Il
était une fois au cœur de Bruxelles
Toujours
en souvenir de Corroy-le-Grand avant 1950.
De cette
fratrie de douze enfants, dont la marraine Esther était l’aînée et mon
grand-père Georges, le cadet, ne succédera qu’une fille, Georgette, ma mère et
Marcel, son cousin germain. Il y avait
donc de l’amour à revendre dont René et moi profitions de ces deux
grands-tantes sans enfants. Heureusement, Lucio, palliera à ce manque
d’héritiers. Georgette, leur nièce
chérie mettra au monde sept descendants dont des jumeaux (Jean-Luc et
Jean-Marie) ; Paul le cadet le restera car hélas !, le dernier enfant,
une petite Martine de plus de quatre kilos s’est étouffée par le cordon
ombilical quatre jours avant la naissance, le seize octobre 1956. Et tout à basculer dans nos vies. Cette maman au foyer, de trente-six ans, pour
échapper à sa profonde tristesse décida de trouver un emploi - peut-être
plus celui de secrétaire dans un cabinet d’avocat, avant nos naissances et la
fuite au Portugal en 1943, suite à l’Invasion allemande -, mais comme vendeuse-démonstratrice
aux Galeries Ansbach au centre de Bruxelles. Et ainsi a jailli dans la tête de mon père
l’idée d’ouvrir un restaurant.
« - Si tu
veux travailler, alors pourquoi pas ensemble en ouvrant un
restaurant ? »
« - Un restaurant, avec six
enfants ! Mais vous êtes
fous ! », s’exclamera Maître
Rubens, parrain de mon père baptisé à seize ans. Mon grand-père, tout Portugais qu’il était,
n’en était pas moins complètement athée.
In fine il céda aux arguments
de l’avocat et de sa femme très catholiques ; surtout que ces derniers
n’ayant pu avoir d’enfant, admiratifs de ce jeune Portugais très studieux, le
considéraient comme leur fils. Il est
vrai qu’il brillait pour ses études de violon, de dessin à l’Académie des
Beaux-Arts, et ses cours de Polytechniques (interrompus par la guerre) pour
devenir ingénieur à l’Institut Solboche.
Ils l’avaient déjà aidé
financièrement en 1951, afin de lui permettre de créer « Tricork »,
son bureau d’étude pour la fabrication de portes en lamellé de liège, brevet
venant du Portugal… et il est possible qu’ils auront encore donné un petit coup
de pouce pour l’ouverture du restaurant « le Mouton d’Or » au 21 Petite rue des Bouchers. Et ainsi un quartier morbide interdit des
bas-fonds de Bruxelles, d’avant 1958, où le commerce de la prostitution régnait
en maître, se métamorphosa, en très peu de temps, en un cœur gastronomique de la
future capitale de l’Europe, dont ce paternel en était l’un des précurseurs européens,
par son slogan « Manger portugais
dans le plus parisiens des restaurants bruxellois », qui attira tous
les artistes et stars de l’époque.
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