’est ma façon de gagner ma vie
Refrain 2
Couplet 3 :
Les sédentaires gardiens de frontières 
Je ne m’en vais pas pour faire la guerre
Mais regardez comment se meurt 
La Terre entière face à vos murs
Bien sûr qu’il y a des liens très fort  
Qui tiennent l’esprit et le corps
On ne sait pas toujours pourquoi
Mais parfois on quitte tout ça

Ma foi… ma voie !



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