samedi 29 mai 2021
dimanche 23 mai 2021
Passé, présent...quant au futur, je ne sais pas!
Brel chantait : "Mais je sais que je t'aime encore" pour conclure à tout ce qu'il ne savait pas. Le titre de cette chanson: « Je ne sais pas ».
S’adressait-il à quelqu’un en particulier ? Cela doit surprendre, une telle question! Mais, les poètes usent du "TU" aussi pour s'adresser à Dieu ou au Monde entier. Je ne sais pas ! Enfin, ce que je sais, c’est que cette
chanson me parlait tellement que je l’interprétais assez souvent sur les terrasses du
Midi en ces temps-là...que je n’avais que vingt ans.
La chance de pouvoir m’accompagner à la guitare,
je la dois à deux chanteurs napolitains qui trois ans auparavant, de passage à
Bruxelles (1958), faisaient la manche dans les restaurants dont le Mouton d’or. Ils m’apprirent les accords de base. C’est
fou ces vibrations harmonieuses de six cordes qui vous envahissent alors, et
qui vous pousseront par la suite à chanter du Brassens, du Brel, du Montand, de l’Aznavour,
etc.* ! Et
conquérir le cœur d’une certaine Lydia !
Très vite deux tourtereaux s’évaderont vers le
Sud sur une vieille Harley bleue déclassée de la gendarmerie. Mais gagner des sous comment ? Pourquoi ne ferais-je pas comme ces deux
Napolitains ! Magique ! Je gagnais ma vie en chantant !
Mais que disais-je auparavant ? « Ah oui, que le sort en soit jeté » :
« alea jacta est » ; que je continuerai ce récit qui ne
se résume pas à une simple autobiographie, mais avec mes ressentis suite aux
différentes infos.
-
L’euphorie à nouveau...le droit de s’assoir en
terrasse ! Oui, mais déjà un
bémol : l’annonce d’un nouveau
variant (pas dangereux, paraît-il – mais quand-même !)
-
-
Là, je t’avoue, je ne me suis pas senti trop ému
par cette explosion de joie. Brusquement
comme un Paris libéré ? S’il-nous-plaît,
n’en rajoutons pas trop ! Prudence ! Même des nazis ça peut revenir. Alors des virus, tu penses !
Du pain béni pour les ultra-nationalistes !
Ils sont de retour dans la ruche de
Paris Notre-Dame (un vers de Dollars-Dollars*) –
**Philippe Frank, soliste virtuose et client du Mouton d'or, me donna quelques cours de guitare classique.
Un clic pour écouter la chanson
Dollar !
Dollars !
Dollar! dollars!
Dollar! dollars!
Le Dow Jones monte et descend
Se pourfend en pour cent ;
Fait la pluie le beau temps
Dollar ! dollars
J’avais un rencart
Avec une belle qui n’fume pas
De plus végétarienne
Moi qui mange comme une hyène
Hormis les insectes !
On est plutôt charognard
Quoi c’est infect ?
Mais nous vivons du trépas
Dollar ! Dollars Dollar ! dollars !
Le Dow Jones monte et descend
Se pourfend en pour cent ;
Fait la pluie le beau temps
Dollar ! dollars
Du sang et des cris
Défilent dans mon esprit
Je vois des chevaux qu’on abat
Comme du vulgaire bois
À grands coups de masse
Par des hommes d’autrefois
Qui n’ont rien compris
Que voulez-vous que la bonne y fasse ?
Dollar ! dollars ! Dollar !
dollars !
Le Dow Jones monte et descend
Se pourfend en pour cent ;
Fait la pluie le beau temps
Dollar ! dollars
De la politique de l’autruche
Ressurgissent les extrêmes
Qui « nazisent » les « je
t’aime »
Même si l’Euro les condamne
Ils dansent toujours dans la ruche
Du quartier de Notre dame
Les dollars te vaguent à l’âme
C’est une question de « How much ? »
C’est que du papelard
Soufflerait Gainsbar
Allumant sa gitane
Pour se cacher de ses fans
Mais en réalité cette timidité
Te mène sur le billard
Et j’oubliai la clop
Dans l’dernier « sex-shop »
Plus d’habit de cowboy
Qui me collait à la peau
Mon Smith & Wesson
Jeté dans la Seine
Je partis comme un homme
Aimer Marie-Madeleine
-Quoi tu n’as pas de dollar ?
