samedi 29 mai 2021

Pyramides

En ayant lu « La Physiologie du Goût » de Brillat-Savarin, une de ses citations avait tout particulièrement retenu mon attention : « L’avenir des Nations dépend de la façon dont ses peuples  se nourrissent ».  Hélas, en ces derniers jours où l’humanité dans sa majorité par sa malnutrition, est aussi fragilisée confrontée à ce nouveau virus, les divergences intellectuelles s’accroissent tellement que s’y mélangent par la suite les actions adaptées ou non à la sauvegarde du Vivant sur la planète...  À quand la Résultante de ces différentes forces d’opinions qui, telle un grand phare, nous éclairera la route positive pour nous conduire vers des devenirs meilleurs ?   Peut-être au fond qu’ils en manquent encore quelques-unes dont la mienne !   Aussi, - et n’hésitez pas à contredire ma vision de « comment je vois l’avenir du monde » que comme je ne suis pas Einstein, accablé après Hiroshima et Nagasaki en 1945, qui eut ce soubresaut littéraire « Comment je vois le monde », vous n’aurez pas trop de scrupules à rire (ce qui est bon pour la santé) de mes illuminations, -  oui aussi, toujours au service de cette plume que me démange et, depuis peu, a remplacé définitivement ma guitare, n’ayant plus vraiment l’âge à jouer les baladins pour quelques concerts occasionnels, j’ajouterais à cette vision de Brillat-Savarin : «  l’avenir des nations – et j’irais plus loin encore – de leur faune (dont nous Sapiens)  et de leur flore  dépendra, probablement la façon de ses peuples de leur faculté à éliminer leurs déjections,  déchets de toute sorte, plastiques, sanitaires et radioactifs, etc...Et depuis peu, ceux  aussi sur la trajectoire des satellites.  

Satellites, satellites ???  Ah oui, sur une œuvre de Jean-Marie Dorval qui deviendra un de mes grands amis (l’amitié, c’est surtout une question de complicité), pianiste / compositeur de grand talent qui enregistrait au même studio que le mien, à savoir, Studio D.E.S à Bruxelles, près de la Place de Brouckère, une symphonie intitulée « Panique dans la ville » qu’il dédiait au peintre surréaliste Paul Delvaux qui venait de nous quitter en 1994 ».  Cette musique orchestrale me faisait penser à Beethoven.  Tout de suite, pour une de mes chansons « La Ville » j’y voyais mes mots s’y intercaler.  Le Maestro accepta, vu mon enthousiasme. Il m’aidera plus tard, aux arrangements d’une bonne dizaine de mes chansons.  La K7 audio qu’il m’avait remise alors pour mes paroles de « la Ville », curieusement ne voulurent jamais s’accoupler aux notes de Jean-Marie Dorval.  Durant une année cet enregistrement resta au fond d’un tiroir, l’oubliant presque, jusqu’au jour où Jacques Chirac est face aux télévisions du Monde entier pour répondre aux journalistes, suite à sa victoire aux élections présidentielles en mai 1995. Stupeur, il déclare que la France allait reprendre ses essais nucléaires dans le Pacifique à « Mururoa » (déformation voulue du nom d’origine « Moruroa », vous éviter les confusions)!  Par magie, dans un état quasi inconscient, la K7 se retrouva dans mon walkman audio et, en moins d’une heure, cette partie symphonique pris l’allure d’un véritable oratorio qui s’adressait bien sûr à Monsieur le Président de France. Nous y reviendrons, mais ici mon propos n’est pas ce cri adressé à la France, mais sur cette même musique, dont j’avais finalement racheté les droits,  surtout suite à l’arrêt définitif le 27 janvier 1996 du dernier essai atomique à Mururoa,  (je précise que cet album « Mururoa » avait été boycotté en France, bien que le premier Ministre  Lionel Jospin me remerciât pour ce disque déposé à Matignon -même la Culture de ce pays n'aime pas trop qu'on critique son nucléaire ) , j’incluais un autre texte : « Les Pyramides » pour enfuir tous les déchets radioactifs en bâtissant de nouvelles pyramides dans les déserts arides.   Ce Sahara occidental me semble un bon endroit pour ce projet qui nécessiterait des milliers d’emplois dans cette contrée pas vraiment autonome.  Delà pourquoi, cette réflexion de cette vague migratoire de jeunes Africains à Ceuta, ce Brahim Ghali, leader du mouvement indépendantiste du Front Polisario, du Maroc et de la France partenaires pour le phosphate bien sûr, mais qui pourraient diplomatiquement en accord avec l’Espagne adopter une politique commune et se lancer dans cette œuvre colossale de créer des pyramides et y stocker les déchets radioactifs en surabondance vu l’activité des Centrales atomiques. 





