Le Spirit
of Sindbad est au mouillage dans le canal qui départage la capitale des Bahamas, face
au Club Med, notre point de rencontre.
J’arrivais d’Orly la veille au soir et donc impossible dans l’obscurité
de trouver le bateau. En plus, pas moyen
de pouvoir loger dans le village des gentils organisateurs (les GO) -,
finalement pas si gentils que ça - pour me trouver juste une petite place
pour la nuit. Je pensais donc dormir à la belle étoile sur la berge, et dès les
premières lueurs, scruter les navires au mouillage. Mais cela me fut fortement
déconseillé si, au matin, j’espérais me réveiller sans avoir été dépouillé de
mes affaires. Un taxi me conduira dans
le premier hôtel à proximité. Nuit très intéressante, car j’avais pu griffonner
une nouvelle chanson « La Vie après la mort, c’est vraiment
l’aventure ». Dans
l’avion, j’avais parcouru un article concernant les enquêtes criminelles :
des Macabées découverts dans les bois
grâce aux insectes. Moins d’une semaine auparavant, nous avions enterré mamy,
notre grand-mère paternelle, éteinte à quatre-vingt-sept ans. À ma demande, mon père, son fils unique,
placera cette épitaphe :
« Une grand-mère
portugaise enterrée ici,
C’est un peu la pureté
du Portugal en terre brabançonne »
Elle devait normalement se faire
incinérer, mais sous mon insistance sera
inhumée au cimetière de Wavre. Quelques
lectures avaient sérieusement conforté mes propres convictions quant à la suite
à donner à notre corps après le trépas (oui, un passage), notamment les ouvrages de Konrad Lorenz,
zoologiste autrichien, prix Nobel de Physiologie et médecine en 1973, et du naturaliste Théodore Monod. J’ai vraiment eu l’impression que de l’au-delà mon aïeule
m’avait soufflé ces mots :
La Vie
après la mort c’est vraiment l’Aventure
(Pas encore
enregistrée)
Quand Jésus passa là, expliquant toute la vie,
Mais les hommes trop gourmands n’ont pas bien compris.
Ils le mirent sur la croix, inventant une foi ;
Refoulant leur instinct.
Pourtant bonne thérapie !
Écoutez les vivants qui me croyez déjà mort.
J’ai encore dans le corps des milliards d’êtres forts
(ADN),
Qui préparent leur voyage emportant leur trésor,
Par l’insecte ou bien l’eau comme moyen de transport.
Refrain :
La Vie après la mort, c’est vraiment
l’aventure !
Ne me mettez pas en boite isolé de
la terre.
Si vous ne pouvez pas, jetez-moi à
la mer.
Surtout ne me brûlez pas ! C’est peut-être l’enfer.
Il y en a qui s’en vont se cacher des vivants ;
Disparaissent dans les airs ou au fond des océans.
Ceux qui se sont sauvés, voyant ces enterrements,
Ont préservé leur corps de ces commerces florissants.
En lisant l’évangile de cet homme sur la croix,
Paraît-il que jamais on ne retrouva son corps.
Symbolique ou non ça conforte ma foi,
De protéger ma chair même après ma mort.
Refrain …
Il est clair que cet air n’est pas très romantique.
À mon corps défendant ça me vient de l’inconscient.
Ah, cette plume qui défie les coutumes!
Si l‘idée n’est pas bonne, que les dieux me pardonnent.
Qui voudrait que sa fin soit une longue agonie ;
Trépasser en souffrant ou pire encore par ennui ?
Finalement, je préfère tomber face aux fusils.
Vaut mieux mourir vivant que vivre mort en sursis.
Refrain…
Mais encore bien vivant ici-bas je peux dire :
Le but de ce chant
a pour but de faire rire.
N’est-ce pas ce qu’il y a de mieux pour le bien des
mortels?
Qu’on l’entende en tout lieu et devienne une ritournelle!
Mais quand dans l’au-delà débarquera mon âme,
Trouverais-je la réponse à ces lois qui condamnent
Les élans les idées survolant les frontières
Des États languissants qui perturbent la terre
Ces États…Ces
États !!!
Et nos
décideurs dans tout ça ?
Font-ils
bien ou mal? Accabler l’un, faire l’éloge de l’autre. Qui peut le
définir ? D’après Dante, pour définir
ce qui est Bien, il faut connaître le Mal ; casse-tête pour nos
législateurs. Quelle est la ligne de conduite idéale ? Encore qu’en politique, selon Machiavel, le
choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre
mal.
