lundi 15 avril 2019

Mais le vieil homme et la mer ...trente ans auparavant,  se rappelle 


Le Spirit of Sindbad est au mouillage dans le canal qui départage la capitale des Bahamas, face au Club Med, notre point de rencontre.   J’arrivais d’Orly la veille au soir et donc impossible dans l’obscurité de trouver le bateau.  En plus, pas moyen de pouvoir loger dans le village des gentils organisateurs (les GO) -, finalement pas si gentils que ça - pour me trouver juste une petite place pour la nuit. Je pensais donc dormir à la belle étoile sur la berge, et dès les premières lueurs, scruter les navires au mouillage. Mais cela me fut fortement déconseillé si, au matin, j’espérais me réveiller sans avoir été dépouillé de mes affaires.   Un taxi me conduira dans le premier hôtel à proximité. Nuit très intéressante, car j’avais pu griffonner une nouvelle chanson « La Vie après la mort, c’est vraiment l’aventure ».   Dans l’avion, j’avais parcouru un article concernant les enquêtes criminelles :  des Macabées découverts dans les bois grâce aux insectes. Moins d’une semaine auparavant, nous avions enterré mamy, notre grand-mère paternelle, éteinte à quatre-vingt-sept ans.  À ma demande, mon père, son fils unique, placera cette épitaphe :
« Une grand-mère portugaise enterrée ici,
C’est un peu la pureté du Portugal en terre brabançonne »

Elle devait normalement se faire incinérer, mais sous mon insistance    sera inhumée au cimetière de Wavre.  Quelques lectures avaient sérieusement conforté mes propres convictions quant à la suite à donner à notre corps après le trépas (oui, un passage),  notamment les ouvrages de Konrad Lorenz, zoologiste autrichien, prix Nobel de Physiologie et médecine en 1973, et du naturaliste Théodore Monod.  J’ai vraiment eu l’impression que de l’au-delà mon aïeule m’avait soufflé ces mots :

La Vie après la mort c’est vraiment l’Aventure
(Pas encore enregistrée)

Quand Jésus passa là, expliquant toute la vie,
Mais les hommes trop gourmands n’ont pas bien compris.
Ils le mirent sur la croix, inventant une foi ;
Refoulant leur instinct.  Pourtant bonne thérapie !
Écoutez les vivants qui me croyez déjà mort.
J’ai encore dans le corps des milliards d’êtres forts (ADN),
Qui préparent leur voyage emportant leur trésor,
Par l’insecte ou bien l’eau comme moyen de transport.
Refrain :
La Vie après la mort, c’est vraiment l’aventure !
Ne me mettez pas en boite isolé de la terre.
Si vous ne pouvez pas, jetez-moi à la mer.
Surtout ne me brûlez pas !  C’est peut-être l’enfer.

Il y en a qui s’en vont se cacher des vivants ;
Disparaissent dans les airs ou au fond des océans.
Ceux qui se sont sauvés, voyant ces enterrements,
Ont préservé leur corps de ces commerces florissants.

En lisant l’évangile de cet homme sur la croix,
Paraît-il que jamais on ne retrouva son corps.
Symbolique ou non ça conforte ma foi,
De protéger ma chair même après ma mort.

Refrain …

Il est clair que cet air n’est pas très romantique.
À mon corps défendant ça me vient de l’inconscient.
Ah, cette plume qui défie les coutumes!
Si l‘idée n’est pas bonne, que les dieux me pardonnent.

Qui voudrait que sa fin soit une longue agonie ;
Trépasser en souffrant ou pire encore par ennui ?
Finalement, je préfère tomber face aux fusils.
Vaut mieux mourir vivant que vivre mort en sursis.

Refrain…

Mais encore bien vivant ici-bas je peux dire :
Le but de ce chant   a pour but de faire rire.
N’est-ce pas ce qu’il y a de mieux pour le bien des mortels?
Qu’on l’entende en tout lieu   et devienne une   ritournelle!

Mais quand dans l’au-delà débarquera mon âme,
Trouverais-je la réponse à ces lois qui condamnent
Les élans les idées survolant les frontières
Des États languissants qui perturbent la terre


Ces États…Ces États !!!
Et nos décideurs dans tout ça ?

Font-ils bien ou mal? Accabler l’un, faire l’éloge de l’autre. Qui peut le définir ?  D’après Dante, pour définir ce qui est Bien, il faut connaître le Mal ; casse-tête pour nos législateurs.  Quelle est la ligne de conduite idéale ?  Encore qu’en politique, selon Machiavel, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal.  