À l'attention de Mr.  Bernard Doroszczuk,  président de l'A S N (Autorité de sûreté nucléaire)

Pour rappel de mon blog

de ce 2 février 2018 à mon ami C.  ,  éditeur pour  créer une BD. 


Hier,  par Arte,  aux 28 minutes animés par Élisabeth Quin et ses chroniqueurs , concernant la visite de  frère président  Emmanuel Macron en  Tunisie,    le débat avec  le Professeur Philippe Chalmin,  économiste, m'a directement fait penser à une idée folle qui depuis des années me tient à cœur quand j'appris que l’Hexagone est le  premier  partenaire commercial du pays d'Hannibal et ses éléphants.  Et savoir   que les Tunisiens  n’attendent  pas spécialement des aides financières, mais des investisseurs qui pourraient donner de l’occupation aux jeunes générations.  Il serait bien d'aller frapper à la porte de chez Apple   qui vient de réaliser   vingt milliards de dollars de bénéfice   en un trimestre pour leur proposer de financer l'édification de  pyramides qui serviraient à stocker tous les déchets radioactifs produits  par les nombreuses centrales nucléaires françaises qui doivent être bien inquiètes de voir la Seine qui déborde.      L’eau et le nucléaire,  pas très bon cette association.  Alors qu’il y a des pays où il ne pleut pas.   

  EURÊKA 
Pour de nouvelles pyramides dans le Sahara tunisien !  

Chers Internautes ,  faites passer au plus grand nombre; qu'il y ait autant de visites que pour un petit chat perdu sur une tour ;  que nos géniaux milliardaires se penchent sur la question. 

  Les pyramides,  bibles de pierre.

Homme,  homme tu cours bien vite  pour lancer tes satellites
Aucun progrès ne peut se faire  si le passé t’indiffère
Regarde un peu ces pyramides  qui furent bâties bien avant Rome
N’est-il pas là ce précieux guide : le Grand ‘œuvre  qu’on cherche en somme
Parmi les sept merveilles du monde que les poètes glorifièrent
Victor Hugo des plus lucides

Décrit la Grande Pyramide  la surnomma Bible de pierres
Observez bien les pyramides  des  blocs de pierre tellement parfaits
Grâce à l’outil qui les taillait  Certaines rumeurs  parlent de laser
Le message me semble clair  Permettez-moi cette hypothèse

De la chanter me met à l’aise
Qui dit laser dit nucléaire pour éclairer ce grand mystère
Comment pourquoi ces pyramides ?

Des pyramides…suis-je stupide
Mais je m’inquiète pour les techniques
Qui gèrent les déchets atomiques
Ça ressemble plus à du suicide

Chers marchands de nucléaires  pourquoi ne pas faire des pyramides
Pour y stocker toutes ces matières dans les endroits les plus arides
Loin des rivières sources de vie
De toutes les mers qui en ont marre des marées noires

Des pyramides
Allons bâtirent des pyramides
Avec tous ceux qui cherchent à faire
Avant que tout ne soit plus que désert
Sauvons la Terre avec l’aide des pyramides

Rien que de penser aux pyramides
On oublierait de faire la guerre
Les nations même les plus rudes
Devront s’unir du Nord au Sud

Les bâtisseurs d’empires le défi est de taille
Le germe de vos idées naîtrait des entrailles
De celles que le poète perçut comme une bible
Une bible de pierre pour retrouver la Foi
De plusieurs millénaires… sonne bien fort le glas

De toutes ces guerres pour qu’on puisse enfin vivre en paix.


dimanche 23 mai 2021

 

Passé, présent...quant au futur, je ne sais pas!

