Ici commence mon histoire…
D’abord, pourquoi cette appellation
« J’avais tout faux » ?
Curieux, inattendu, voire insolite…Certainement pas ce qui convient le mieux
pour intéresser un éventuel éditeur …Qui aurait envie de lire un auteur
annonçant son échec ?
Or à ce jour de fin de vie - et cette fois
j’énonce une certitude par ces trois mots « fin de vie » que l’on peut comprendre dans les deux sens,
soit d’une manière générale : la planète avec sa diversité d’êtres vivants,
dont nous les simples mortels, capables d’envoyer Juno photographier Jupiter à 500 millions de kilomètres (ce qui prouve et m’émerveille de la puissance du cerveau humain) et celle, à titre individuel, de mes pensées
illusoires par ce « moi je » en
prime; bref la fin de mon « être ,
avec cette faiblesse de croire que cela
puisse intéresser l’autrui - .
Pour l’instant, voyons ce qui est à puiser de
toute cette accumulation d’erreurs qui m’ont finalement suggéré ce titre.
Petite rétrospective !
Né en plein bombardements à
Bruxelles, le 6 juin 42 ; ma mère m'avait dit qu’à chaque alerte elle se blottissait sous le
lit, nous serrant, avec René mon frère aîné de 18 mois, dans ses bras,
nous protégeant sous le lit : « - s’il y a une bombe, on mourra tous ensemble ! »
…On ne séjournera pas
longtemps dans la capitale, continuellement en état d’alerte suite aux
incessants raids aériens des Alliés sous l’Occupation. J’avais six mois lorsque notre père issu d’un
pays neutre, le Portugal, nous embarqua dans le dernier train partant de
Bruxelles via Lisbonne, début 1943.
Pas si neutre que ça le petit Portugais
(1m62), dessinateur, fraîchement sorti de l’Institut de Polytechnique de
Solboche!
Près de
Vilvorde, l’usine d’Haarlem fabrique des moteurs d’avion pour le compte de
l’armée allemande. Il eut l’idée de dessiner l’implantation exacte
de ces ateliers réquisitionnés par la Luftwaffe. Ces croquis
détaillés furent cachés dans mes couches culottes pendant le voyage en train
pour être remis à des agents secrets de l’Intelligence Service à Lisbonne.
Une autre inquiétude de mes parents,
c’est qu’une certaine Georgette Fronville, (le nom de ma mère), une jeune femme
juive voyagea dans ce même train quelques jours auparavant. Enfin les différents contrôles du duplicata, avec
un nourrisson qui braille – c’était ma mission -, ça aide. Même pour les nazis, les hurlements d’un bébé,
peuvent être insupportable !
Plus tard,
on viendra féliciter l’opportun espion. Grâce
à lui, l’usine fut détruite sans dégât aux alentours ... Ce qui ajoutera du
bonheur au jeune papa qui retrouvait sa patrie, quittée à l’âge de neuf ans.
- Don
Alfredo César Salles, notre grand-père, notable de Santarem, ruiné suite à un
incendie qui ravagea ses terres, fut engagé en 1929 par la société Macadam en
tant que contremaître pour participer à la construction des routes du littoral
en Belgique. Il emmena évidemment sa famille et quelques-uns de ses
fidèles ouvriers. Suite à un AVC, il mourut dans un hospice à
Bruxelles en 1939, à l’âge de soixante-trois ans.
Au début des
années quatre-vingts, J’avais un jour griffonné un petit texte en voyant les
querelles politiques entre les Flamands et les Wallons qui se disputaient
Bruxelles :
« Pendant que des Flamands creusaient les mines wallonnes,
que des Wallons fouillaient le sol du Congo, mon grand-père portugais traçait
des routes en Flandre. En tant que Bruxellois, ne me demandez pas de
choisir entre la Flandre et la Wallonie, comme un enfant qui devrait le faire
entre son père et sa mère. Parfois je tourne les yeux vers le Sud, vers ce
Portugal dont je ne parle même plus la langue ».
De
ces presque quatre années passées à Lisbonne, trop petit, il me reste que très
peu de souvenirs. Maman travailla à la banque alimentaire du Consulat
belge, pour expédier des colis vers la Belgique ; Papa assuma la
comptabilité et le secrétariat d’un certain Dr. Keusler, propriétaire d’une usine
fabriquant des châssis et portes ; il gagna également le premier prix
national pour un dessin publicitaire vantant les qualités des citrons… Cela ressemblait
étrangement à une planche à voile. Et encore, que nos parents s’étaient
séparés… Qu’après la guerre, notre mère et nous, ses enfants de 4 et 6
ans, reviendront en Belgique sans le père qui nous rejoindra néanmoins en 1947.
Tant bien que
mal, René et moi avions essayé de consoler cette maman, très souvent en pleurs,
dans cette maison en face de la gare de l’Est à Nivelles, hébergés depuis près
de deux ans chez notre grand-mère maternelle où nous n’étions pas tellement
bien accueillis. Mon frère et moi n’avions pu connaître grand-père
Georges, mort à trente-six ans, alors que sa fille n’avait que douze ans. Notre aïeul, trompettiste à ses heures,
diabétique devenu aveugle, avant de mourir ne verra pas les larmes de la jeune
virtuose au piano.
La
bonne-maman, après un veuvage de trois ans, s’était remariée avec un certain
Lucien, divorcé à la suite d’une triste histoire d’inceste, ayant surpris son
ex-épouse avec son propre père. Ce qui avait dû donner des idées à
cet homme perturbé, car notre maman aussi, à l’âge de quinze ans, - sans jamais
le dévoiler à sa mère - s’était enfuie chez tante Élise à Bruxelles pour
échapper aux avances de ce beau-père. Bénie cette tante Élise qui lui
permit ainsi de finir ses études de secrétaire, sténodactylo!
-Une Fronville ne devient pas une servante,
lui avait-elle dit en l’accueillant !
Par contre sa propre mère l’avait reléguée à ce
statut et nurse de ses demi-sœur et frère, Lucienne et Hubert, à peine un peu
plus âgés que nous. Ce dernier visait nos fesses, avec sa
carabine à plombs. Heureusement
Papa viendra nous délivrer de cette ambiance malsaine, et nous partirons à
Ixelles, avenue des Saisons, juste en face de l’hôpital où naquit Claudine,
notre petite sœur, le 4 octobre 1947 !
-
(à suivre)
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