Me dit-elle au plumard
Hélas ! je n’suis pas Johnny
Et m’exilai tout petit
Et je pris la guitare
En pensant aux dollars
C’est ici que finit cette histoire
Mais ce n’est qu’une histoire de dollars!
Guitare-basse: Alan Booth;
Guitare: Roland Kert;
Piano: Rudy Mynaerts;
Drums: Bob Darch
jeudi 20 mai 2021
Parce que j’écris ?
Oui, le sort en est jeté. Je
continuerai inexorablement ce récit qui ne se résume pas à une simple
autobiographie où se chapeautent mes ressentis par mes lectures ou visions de
ce que les plateaux de télé veulent bien nous transmettre. Hélas, par ma retraite isolée du monde actif
et d’une famille qui ne communique quasi jamais, je suis assez conscient, d’un
certain déséquilibre social par manque de dialectique. La responsabilité m’en
incombe. Quel intérêt pourrait-on avoir
à mon égard ? Avec l’âge, - et je ne fais
que répéter cette lamentation des vieux -, nous devenons transparents, à moins
d’être riche et célèbre. Situation confortable qui n’est pas celle dont
je jouis en ce moment. C’est donc ici
que le bât blesse, de ne pas m’être assez préservé pour que ma descendance daignât
porter sur moi ce regard opportun tout à fait légitime. Votre
attitude silencieuse, oh combien je la comprends ! Selon Charles de Foucauld (peut-être avant sa
conversion spirituelle mais qui me semble tellement réaliste néanmoins) : «
Il n’y a pas d’amour sans intérêt ! *»
Donc pour ne pas accentuer ces manques affectifs, de mon île déserte, j’envoie
continuellement des bouteilles à la mer - les messages sont sans équivoque :
« Allo, moi ici un autre qui ne demande qu’à mieux vous connaître et qui
sait si dans ces échanges ne surgissent pas quelques lumières positives qui pourraient
nous aider mutuellement vers …chacun son bonheur, chacun son destin, bien entendu
! »
Pas plus tard que hier, par
un petit poème, je me considérais comme ce fils Gorgio maudit, (référence
à une chanson de Charles Aznavour « Ils sont tous là, elle va mourir Ah, la
Mama ! » qui faisait partie de mon répertoire quand, vers mes vingt
ans, je me produisais sur les terrasses de la Côte d’Azur). En fait, je m’en voulais d’avoir heurté ma sœur
et mes frères en relatant ce passage de notre Maman quand elle eu le courage de
refaire sa vie et qu’elle côtoyât tout un temps un milieu lesbien qui l’avait
peut-être aidé à s’échapper de la tyrannie soudaine de son mari depuis qu’ils
avaient créé ce fameux « Mouton d’Or », pour ouvrir ailleurs sa «
Flambée » dans le haut de la ville. Je me reprochais de laisser ma plume s’envoler
sans aucune retenue, sous prétexte que seule l’écriture offrait la meilleure
analyse, quitte à réveiller de vieux engrammes enfouis, mais, en tout cas pour moi,
redonnait vie à cette maman qui n’est plus là. Hélas ! Encore une fois, on ne s’adresse pas à moi
directement ! C’est par mon neveu
Jean-François, justement présent dans sa maison en Corse que j’apprendrai les conciliabules
indignés de ma fratrie. Et toujours je remarque : pourquoi ne s’adresse-t-on pas directement,
soit d’une manière épistolaire ou de vive voix par téléphone à ce frère, ce
père, cet ami ? Je dois donc vraiment
en conclure : Je suis Gorgio le maudit... Parce que j’écris ?
* Petite erreur, j'avais des doutes. Cette pensée ne vient pas de ce mystique, que le Pape François vient de canonisé le 3 mai dernier, mais du Comte de la Rochefoucauld, plus tôt chronologiquement, diplomate et militaire dans l'entourage du général Bonaparte, futur empereur des Français.
mercredi 19 mai 2021
Alea
jacta est
Toi, l’Écriture quand Tu me
prends, que me voilà empli de fierté,
Te promettant allégeance
tel un chevalier sans arme ni armure.