 

Brel chantait : "Mais je sais que je t'aime encore"  pour conclure à tout ce qu'il ne savait pas.  Le titre de cette chanson: « Je ne sais pas ».

S’adressait-il à quelqu’un en particulier ? Cela doit surprendre, une telle question!  Mais, les  poètes usent du "TU" aussi  pour s'adresser à Dieu ou au Monde entier.   Je ne sais pas !  Enfin, ce que je sais, c’est que cette chanson me parlait tellement que je l’interprétais assez souvent sur les terrasses du Midi en ces temps-là...que je n’avais que vingt ans.

La chance de pouvoir m’accompagner à la guitare, je la dois à deux chanteurs napolitains qui trois ans auparavant, de passage à Bruxelles (1958), faisaient la manche dans les restaurants dont le Mouton d’or.  Ils m’apprirent les accords de base. C’est fou ces vibrations harmonieuses de six cordes qui vous envahissent alors, et qui vous pousseront par la suite à   chanter du Brassens, du Brel, du Montand, de l’Aznavour, etc.* !    Et conquérir le cœur d’une certaine Lydia !

  Très vite deux tourtereaux s’évaderont vers le Sud sur une vieille Harley bleue déclassée de la gendarmerie.  Mais gagner des sous comment ?  Pourquoi ne ferais-je pas comme ces deux Napolitains !  Magique !  Je gagnais ma vie en chantant !   

Mais que disais-je auparavant ?  « Ah oui, que le sort en soit jeté » : « alea jacta est » ; que je continuerai ce récit qui ne se résume pas à une simple autobiographie, mais avec mes ressentis suite aux différentes infos.

-      L’euphorie à nouveau...le droit de s’assoir en terrasse !    Oui, mais déjà un bémol :  l’annonce d’un nouveau variant (pas dangereux, paraît-il – mais quand-même !)  

-       

-      Là, je t’avoue, je ne me suis pas senti trop ému par cette explosion de joie.  Brusquement comme un Paris libéré ?  S’il-nous-plaît, n’en rajoutons pas trop ! Prudence !  Même des nazis ça peut revenir.  Alors des virus, tu penses !  

 -      Encore cette invasion à Ceuta de huit mille candidats émigrants dont un bébé. Le problème reste.  Les économistes nous le rappelleront: toujours une question de fric! 

 Du pain béni pour les ultra-nationalistes !  Ils sont de retour dans la ruche de Paris Notre-Dame (un vers de Dollars-Dollars*) –

 *et bien sûr, Charles Trenet, Guy Béart,  Hugues Auffray  et Gilbert Bécaud..et que guitare**:les Jeux interdits, vieille romance très ancienne,   reprise par Narciso Yepes (à la mode à l'époque pour le film éponyme avec Brigitte Fossey  enfant)

**Philippe Frank, soliste virtuose et client du Mouton d'or,   me donna quelques cours de  guitare classique. 
Un clic pour écouter la chanson

Dollar !  Dollars !

 

Dollar! dollars!   Dollar! dollars!

Le Dow Jones monte et descend

Se pourfend en pour cent ;

Fait la pluie le beau temps

Dollar ! dollars

 

J’avais un rencart

Avec une belle qui n’fume pas

De plus végétarienne

Moi qui mange comme une hyène

Hormis les insectes !

On est plutôt charognard

Quoi c’est infect ?

Mais nous vivons du trépas

 

Dollar ! Dollars Dollar ! dollars !

Le Dow Jones monte et descend

Se pourfend en pour cent ;

Fait la pluie le beau temps

Dollar ! dollars

 

Du sang et des cris

Défilent dans mon esprit

Je vois des chevaux qu’on abat

Comme du vulgaire bois

À grands coups de masse

Par des hommes d’autrefois

Qui n’ont rien compris

Que voulez-vous que la bonne y fasse ?

 

Dollar ! dollars !   Dollar ! dollars !

