Cette scène du 10 octobre
1999 au restaurant la Bergerie, Petite rue des Bouchers à Bruxelles où je vois notre
père, un genou à terre, dire à notre mère, alors qu’ils étaient séparés depuis
plus de quatre décennies « Alors tu m’aimes encore ! », seront
donc pratiquement les dernières paroles, peut-être les plus merveilleuses qu’un
fils de cinquante-sept ans puisse entendre de la bouche de ses parents presque
octogénaires. Le patriarche, nous savions,
qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer, malgré ses infidélités depuis ma naissance ;
la raison qu’à Lisbonne, il y eut cette première rupture ; et que Maman
avec ses deux enfants, René et moi, nous revînmes en Belgique en 1946. Le Don
Juan fera amende honorable. Lucio
quittera son pays natal l’année suivante, et réussira à reconquérir celle qui lui
avait si bien souri sur la scène de l’Alhambra en 39 pour un concert au profit
de la Pologne qui venait d’être envahie par l’Allemagne. - Merci Massenet, une jeune secrétaire d'avocat au
piano et un étudiant en Polytechnique de la Faculté de Solboche au violon tombèrent amoureux en
interprétant en duo ta divine Méditation de Thaïs. - La petite famille recomposée en 1947 s’agrandira
bien vite, d’abord Claudine en octobre ... En janvier 50, au grand
étonnement de la sage-femme où bébé Jean venait de naître. Elle
réalisa qu’il y en avait encore un autre – Eh oui, à l’époque, pas encore d’échographie !
... Du coup ce sera Jean-Luc et Jean-Marie ! Paul, qu’on a toujours appelé Polo, viendra en
juillet 51...et une petite Martine arriva plus tard un seize octobre 1956, même
trop tard. Maman effectivement avait remarqué que
cette nouvelle petite sœur ne montrait plus de signe de vie dans son ventre,
depuis quatre jours.
Nous en arrivons donc à 1958, dans la Petite rue des Bouchers...au
sourire des frères- abbés du Collège Ste Gertrude à Nivelles, quand je leur annonçai
que mes parents ouvraient un restaurant dans cette rue...Que je finirai donc
par comprendre en apercevant une certaine Françoise à la plonge, vêtue comme un
homme …Que notre mère à la cuisine s’était mise à fumer ; avait un
regard étrange, des yeux dans le vague...silencieuse, mais des messes basses avec
cette femme à l’allure masculine. Notre
mère, trente-huit ans, grande élancée, la beauté d’une Greta Garbo avec les
yeux rieurs d’une Danielle Darrieux, les lesbiennes du quartier l’avaient vite repérée.
N’oublions pas qu’elle n’est toujours pas remise
de la perte de ce bébé à la naissance ; que stupidement on l’empêcha de voir
cette petite frimousse au yeux bleus, déjà garnie de cheveux noirs et bien joufflue
avec ses quatre kilos-deux-cents, était-ce bien nécessaire qu’elle ne puisse
pas en faire son deuil en la voyant au moins une fois ? Cela aurait été un avorton cramoisi, d’accord...mais
non. Le malaise avait probablement commencé là. L’homme, le père avait décidé pour contrer le
chagrin d’une mère qui vient de perdre cette vie ressentie pendant tous ces
mois dans ses entrailles ? Grave erreur !
Il n’y a que les femmes pour
comprendre.
Et notre mère partira ouvrir son propre restaurant avec une
certaine Michèle
René les accompagnera. Mon
père souffrait trop de cette rupture, il perdait tout contrôle. Très mauvais pour un resto en pleine
croissance … je ne pouvais l’abandonner …Ce sera plutôt mes études qui
seront laissées pour compte.
Je n’ai que dix-huit ans
Dans ce combat de mille ans
Pour calmer cette révolte
J’ai besoin d’amitié
Méprisé, rejeté
Avant de naître orphelin
De l’amour désinvolte
D’un couple sans destin
Après vingt ans de mariage, nos parents se séparent (1960), je ne
retournerai plus à l'Athénée d'Ixelles après les vacances de Pâques finir mes
Humanités. Conclusion, je mettrai plus de quatre décennies à mieux
comprendre - et encore avec beaucoup de manques - ce que j'aurais pu apprendre
en dix fois moins de temps à l'Université.
Je n'ai que dix-huit ans
Je n’ai que dix-huit ans
Dans ce combat de mille ans
Pour calmer cette révolte
J’ai besoin d’amitié
Méprisé rejeté
Avant de naître orphelin
De l’amour désinvolte
D’un couple sans destin
Plus d’amis plus d’études
Mon diplôme la solitude
Plus de famille une vie rude
Sera mon premier prélude
Chacun a droit à l’amitié
Et je trouverai ma destinée
Pour vivre l’Éternité
Le vent la mer et le soleil
Nous porteront vers l’Éternel
Face à l’immensité
Des besoins de la cité
Là le cœur est second
Loin derrière la Raison
Compagnons de la rue
M’ont trouvé ingénu
M’ont promis beaucoup d’or
C’est un sort qui dévore
J’ai cherché la Lumière
Parcouru mers et terres
Pour trouver enfin nu
L’Amour m’est apparu*
De cet amour appelé Soleil
Dix mille enfants au cœur si pur
Qui même aux yeux de la Nature
Feront en sorte qu’elle s’émerveille
Car notre amour est éternel
Un clic pour écouter cette chanson
Je la dédie à Jean-Baptiste de la Salle et à Don Bosco
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