Me voilà donc pour ce premier réveil aux Bahamas à la recherche de mon bateau, que j’aperçois finalement assez éloigné au milieu du canal.    Pour m’en approcher, je longe la berge sur deux ou trois cents mètres pour être plus ou moins juste en face, bien qu’il soit toujours à plus d’un quart de mille du rivage.   Je m’installe calmement sous un cocotier, quitte à passer la journée, pour contempler à la jumelle le cotre pour la première fois dans son élément : la mer, - plus sur un ber à sec dans un chantier bruyant -.  Là, au milieu de ce qui ressemble à un long fleuve tranquille, le Spirit of Sindbad semble sommeiller.  Instant magique que pouvoir contempler mon beau vaisseau.

 Enfin, il allait me porter vers ces horizons lointains qui me rappellent ce poème de Victor Hugo :

Océano Nox

Oh !  Combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis !

Combien ont disparu, dure et triste fortune
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !

Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots !

Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée.
Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ;
L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots !...

…Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?
Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !

Toi, le poète qui sensibilisa ce 19ième Siècle, visionnaire, prophète!
Ta mémoire, ta pensée gravée sur la face sud de la colonne, érigée à ta mémoire, sur la morne plaine de Waterloo, face à la butte surplombée du Lion regardant la France.
Un jour viendra Où Il n'y Aura Plus
d'Autres Champs De Bataille Que
Les Marchés s'Ouvrant Au Commerce
Et Les Esprits s'Ouvrant Aux Idées
(Paris 22 août 1849,  discours au Congrès de la Paix)

Hélas, nous savons, qu’au 20ième Siècle, ce furent des champs de batailles pires encore !         En calquant la cadence et les rimes d’Océano Nox, voici un pamphlet au secours des « Gilets jaunes ».    D’accord, ça n’apportera pas encore la réponse : « du pourquoi la politique est-elle seule à décider de tout ? »  Justement la grande polémique qui ébranle la France tous les samedis depuis trois mois !
 

« On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensées qui les ont engendrés », (relativisait Albert Einstein).



Politico-Nox

Oh !  Combien de thèses, combien d’hypothèses
Qui sont parties joyeuses pour qu’on soit plus à l’aise,
Dans ce morne inconscient, se sont endormies !

Combien ont disparu, dans une triste cellule,
Suite à des débats houleux, mais entourés de bulles,
Sous d’aveugles convictions à jamais enfouies !

Combien de lettres mortes avec tant de messages,
L’ouragan des avis a chassé toutes les pages
Et d’un souffle il a tout chamboulé dans le lot !
Nul ne sera assez fin pour comprendre liberté.
Chaque achat, sans merci, obligera à travailler,
L’un pour le crédit, l’autre pour les impôts !...

…Où sont-ils les malins sombrés la nuit dans les bars ?
Suppôts de Satan qui soufflent les bougies de l’espoir,
Dans les bistrots redoutés des maires en courroux,
Vous leur envoyez des policiers armés,
Et c’est ce qui nous fait ces lois désespérées
Qui obligent le peuple à souffrir à genoux.

Oui, trouver un nouveau mode de pensée en politique, me semblerait une bonne idée. Mon souhait ?  Que les décideurs soient des hommes hors du commun, des stoïciens en quelque sorte.  L’instauration des lois ne devrait-elle pas jaillir de cerveaux en symbiose avec la nature, avec tout le règne du vivant, à l’abri de l’influence de la grande Histoire humaine, parsemée d’erreurs.  Sans tomber dans la dictature, il me semble que la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et justice), garante de la démocratie, est loin d’être suffisante si les élus ne sont que le reflet de populations affaiblies à la merci du consumérisme à outrance.  Déjà quant à la question de la façon de nous nourrir, mais aussi, ce que je trouve déplorable et fragilise la position gouvernementale, c’est que l’Opposition est là continuellement à critiquer toutes les décisions prises… et ainsi ne fait qu’accentuer le trouble.  Évidemment, nous l’espérons tous - ce que nous chantent les ténors à la recherche d’électeurs -  nous rêvons d’un Gouvernement attentif au bien-être des citoyens !   Oui je prône pour des décideurs stoïques, atteignant dès lors cette capacité d’éveil qui leur permettraient de prendre les bonnes décisions dans l’intérêt général.

Pour rappel, le stoïcien, un sage qui met son comportement en pleine conformité avec l’ordre naturel.

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