Le Dow Jones monte et descend

Se pourfend en pour cent ;

Fait la pluie le beau temps

Dollar ! dollars

 

De la politique de l’autruche

Ressurgissent les extrêmes

Qui « nazisent » les « je t’aime »

Même si l’Euro les condamne

Ils dansent toujours dans la ruche

Du quartier de Notre dame

Les dollars te vaguent à l’âme

C’est une question de « How much ? »

 

C’est que du papelard

Soufflerait Gainsbar

Allumant sa gitane

Pour se cacher de ses fans

Mais en réalité cette timidité

Te mène sur le billard

 

Et j’oubliai la clop

Dans l’dernier « sex-shop »

Plus d’habit de cowboy

Qui me collait à la peau

Mon Smith & Wesson

Jeté dans la Seine

Je partis comme un homme

Aimer Marie-Madeleine

 

-Quoi tu n’as pas de dollar ?

Me dit-elle au plumard

Hélas ! je n’suis pas Johnny

Et m’exilai tout petit

Et je pris la guitare

En pensant aux dollars

C’est ici que finit cette histoire

Mais ce n’est qu’une histoire de dollars!

 

Guitare-basse: Alan Booth;

Guitare: Roland Kert;

Piano: Rudy Mynaerts;

Drums:  Bob Darch

 

  


jeudi 20 mai 2021

 

Parce que j’écris ?

 

Oui, le sort en est jeté.  Je continuerai inexorablement ce récit qui ne se résume pas à une simple autobiographie où se chapeautent mes ressentis par mes lectures ou visions de ce que les plateaux de télé veulent bien nous transmettre.   Hélas, par ma retraite isolée du monde actif et d’une famille qui ne communique quasi jamais, je suis assez conscient, d’un certain déséquilibre social par manque de dialectique. La responsabilité m’en incombe.  Quel intérêt pourrait-on avoir à mon égard ?  Avec l’âge, - et je ne fais que répéter cette lamentation des vieux -, nous devenons transparents, à moins d’être riche et célèbre.   Situation confortable qui n’est pas celle dont je jouis en ce moment.  C’est donc ici que le bât blesse, de ne pas m’être assez préservé pour que ma descendance daignât porter sur moi ce regard opportun tout à fait légitime.   Votre attitude silencieuse, oh combien je la comprends !  Selon Charles de Foucauld (peut-être avant sa conversion spirituelle mais qui me semble tellement réaliste néanmoins) : « Il n’y a pas d’amour sans intérêt ! *»

Donc pour ne pas accentuer ces manques affectifs, de mon île déserte, j’envoie continuellement des bouteilles à la mer - les messages sont sans équivoque : « Allo, moi ici un autre qui ne demande qu’à mieux vous connaître et qui sait si dans ces échanges ne surgissent  pas quelques lumières positives qui pourraient nous aider mutuellement vers chacun son bonheur, chacun son destin, bien entendu ! »

  Pas plus tard que hier, par un petit poème, je me considérais comme ce fils Gorgio maudit, (référence à une chanson de Charles Aznavour « Ils sont tous là, elle va mourir Ah, la Mama ! » qui faisait partie de mon répertoire quand, vers mes vingt ans, je me produisais sur les terrasses de la Côte d’Azur).  En fait, je m’en voulais d’avoir heurté ma sœur et mes frères en relatant ce passage de notre Maman quand elle eu le courage de refaire sa vie et qu’elle côtoyât tout un temps un milieu lesbien qui l’avait peut-être aidé à s’échapper de la tyrannie soudaine de son mari depuis qu’ils avaient créé ce fameux « Mouton d’Or », pour ouvrir ailleurs sa « Flambée » dans le haut de la ville.  Je me reprochais de laisser ma plume s’envoler sans aucune retenue, sous prétexte que seule l’écriture offrait la meilleure analyse, quitte à réveiller de vieux engrammes enfouis, mais, en tout cas pour moi, redonnait vie à cette maman qui n’est plus là. Hélas !  Encore une fois, on ne s’adresse pas à moi directement !  C’est par mon neveu Jean-François, justement présent dans sa maison en Corse que j’apprendrai les conciliabules indignés de ma fratrie.   Et toujours je remarque :  pourquoi ne s’adresse-t-on pas directement, soit d’une manière épistolaire ou de vive voix par téléphone à ce frère, ce père, cet ami ?  Je dois donc vraiment en conclure : Je suis Gorgio le maudit... Parce que j’écris ?


