Parce que j’écris ?
Oui, le sort en est jeté. Je
continuerai inexorablement ce récit qui ne se résume pas à une simple
autobiographie où se chapeautent mes ressentis par mes lectures ou visions de
ce que les plateaux de télé veulent bien nous transmettre. Hélas, par ma retraite isolée du monde actif
et d’une famille qui ne communique quasi jamais, je suis assez conscient, d’un
certain déséquilibre social par manque de dialectique. La responsabilité m’en
incombe. Quel intérêt pourrait-on avoir
à mon égard ? Avec l’âge, - et je ne fais
que répéter cette lamentation des vieux -, nous devenons transparents, à moins
d’être riche et célèbre. Situation confortable qui n’est pas celle dont
je jouis en ce moment. C’est donc ici
que le bât blesse, de ne pas m’être assez préservé pour que ma descendance daignât
porter sur moi ce regard opportun tout à fait légitime. Votre
attitude silencieuse, oh combien je la comprends ! Selon Charles de Foucauld (peut-être avant sa
conversion spirituelle mais qui me semble tellement réaliste néanmoins) : «
Il n’y a pas d’amour sans intérêt ! *»
Donc pour ne pas accentuer ces manques affectifs, de mon île déserte, j’envoie
continuellement des bouteilles à la mer - les messages sont sans équivoque :
« Allo, moi ici un autre qui ne demande qu’à mieux vous connaître et qui
sait si dans ces échanges ne surgissent pas quelques lumières positives qui pourraient
nous aider mutuellement vers …chacun son bonheur, chacun son destin, bien entendu
! »
Pas plus tard que hier, par
un petit poème, je me considérais comme ce fils Gorgio maudit, (référence
à une chanson de Charles Aznavour « Ils sont tous là, elle va mourir Ah, la
Mama ! » qui faisait partie de mon répertoire quand, vers mes vingt
ans, je me produisais sur les terrasses de la Côte d’Azur). En fait, je m’en voulais d’avoir heurté ma sœur
et mes frères en relatant ce passage de notre Maman quand elle eu le courage de
refaire sa vie et qu’elle côtoyât tout un temps un milieu lesbien qui l’avait
peut-être aidé à s’échapper de la tyrannie soudaine de son mari depuis qu’ils
avaient créé ce fameux « Mouton d’Or », pour ouvrir ailleurs sa «
Flambée » dans le haut de la ville. Je me reprochais de laisser ma plume s’envoler
sans aucune retenue, sous prétexte que seule l’écriture offrait la meilleure
analyse, quitte à réveiller de vieux engrammes enfouis, mais, en tout cas pour moi,
redonnait vie à cette maman qui n’est plus là. Hélas ! Encore une fois, on ne s’adresse pas à moi
directement ! C’est par mon neveu
Jean-François, justement présent dans sa maison en Corse que j’apprendrai les conciliabules
indignés de ma fratrie. Et toujours je remarque : pourquoi ne s’adresse-t-on pas directement,
soit d’une manière épistolaire ou de vive voix par téléphone à ce frère, ce
père, cet ami ? Je dois donc vraiment
en conclure : Je suis Gorgio le maudit... Parce que j’écris ?
* Petite erreur, j'avais des doutes. Cette pensée ne vient pas de ce mystique, que le Pape François vient de canonisé le 3 mai dernier, mais du Comte de la Rochefoucauld, plus tôt chronologiquement, diplomate et militaire dans l'entourage du général Bonaparte, futur empereur des Français.
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