mardi 13 septembre 2022

Schizomarine

 

Schizomarine

.../... Quand vient le moment de se quitter vraiment

Chacun se découvrant un peu trop différent

Prenant l’air rigolo pour cacher les sanglots

Sur le quai sac au dos on repart à zéro.

 

Oui, finale   de cette chanson, créée à bord du Spirit of Sindbad, amarré dans une marina de Miami.  Ce dernier couplet a jailli de ma plume, suite aux réactions de mon marin que je venais de licencier.  Céline, sa compagne, prise comme une otage qu’il brutalisait s’était enfuie, et j’avoue, par compassion pour elle, y avoir un peu participé en lui offrant son billet pour s’envoler rejoindre son père à Marigot, ville dans la partie française de Saint-Martin aux Antilles. Avec Jean-Louis, véritable geôlier on n’en menait pas large ; à moitié supportable pour moi, propriétaire du bateau, mais son amie était traumatisée. Aussi, d’avoir aidé cette pauvre fille à s’évader, je suppose qu’il devait m’en vouloir.   La crise s’était déclenchée lorsque je revins d’une brocante marine ayant fait l’acquisition d’un petit frigo pour cent dollars.  Il faut savoir qu’à bord, à part deux ou trois petites glacières portables de camping réfrigérées par des glaçons qu’il fallait continuellement courir acheter.  C’est vrai qu’au départ, nous avions opté pour une navigation à l’ancienne.  Mais ici, sous les Tropiques, et d’avoir une borne électrique à quai, avec l’intention de rester un certain temps à Miami, ce n’était pas du luxe ce petit confort ménager.     

 Avec rage, Il s’était permis de clouer la porte de ma cabine.  « - Ainsi tu n’iras plus acheter n’importe quoi » ...         C’en était trop !  D’un coup de pied décuplé par la colère, j’envoyai valser la porte... nous nous en étions pris aux mains et je le virai sur le champ.   

Quatre jours plus tard, le voyant rôder sur le quai autour du bateau, évidemment, j’ai eu la faiblesse de le réengager.  Par miséricorde ?  Non, surtout de ne pas me sentir capable de naviguer seul, sans l’aide d’un marin expérimenté, pour lequel, moi le terrien, j’avais une admiration sans borne en ayant découvert cet homme hors du commun.  Et c’est ainsi qu’on se fait manipuler sans s’en rendre compte ; et cela pendant une quinzaine  d'années. C’est une très longue histoire, la rencontre de Jean-Louis Buclain, nous y reviendrons.   Un cynique qu’on aurait pu comparer à Diogène. Un Ecce Homo en quelque sorte.  En signant Ben Laden, qu’il avait inscrit sur la poupe du canot deux années plus tard, avant le fameux onze septembre 2001, ne nous démontrait-il pas, sans qu’il s’en rendre compte lui-même, l’emprise que certains hommes peuvent avoir sur d’autres, d’en faire jusqu’à des terroristes capables des pires actions suicidaires...Ce que nous savons tous depuis un certain temps, mais qui ne nous empêche pas de tomber dans le panneau!  

« Ça va barder, ça va barder »,

Chantait-il en grillant des mergez. Un BBQ un soir sur la plage à Marigot.  Une fille jouait du saxo, je l’accompagnais à la guitare, il y avait aussi Lucas et encore deux ou trois autres convives. 

 Mais au fond, encore aujourd'hui, je ne suis pas sûr qu'il avait tort.  La planète n' a jamais atteint un tel niveau de température depuis que les techniques industrielles permettent au monde civilisé de disposer du plus petit frigo ménager jusqu'aux  espaces  climatisés de plus en plus grand (voir le stade du Qatar pour la prochaine coupe du...qui, in fine,  risque vraiment de déborder).  

UN CLIC SUR CE LIEN POUR ECOUTER LA CHANSON

Schizomanie

Certains beaux marins croient nécessaire

De jouer au malin sur des bateaux charter

Un beau bateau c’est bien mais ce n’est pas une fin

Pour moi c’est qu’un moyen de s’en aller plus loin

 

Jouer les solitaires et croire dans les étoiles

C’est jouer les contraires, ce n’est pas bien normal

Il y en a des milliards et chacune un grand phare

Envoyant le message « Ensemble les grands voyages »

 

Au lieu de vous venger du père et de la mère

Que vous voyiez partout dès que ce n’est pas vous

Apprenez à aimer tous les gens de la Terre

Et apprenez-nous à connaître la mer

 

Les beaux navigateurs dont rêvent les jeunes filles

Si le bateau c’est mieux que des yeux dans les yeux

Ne brisez pas leur cœur et laissez les tranquille

Où emmenez-les vraiment ; donnez-leur un enfant

 

Que vous l’appelez Sindbad ou la nommez Êve

Ne leur mettez pas le poids de partager vos rêves

Car même fils de marins, ils auront leur raison

De tracer leur destin avec leurs illusions

 

Et pour les terre-à-terre qui ne comprennent pas la mer

Et qu’un de leurs enfants la regarde trop souvent

Ce n’est parfois qu’un petit rêve, mais peut-être sa vie :

Il sent sa vocation, en chacun sa mission !

 

Et vous les petits gars, au bout du monde, là-bas,

Il faudra bien une fois, avant qu’il ne soit trop tard

De faire un petit détour, parmi ces longs parcours

Et rejoindre vos vieux et revenir un peu

 

Quand enfin de retour que vous serez près d’eux

Vous y trouverez l’amour des larmes plein les yeux

 Et enfin retrouvée toute votre identité

Vous partirez au loin nous montrant le chemin

 

Et quand vient le moment de se quitter vraiment

Chacun se découvrant un peu trop différent

Prenant l’air rigolo pour cacher les sanglots

Sur le quai sac au dos on repart à zéro.


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