* Petite erreur, j'avais des doutes.   Cette pensée ne vient pas de ce mystique, que le Pape François  vient de canonisé le 3 mai dernier, mais du Comte de la Rochefoucauld, plus tôt chronologiquement, diplomate et militaire  dans l'entourage du général Bonaparte,  futur empereur des Français.  

mercredi 19 mai 2021

Alea jacta est

 

Toi, l’Écriture quand Tu me prends, que me voilà empli de fierté,

Te promettant allégeance tel un chevalier sans arme ni armure.

Juste cette plume qui parfois me trahit et que soudain sa légèreté

Se transforme en une   masse aveugle brisant mes propres murs :

Ceux de l’élémentaire discrétion, cette base qui renforce les liens

Des familles et des amis Que néanmoins, effrontément sans égard,

Je t’obéis, Ô ma Reine qui m’obligera à l’exil, chassé comme un chien

Par les Miens qui ont certainement raison de me sortir de leur mémoire :

« Gorgio, le fils maudit ». 

mardi 18 mai 2021

 Les pendules à l'heure, S.V.P. 

 

Oui mes cadets de sœur et frères, entre six et dix ans de moins que moi, ce passage où notre maman quitte notre père, devenu franchement impossible à vivre, j’aurais peut-être dû préciser plus tôt qu’elle vous emmena avec elle habiter au-dessus de la Flambée.  Vous êtes quatre, encore à l’âge de cette fraicheur juvénile... complices, entre sept et tes douze ans, petite sœur.  René (malheureusement ne pourra témoigner) et moi sommes exclus, non pas par manque d’affinité (votre admiration pour vos grands frères protecteurs est bien naturelle), mais nos occupations, presque d’adulte, sont d’un tout autre ordre.  Vous êtes des écoliers, nous, les aînés, découvrons le monde des travailleurs avec leurs forces et leurs faiblesses, mêlées aussi d’hypocrisies et de sournoiseries, surtout dans ce milieu de l’industrie hôtelière (ce métier au service du ventre de ceux qui ont tendance à ignorer le larbin, ce qui le rendra parfois médisant), et toi sœurette, tu séjournes plus souvent chez ta Mamy, notre grand-mère paternelle.      Que vous n’ayez pas été perturbés par la présence de cette Michèle et cet entourage à caractère lesbien et pédéraste qui plana tout un temps dans son nouveau restaurant, qui de ce fait vivotait, et que maintenant en me lisant vous voilà offusqués par ce récit, cela me soulage et me réconforte que notre Maman ait réussi à vous préserver.

 

 L’origine du drame – si on considère cela comme un drame -, c‘est le succès de ce Mouton d’or.  « Ouvrir un restaurant avec six enfants, mais vous êtes fous ! » -  les mots de Maître Rubens (le parrain de Papa) ; un monde qui s’ouvrait à cette famille, un peu naïve, face à ce quartier des bas-fonds dans le cœur de la cité...et pour exercer une profession pour laquelle nous n’étions pas vraiment armés...Cette bénédiction « diabolique » :  une clientèle nombreuse ; de nouveaux sympathisants adeptes au plaisir de la bonne table et du bon vin qu’offre ce lieu d’allégresse, grâce à un Lucio, notre père, par   ce côté affable et très communicatif.  Cela aura son revers de médaille. Progressivement, puisqu’on ne refuse pas ce verre de l’amitié aux clients reconnaissant, le gentil mari attentif au bien-être de son épouse, l’alcool aidant, se métamorphosera en tyran jaloux et violent au moment de compter la recette en caisse en fin de journée.  Argent sacrée pour celle qui se voulait être prudente (elle est fille de commerçant) ...à dépenser pour celui qui se prend pour le chef incontesté de la réussite de la nouvelle entreprise et qui veut continuer la fête après la fermeture (fils d’un seigneur portugais ruiné – on n’a beau nous avoir raconté que c’est suite à un incendie qui ravagea ses terres, je commence à avoir de sérieux doutes ! -  ).  Notre mère avait compris que pour se préserver avec ses enfants en bas âge, la solution était d’ouvrir un restaurant ailleurs – vu que ce moyen marche si bien !  Il lui fallut un courage énorme.  Heureusement elle reçut, en plus du soutien de ses nouvelles amies et confidentes qui se méfiaient, soit par nature ou par mauvaises expériences de la gent masculine et patriarcale, l’aide de certains des fournisseurs du Mouton d’Or qui avaient remarqué les différends qui opposaient leur client : la patronne et le patron de cette nouvelle auberge qui sera l’amorce du ventre de Bruxelles : l’Îlot Sacré aux cent restaurants.  