Juste cette plume qui
parfois me trahit et que soudain sa légèreté
Se transforme en une masse aveugle
brisant mes propres murs :
Ceux de l’élémentaire discrétion,
cette base qui renforce les liens
Des familles et des amis… Que néanmoins, effrontément sans égard,
Je t’obéis, Ô ma Reine qui m’obligera
à l’exil, chassé comme un chien
Par les Miens qui ont
certainement raison de me sortir de leur mémoire :
« Gorgio, le fils maudit ».
mardi 18 mai 2021
Les pendules à l'heure, S.V.P.
Oui mes cadets de sœur et
frères, entre six et dix ans de moins que moi, ce passage où notre maman quitte
notre père, devenu franchement impossible à vivre, j’aurais peut-être dû
préciser plus tôt qu’elle vous emmena avec elle habiter au-dessus de la Flambée.
Vous êtes quatre, encore à l’âge de
cette fraicheur juvénile... complices, entre sept et tes douze ans, petite sœur.
René (malheureusement ne pourra témoigner)
et moi sommes exclus, non pas par manque d’affinité (votre admiration pour vos
grands frères protecteurs est bien naturelle), mais nos occupations, presque
d’adulte, sont d’un tout autre ordre.
Vous êtes des écoliers, nous, les aînés, découvrons le monde des
travailleurs avec leurs forces et leurs faiblesses, mêlées aussi d’hypocrisies
et de sournoiseries, surtout dans ce milieu de l’industrie hôtelière (ce métier
au service du ventre de ceux qui ont tendance à ignorer le larbin, ce qui le
rendra parfois médisant), et toi sœurette, tu séjournes plus souvent chez ta Mamy,
notre grand-mère paternelle. Que
vous n’ayez pas été perturbés par la présence de cette Michèle et cet entourage
à caractère lesbien et pédéraste qui plana tout un temps dans son nouveau
restaurant, qui de ce fait vivotait, et que maintenant en me lisant vous voilà
offusqués par ce récit, cela me soulage et me réconforte que notre Maman ait
réussi à vous préserver.
L’origine du drame – si on considère cela
comme un drame -, c‘est le succès de ce Mouton d’or. « Ouvrir un restaurant avec six
enfants, mais vous êtes fous ! » - les mots de Maître Rubens (le
parrain de Papa) ; un monde qui s’ouvrait à cette famille, un peu naïve, face à
ce quartier des bas-fonds dans le cœur de la cité...et pour exercer une profession
pour laquelle nous n’étions pas vraiment armés...Cette bénédiction « diabolique » :
une clientèle nombreuse ; de nouveaux sympathisants adeptes au
plaisir de la bonne table et du bon vin qu’offre ce lieu d’allégresse, grâce à
un Lucio, notre père, par ce côté affable et très communicatif. Cela aura son revers de médaille.
Progressivement, puisqu’on ne refuse pas ce verre de l’amitié aux clients
reconnaissant, le gentil mari attentif au bien-être de son épouse, l’alcool
aidant, se métamorphosera en tyran jaloux et violent au moment de compter la
recette en caisse en fin de journée. Argent
sacrée pour celle qui se voulait être prudente (elle est fille de commerçant)
...à dépenser pour celui qui se prend pour le chef incontesté de la
réussite de la nouvelle entreprise et qui veut continuer la fête après la
fermeture (fils d’un seigneur portugais ruiné – on n’a beau nous avoir
raconté que c’est suite à un incendie qui ravagea ses terres, je commence à
avoir de sérieux doutes ! - ). Notre mère avait compris que pour se préserver
avec ses enfants en bas âge, la solution était d’ouvrir un restaurant ailleurs
– vu que ce moyen marche si bien ! Il
lui fallut un courage énorme.
Heureusement elle reçut, en plus du soutien de ses nouvelles amies et
confidentes qui se méfiaient, soit par nature ou par mauvaises expériences de
la gent masculine et patriarcale, l’aide de certains des fournisseurs du Mouton
d’Or qui avaient remarqué les différends qui opposaient leur client : la
patronne et le patron de cette nouvelle auberge qui sera l’amorce du ventre de
Bruxelles : l’Îlot Sacré aux cent restaurants.