Me voilà donc pour ce premier réveil
aux Bahamas à la recherche de mon bateau, que j’aperçois finalement assez
éloigné au milieu du canal. Pour m’en
approcher, je longe la berge sur deux ou trois cents mètres pour être plus ou moins
juste en face, bien qu’il soit toujours à plus d’un quart de mille du rivage. Je m’installe calmement sous un cocotier,
quitte à passer la journée, pour contempler à la jumelle le cotre pour la
première fois dans son élément : la mer, - plus sur un ber à sec dans un
chantier bruyant -. Là, au milieu de ce
qui ressemble à un long fleuve tranquille, le Spirit of Sindbad semble sommeiller. Instant magique que pouvoir contempler mon
beau vaisseau.
Enfin, il allait me porter vers ces horizons
lointains qui me rappellent ce poème de Victor Hugo :
Océano Nox
Oh ! Combien de marins,
combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !
Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages
Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée.
Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ;
L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots !...
…Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits
noires ?
Ô flots, que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !
Toi, le
poète qui sensibilisa ce 19ième Siècle, visionnaire, prophète!
Ta mémoire,
ta pensée gravée sur la face sud de la colonne, érigée à ta mémoire, sur la morne plaine de Waterloo, face à la
butte surplombée du Lion regardant la France.
Un jour viendra Où Il n'y
Aura Plus
d'Autres Champs De Bataille Que
Les Marchés s'Ouvrant Au Commerce
Et Les Esprits s'Ouvrant Aux Idées
(Paris 22 août 1849, discours au Congrès de la Paix)
d'Autres Champs De Bataille Que
Les Marchés s'Ouvrant Au Commerce
Et Les Esprits s'Ouvrant Aux Idées
(Paris 22 août 1849, discours au Congrès de la Paix)
Hélas, nous savons, qu’au
20ième Siècle, ce furent des champs de batailles pires
encore ! En calquant la
cadence et les rimes d’Océano Nox, voici un pamphlet au secours des « Gilets
jaunes ». D’accord, ça
n’apportera pas encore la réponse :
« du pourquoi la politique est-elle
seule à décider de tout ? »
Justement la grande polémique qui ébranle la France tous les samedis
depuis trois mois !
« On ne résout pas
les problèmes avec les modes de pensées qui les ont engendrés », (relativisait Albert Einstein).
Politico-Nox
Oh ! Combien de thèses, combien d’hypothèses
Qui sont parties joyeuses pour qu’on
soit plus à l’aise,
Dans ce morne inconscient, se sont
endormies !
Combien ont disparu, dans une triste
cellule,
Suite à des débats houleux, mais
entourés de bulles,
Sous d’aveugles convictions à jamais
enfouies !
Combien de lettres mortes avec tant
de messages,
L’ouragan des avis a chassé toutes
les pages
Et d’un souffle il a tout chamboulé
dans le lot !
Nul ne sera assez fin pour comprendre
liberté.
Chaque achat, sans merci, obligera à
travailler,
L’un pour le crédit, l’autre pour les
impôts !...
…Où sont-ils les malins sombrés la
nuit dans les bars ?
Suppôts de Satan qui soufflent les
bougies de l’espoir,
Dans les bistrots redoutés des maires
en courroux,
Vous leur envoyez des policiers
armés,
Et c’est ce qui nous fait ces lois
désespérées
Qui obligent le peuple à souffrir à
genoux.
Oui, trouver un nouveau mode de pensée en politique, me
semblerait une bonne idée. Mon souhait ?
Que les décideurs soient des hommes hors du commun, des stoïciens en
quelque sorte. L’instauration des lois
ne devrait-elle pas jaillir de cerveaux en symbiose avec la nature, avec tout
le règne du vivant, à l’abri de l’influence de la grande Histoire humaine,
parsemée d’erreurs. Sans tomber dans la
dictature, il me semble que la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et
justice), garante de la démocratie, est loin d’être suffisante si les élus ne
sont que le reflet de populations affaiblies à la merci du consumérisme à
outrance. Déjà quant à la question de la
façon de nous nourrir, mais aussi, ce que je trouve déplorable et fragilise la
position gouvernementale, c’est que l’Opposition est là continuellement à
critiquer toutes les décisions prises… et ainsi ne fait qu’accentuer le trouble. Évidemment, nous l’espérons tous - ce que nous
chantent les ténors à la recherche d’électeurs - nous rêvons d’un Gouvernement attentif au bien-être
des citoyens ! Oui je prône pour des décideurs stoïques, atteignant
dès lors cette capacité d’éveil qui leur permettraient de prendre les bonnes
décisions dans l’intérêt général.
Pour rappel, le stoïcien, un sage qui met son comportement
en pleine conformité avec l’ordre naturel.
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