 

Je sais en première lecture, que vous pourriez être choqués. Relisez.  Vous remarquerez qu’il n’y a pas la moindre ligne où j’écris quelle vous avait abandonnés.  Mais à l’époque, moi j'ai dix-huit ans et vois cela autrement.  Et miracle de l’écriture pour ce plongeon dans le passé, justement cette analyse me permet de clarifier cette zone noire et de comprendre réellement et, sachez ma sœur et vous mes frères, que c'est surtout de l'admiration qui ressortira au sujet de Maman qui n’abandonnera pas ses nouvelles amies qui l’avaient aidée à rompre avec ce patriarche qu’elle n’aura pourtant jamais cessé d’aimer, mais c’était une question de survie pour vous.  Non Maman, j’en arrive à cette conclusion, n’a jamais été vraiment une lesbienne, encore que cela ne soit pas un mal en soi,  ce que je me rends compte aujourd’hui, la preuve :  son mariage avec Pierre Doucie, cinq années plus tard.   Mais l’avait-elle autant aimé ce sosie de Raimond Rouleau, ce célèbre comédien bruxellois, au point de régulièrement lui demander des autographes, qui, au début 1987 ne se réveillât   pas du service d’Oncologie de l’Institut Bordet, vingt ans après leur mariage, à soixante-sept ans,   autant aimé que le père de ses six enfants ?  Quarante années plus tard, à ses genoux devant elle, elle lui avouait à ce Lucio, qu’elle l’avait toujours aimé...Notre père pourra mourir en paix, trois jours plus tard, un mercredi 13 octobre 1999,  en pleine forme, mais victime d'un AVC. C'était son souhait: surtout pas comme un vieux moribond dépendant, quasi paralysé comme son propre père en 1939.  Dom Salles Alfredo César de Santarem  était âgé de soixante-trois ans.   

 

Á +


dimanche 16 mai 2021

 

Non, au fond, c’est exactement le contraire !   Ce que je croyais finalement avoir compris du pourquoi mes profs en soutane du Collège avaient souri quand je leur avais annoncé que mes parents ouvraient un resto dans la Petite rue des Bouchers...découvrant moi-même ce qu’ils savaient de ces bas-fonds bruxellois aux mœurs dévoyées, j’étais encore bien loin de saisir toutes les raisons de ces déviances sexuelles avec un réel mépris.  Pensez donc !  Notre mère devenue lesbienne qui répudiait d’un coup les valeurs morales de ce qu’est une famille, en plus dans notre cas, nombreuse avec six enfants ; d’abandonner ce Mouton d’or qui démarrait sur les chapeaux de roues pour aller louer une maison dans la rue Francart, près de la Porte de Namur et y installer la Flambée, - oui ce nom qui était prévu au départ pour le Mouton d’or - qui deviendra, en tout cas à ses débuts, qu’une simple gargote trop cloîtrée pour un développement  normal ; c’était surtout un lieu de rendez-vous  de gouines et de pédérastes.  Il y avait de quoi hurler de rage de son entêtement. Surtout si c’était ce qu’elle souhaitait comme clientèle, il valait mieux rester dans le Centre.

« Maman, c’est ici dans ce quartier qu’il faut t’installer » … Mais elle restait sourde à mes arguments et me répondait, « Pas question de faire de la concurrence à ton père...et puis, il est temps qu’il prenne ses responsabilités !». – C’est vrai, c’était aussi une des raisons de son départ, son mari dépensait toujours plus que ce qu’il ne gagnait… qu’on se retrouvât toujours qu’avec des dettes.  Pas marrant pour les aînés, René et moi, adolescents, pour les courses du miammiam, lorsque   l’épicière ou le boucher du coin demandaient le passage des parents pour régler l’ardoise qui s’alourdissait ; mais ils avaient bon cœur pour ce foyer aux six enfants… et nous partions, en rougissant quand-même, avec les précieuses victuailles. Ce Mouton d’Or n’a fait qu’aggraver le caractère dépensier et irresponsable de ce chef de famille, baptisé Monsieur Champagne à la Rose Noire, chez Louis Leduc, presque son voisin dans la Petite rue des Bouchers ou chez Paul au Gaity près de la Place de Brouckère, sans parler des quelques derniers bastions au cœur de la cité de bars et cabarets qui avaient échappé à la razzia de la police des mœurs qui avaient mission d’assainir Bruxelles avant l’Expo 58.