Je sais en première lecture, que
vous pourriez être choqués. Relisez.
Vous remarquerez qu’il n’y a pas la moindre ligne où j’écris quelle
vous avait abandonnés. Mais à l’époque, moi j'ai dix-huit ans et
vois cela autrement. Et miracle de
l’écriture pour ce plongeon dans le passé, justement cette analyse me permet de
clarifier cette zone noire et de comprendre réellement et, sachez ma sœur et
vous mes frères, que c'est surtout de l'admiration qui ressortira au
sujet de Maman qui n’abandonnera pas ses nouvelles amies qui l’avaient
aidée à rompre avec ce patriarche qu’elle n’aura pourtant jamais cessé d’aimer,
mais c’était une question de survie pour vous.
Non Maman, j’en arrive à cette conclusion, n’a jamais été vraiment une
lesbienne, encore que cela ne soit pas un mal en soi, ce que je me rends compte aujourd’hui, la preuve : son mariage avec Pierre Doucie, cinq années
plus tard. Mais l’avait-elle autant aimé ce sosie de
Raimond Rouleau, ce célèbre comédien bruxellois, au point de régulièrement lui
demander des autographes, qui, au début 1987 ne se réveillât pas du service d’Oncologie de l’Institut
Bordet, vingt ans après leur mariage, à soixante-sept ans, autant aimé que le père
de ses six enfants ? Quarante
années plus tard, à ses genoux devant elle, elle lui avouait à ce Lucio,
qu’elle l’avait toujours aimé...Notre père pourra mourir en paix, trois jours plus tard, un mercredi 13 octobre 1999, en pleine forme, mais victime d'un AVC. C'était son souhait: surtout pas comme un vieux moribond dépendant, quasi paralysé comme son propre père en 1939. Dom Salles Alfredo César de Santarem était âgé de soixante-trois ans.
Á +
dimanche 16 mai 2021
Non, au fond, c’est exactement
le contraire ! Ce que je croyais
finalement avoir compris du pourquoi mes profs en soutane du Collège avaient
souri quand je leur avais annoncé que mes parents ouvraient un resto dans la
Petite rue des Bouchers...découvrant moi-même ce qu’ils savaient de ces
bas-fonds bruxellois aux mœurs dévoyées, j’étais encore bien loin de saisir
toutes les raisons de ces déviances sexuelles avec un réel mépris. Pensez donc ! Notre mère devenue lesbienne qui répudiait
d’un coup les valeurs morales de ce qu’est une famille, en plus dans notre cas,
nombreuse avec six enfants ; d’abandonner ce Mouton d’or qui démarrait sur
les chapeaux de roues pour aller louer une maison dans la rue Francart, près de
la Porte de Namur et y installer la Flambée, - oui ce nom qui était
prévu au départ pour le Mouton d’or - qui deviendra, en tout cas à ses débuts,
qu’une simple gargote trop cloîtrée pour un développement normal ; c’était surtout un lieu de
rendez-vous de gouines et de pédérastes. Il y avait de quoi hurler de rage de son
entêtement. Surtout si c’était ce qu’elle souhaitait comme clientèle, il valait
mieux rester dans le Centre.
« Maman, c’est ici dans ce
quartier qu’il faut t’installer » … Mais elle restait sourde à mes arguments
et me répondait, « Pas question de faire de la concurrence à ton père...et
puis, il est temps qu’il prenne ses responsabilités !». – C’est
vrai, c’était aussi une des raisons de son départ, son mari dépensait toujours
plus que ce qu’il ne gagnait… qu’on se retrouvât toujours qu’avec des dettes. Pas marrant pour les aînés, René et moi, adolescents,
pour les courses du miammiam, lorsque l’épicière
ou le boucher du coin demandaient le passage des parents pour régler l’ardoise
qui s’alourdissait ; mais ils avaient bon cœur pour ce foyer aux six
enfants… et nous partions, en rougissant quand-même, avec les précieuses
victuailles. Ce Mouton d’Or n’a fait qu’aggraver le caractère dépensier et
irresponsable de ce chef de famille, baptisé Monsieur Champagne à la Rose
Noire, chez Louis Leduc, presque son voisin dans la Petite rue des Bouchers ou
chez Paul au Gaity près de la Place de Brouckère, sans parler des quelques
derniers bastions au cœur de la cité de bars et cabarets qui avaient échappé à
la razzia de la police des mœurs qui avaient mission d’assainir Bruxelles avant
l’Expo 58.