Adieu aussi Maman pour ta belle et longue chevelure et ce doux visage maternel et aimant où tu me témoignais toute ta tendresse… Que tu affichais maintenant un regard assez froid et distant, même vis-à-vis de ce fils de dix-huit ans qui portait le même prénom que ton père. Pourquoi ?  Évidemment que tu fus déçue que ton deuxième garçon interrompe ses études, pourtant assez prometteuses, pour une carrière scientifique !

    C’est seulement maintenant à presqu’à l’âge du décès de mon père - le six juin, Facebook annoncera sans doute ma date anniversaire sans préciser mes soixante-dix-neuf printemps - et cela, grâce à Olivier Delacroix et Julie Ledru, un reportage sur France 5 :   Ils font bouger…  sur la question de la « Transidentité, le combat pour être soi » , alors que cette question me reboutant habituellement,  j’aurais normalement visé un autre programme.   Quelle est cette force mystérieuse, cette raison de suivre avec attention, ne serait-il pas temps enfin de me pencher sans préjugés sur la question de l’homosexualité ?

Les témoignages me touchent au point d’en avoir des larmes.  Ces dérèglements de la nature humaine où, précédemment, j’insistais me demandant pourquoi le Bien et le Mal, interrogeant l’Éternel ?   Que la réponse me tombe en paillette d’or sur Frank, le berger allemand qui me précédait dans ce chemin de campagne, près de Corroy-le-Grand : « L’ennemi c’est ma puissance, l’amitié ma récompense » …     Il y a des bons et des mauvais parmi les humains.  Pourquoi de telles différences ?  Serait-ce une question de cette alchimie de la modernité industrielle (principalement la malbouffe) qui aurait modifié nos cellules ?  Que des hommes naissent dans des corps de femme et que des filles naissent dans des corps de garçon ?

 Et que ces exclus en quelque sorte sont néanmoins des humains.   Nous savons que l'instinct grégaire de base qui nous caractérise garantit notre survie..

.Et ce n'est donc pas contrenature, mais essentiel à leur équilibre   de pouvoir  se retrouver parmi les Autres...et le plus simple, des comme eux, qui ne leur porteront pas un regard réprobateur ou méprisant. 

 Voilà ce qu'était jusqu'en 1958 la Petite rue des Bouchers. 

vendredi 14 mai 2021

 

 Cette scène du 10 octobre 1999 au restaurant la Bergerie, Petite rue des Bouchers à Bruxelles où je vois notre père, un genou à terre, dire à notre mère, alors qu’ils étaient séparés depuis plus de quatre décennies « Alors tu m’aimes encore ! », seront donc pratiquement les dernières paroles, peut-être les plus merveilleuses qu’un fils de cinquante-sept ans puisse entendre de la bouche de ses parents presque octogénaires.   Le patriarche, nous savions, qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer, malgré ses infidélités depuis ma naissance ; la raison qu’à Lisbonne, il y eut cette première rupture ; et que Maman avec ses deux enfants, René et moi, nous revînmes en Belgique en 1946.   Le Don Juan fera amende honorable.  Lucio quittera son pays natal l’année suivante, et réussira à reconquérir celle qui lui avait si bien souri sur la scène de l’Alhambra en 39 pour un concert au profit de la Pologne qui venait d’être envahie par l’Allemagne. -  Merci Massenet, une jeune secrétaire d'avocat au piano et un étudiant en Polytechnique de la Faculté de Solboche au violon tombèrent amoureux en interprétant en duo ta divine Méditation de Thaïs. -  La petite famille recomposée en 1947 s’agrandira bien vite, d’abord Claudine en octobre ... En janvier 50, au grand étonnement de la sage-femme où bébé Jean venait de naître.   Elle réalisa qu’il y en avait encore un autre – Eh oui, à l’époque, pas encore d’échographie ! ... Du coup ce sera Jean-Luc et Jean-Marie !  Paul, qu’on a toujours appelé Polo, viendra en juillet 51...et une petite Martine arriva plus tard un seize octobre 1956, même   trop tard. Maman effectivement avait remarqué que cette nouvelle petite sœur ne montrait plus de signe de vie dans son ventre, depuis quatre jours.