Adieu aussi Maman pour ta belle et
longue chevelure et ce doux visage maternel et aimant où tu me témoignais toute
ta tendresse… Que tu affichais maintenant un regard assez froid et distant,
même vis-à-vis de ce fils de dix-huit ans qui portait le même prénom que ton
père. Pourquoi ? Évidemment que tu
fus déçue que ton deuxième garçon interrompe ses études, pourtant assez prometteuses,
pour une carrière scientifique !
C’est
seulement maintenant à presqu’à l’âge du décès de mon père - le six juin,
Facebook annoncera sans doute ma date anniversaire sans préciser mes soixante-dix-neuf
printemps - et cela, grâce à Olivier Delacroix et Julie Ledru, un reportage sur
France 5 : Ils font bouger…
sur la question de la « Transidentité, le combat pour être soi »
, alors que cette question me reboutant habituellement, j’aurais normalement visé un autre programme. Quelle
est cette force mystérieuse, cette raison de suivre avec attention, ne serait-il
pas temps enfin de me pencher sans préjugés sur la question de l’homosexualité ?
Les témoignages me touchent au point d’en avoir des larmes. Ces dérèglements de la nature humaine où, précédemment, j’insistais me demandant pourquoi le Bien et le Mal, interrogeant l’Éternel ? Que la réponse me tombe en paillette d’or sur Frank, le berger allemand qui me précédait dans ce chemin de campagne, près de Corroy-le-Grand : « L’ennemi c’est ma puissance, l’amitié ma récompense » … Il y a des bons et des mauvais parmi les humains. Pourquoi de telles différences ? Serait-ce une question de cette alchimie de la modernité industrielle (principalement la malbouffe) qui aurait modifié nos cellules ? Que des hommes naissent dans des corps de femme et que des filles naissent dans des corps de garçon ?
Et que ces exclus en quelque sorte sont néanmoins des humains. Nous savons que l'instinct grégaire de base qui nous caractérise garantit notre survie..
.Et ce n'est donc pas contrenature, mais essentiel à leur équilibre de pouvoir se retrouver parmi les Autres...et le plus simple, des comme eux, qui ne leur porteront pas un regard réprobateur ou méprisant.
Voilà ce qu'était jusqu'en 1958 la Petite rue des Bouchers.
vendredi 14 mai 2021
Cette scène du 10 octobre
1999 au restaurant la Bergerie, Petite rue des Bouchers à Bruxelles où je vois notre
père, un genou à terre, dire à notre mère, alors qu’ils étaient séparés depuis
plus de quatre décennies « Alors tu m’aimes encore ! », seront
donc pratiquement les dernières paroles, peut-être les plus merveilleuses qu’un
fils de cinquante-sept ans puisse entendre de la bouche de ses parents presque
octogénaires. Le patriarche, nous savions,
qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer, malgré ses infidélités depuis ma naissance ;
la raison qu’à Lisbonne, il y eut cette première rupture ; et que Maman
avec ses deux enfants, René et moi, nous revînmes en Belgique en 1946. Le Don
Juan fera amende honorable. Lucio
quittera son pays natal l’année suivante, et réussira à reconquérir celle qui lui
avait si bien souri sur la scène de l’Alhambra en 39 pour un concert au profit
de la Pologne qui venait d’être envahie par l’Allemagne. - Merci Massenet, une jeune secrétaire d'avocat au
piano et un étudiant en Polytechnique de la Faculté de Solboche au violon tombèrent amoureux en
interprétant en duo ta divine Méditation de Thaïs. - La petite famille recomposée en 1947 s’agrandira
bien vite, d’abord Claudine en octobre ... En janvier 50, au grand
étonnement de la sage-femme où bébé Jean venait de naître. Elle
réalisa qu’il y en avait encore un autre – Eh oui, à l’époque, pas encore d’échographie !