Nous en arrivons donc à 1958, dans la Petite rue des Bouchers...au sourire des frères- abbés du Collège Ste Gertrude à Nivelles, quand je leur annonçai que mes parents ouvraient un restaurant dans cette rue...Que je finirai donc par comprendre en apercevant une certaine Françoise à la plonge, vêtue comme un homme …Que notre mère à la cuisine s’était mise à fumer ; avait un regard étrange, des yeux dans le vague...silencieuse, mais des messes basses avec cette femme à l’allure masculine.  Notre mère, trente-huit ans, grande élancée, la beauté d’une Greta Garbo avec les yeux rieurs d’une Danielle Darrieux, les lesbiennes du quartier l’avaient vite repérée.

  N’oublions pas qu’elle n’est toujours pas remise de la perte de ce bébé à la naissance ; que stupidement on l’empêcha de voir cette petite frimousse au yeux bleus, déjà garnie de cheveux noirs et bien joufflue avec ses quatre kilos-deux-cents, était-ce bien nécessaire qu’elle ne puisse pas en faire son deuil en la voyant au moins une fois ?   Cela aurait été un avorton cramoisi, d’accord...mais non.   Le malaise avait probablement commencé là.  L’homme, le père avait décidé pour contrer le chagrin d’une mère qui vient de perdre cette vie ressentie pendant tous ces mois dans ses entrailles ?  Grave erreur !   Il n’y a que les femmes pour comprendre.

Et notre mère partira ouvrir son propre restaurant avec une certaine Michèle

René les accompagnera.  Mon père souffrait trop de cette rupture, il perdait tout contrôle.  Très mauvais pour un resto en pleine croissance … je ne pouvais l’abandonner …Ce sera plutôt mes études qui seront laissées pour compte.   

 

 

Je n’ai que dix-huit ans

Dans ce combat de mille ans

Pour calmer cette révolte

J’ai besoin d’amitié

Méprisé, rejeté

Avant de naître orphelin

De l’amour désinvolte

D’un couple sans destin

 

 

  Après vingt ans de mariage, nos parents se séparent (1960), je ne retournerai plus à l'Athénée d'Ixelles après les vacances de Pâques finir mes Humanités.  Conclusion, je mettrai plus de quatre décennies à mieux comprendre - et encore avec beaucoup de manques - ce que j'aurais pu apprendre en dix fois moins de temps à l'Université. 



                                  Je n'ai que dix-huit ans

Je n’ai que dix-huit ans

Dans ce combat de mille ans

Pour calmer cette révolte

J’ai besoin d’amitié

 

Méprisé rejeté

Avant de naître orphelin

De l’amour désinvolte

D’un couple sans destin

 

Plus d’amis plus d’études

Mon diplôme la solitude

Plus de famille  une vie rude

Sera mon premier prélude

 

Chacun a droit à l’amitié

Et je trouverai ma destinée

Pour vivre l’Éternité

Le vent la mer et le soleil

Nous porteront vers l’Éternel

 

Face à l’immensité

Des besoins de la cité

Là le cœur est second

Loin derrière la Raison

 

Compagnons de la rue

M’ont trouvé ingénu

M’ont promis beaucoup d’or

C’est un sort qui dévore

 

J’ai cherché la Lumière

Parcouru mers et terres

Pour trouver enfin nu

L’Amour m’est apparu*

 

De cet amour appelé Soleil

Dix mille enfants au cœur si pur

Qui même aux yeux de la Nature

Feront en sorte qu’elle s’émerveille

Car notre amour est éternel

Un clic pour écouter cette chanson

Je la dédie à Jean-Baptiste de la Salle et à Don Bosco