... Du coup ce sera Jean-Luc et Jean-Marie ! Paul, qu’on a toujours appelé Polo, viendra en
juillet 51...et une petite Martine arriva plus tard un seize octobre 1956, même
trop tard. Maman effectivement avait remarqué que
cette nouvelle petite sœur ne montrait plus de signe de vie dans son ventre,
depuis quatre jours.
Nous en arrivons donc à 1958, dans la Petite rue des Bouchers...au
sourire des frères- abbés du Collège Ste Gertrude à Nivelles, quand je leur annonçai
que mes parents ouvraient un restaurant dans cette rue...Que je finirai donc
par comprendre en apercevant une certaine Françoise à la plonge, vêtue comme un
homme …Que notre mère à la cuisine s’était mise à fumer ; avait un
regard étrange, des yeux dans le vague...silencieuse, mais des messes basses avec
cette femme à l’allure masculine. Notre
mère, trente-huit ans, grande élancée, la beauté d’une Greta Garbo avec les
yeux rieurs d’une Danielle Darrieux, les lesbiennes du quartier l’avaient vite repérée.
N’oublions pas qu’elle n’est toujours pas remise
de la perte de ce bébé à la naissance ; que stupidement on l’empêcha de voir
cette petite frimousse au yeux bleus, déjà garnie de cheveux noirs et bien joufflue
avec ses quatre kilos-deux-cents, était-ce bien nécessaire qu’elle ne puisse
pas en faire son deuil en la voyant au moins une fois ? Cela aurait été un avorton cramoisi, d’accord...mais
non. Le malaise avait probablement commencé là. L’homme, le père avait décidé pour contrer le
chagrin d’une mère qui vient de perdre cette vie ressentie pendant tous ces
mois dans ses entrailles ? Grave erreur !
Il n’y a que les femmes pour
comprendre.
Et notre mère partira ouvrir son propre restaurant avec une
certaine Michèle
René les accompagnera. Mon
père souffrait trop de cette rupture, il perdait tout contrôle. Très mauvais pour un resto en pleine
croissance … je ne pouvais l’abandonner …Ce sera plutôt mes études qui
seront laissées pour compte.
Je n’ai que dix-huit ans
Dans ce combat de mille ans
Pour calmer cette révolte
J’ai besoin d’amitié
Méprisé, rejeté
Avant de naître orphelin
De l’amour désinvolte
D’un couple sans destin
Après vingt ans de mariage, nos parents se séparent (1960), je ne
retournerai plus à l'Athénée d'Ixelles après les vacances de Pâques finir mes
Humanités. Conclusion, je mettrai plus de quatre décennies à mieux
comprendre - et encore avec beaucoup de manques - ce que j'aurais pu apprendre
en dix fois moins de temps à l'Université.
Je n'ai que dix-huit ans
Je n’ai que dix-huit ans
Dans ce combat de mille ans
Pour calmer cette révolte
J’ai besoin d’amitié
Méprisé rejeté
Avant de naître orphelin
De l’amour désinvolte
D’un couple sans destin
Plus d’amis plus d’études
Mon diplôme la solitude
Plus de famille une vie rude
Sera mon premier prélude
Chacun a droit à l’amitié
Et je trouverai ma destinée
Pour vivre l’Éternité
Le vent la mer et le soleil
Nous porteront vers l’Éternel
Face à l’immensité
Des besoins de la cité
Là le cœur est second
Loin derrière la Raison
Compagnons de la rue
M’ont trouvé ingénu
M’ont promis beaucoup d’or
C’est un sort qui dévore
J’ai cherché la Lumière
Parcouru mers et terres
Pour trouver enfin nu
L’Amour m’est apparu*
De cet amour appelé Soleil
Dix mille enfants au cœur si pur
Qui même aux yeux de la Nature
Feront en sorte qu’elle s’émerveille
Car notre amour est éternel
Un clic pour écouter cette chanson
Je la dédie à Jean-Baptiste de la Salle et à Don Bosco