dimanche 16 mai 2021

 

Non, au fond, c’est exactement le contraire !   Ce que je croyais finalement avoir compris du pourquoi mes profs en soutane du Collège avaient souri quand je leur avais annoncé que mes parents ouvraient un resto dans la Petite rue des Bouchers...découvrant moi-même ce qu’ils savaient de ces bas-fonds bruxellois aux mœurs dévoyées, j’étais encore bien loin de saisir toutes les raisons de ces déviances sexuelles avec un réel mépris.  Pensez donc !  Notre mère devenue lesbienne qui répudiait d’un coup les valeurs morales de ce qu’est une famille, en plus dans notre cas, nombreuse avec six enfants ; d’abandonner ce Mouton d’or qui démarrait sur les chapeaux de roues pour aller louer une maison dans la rue Francart, près de la Porte de Namur et y installer la Flambée, - oui ce nom qui était prévu au départ pour le Mouton d’or - qui deviendra, en tout cas à ses débuts, qu’une simple gargote trop cloîtrée pour un développement  normal ; c’était surtout un lieu de rendez-vous  de gouines et de pédérastes.  Il y avait de quoi hurler de rage de son entêtement. Surtout si c’était ce qu’elle souhaitait comme clientèle, il valait mieux rester dans le Centre.

« Maman, c’est ici dans ce quartier qu’il faut t’installer » … Mais elle restait sourde à mes arguments et me répondait, « Pas question de faire de la concurrence à ton père...et puis, il est temps qu’il prenne ses responsabilités !». – C’est vrai, c’était aussi une des raisons de son départ, son mari dépensait toujours plus que ce qu’il ne gagnait… qu’on se retrouvât toujours qu’avec des dettes.  Pas marrant pour les aînés, René et moi, adolescents, pour les courses du miammiam, lorsque   l’épicière ou le boucher du coin demandaient le passage des parents pour régler l’ardoise qui s’alourdissait ; mais ils avaient bon cœur pour ce foyer aux six enfants… et nous partions, en rougissant quand-même, avec les précieuses victuailles. Ce Mouton d’Or n’a fait qu’aggraver le caractère dépensier et irresponsable de ce chef de famille, baptisé Monsieur Champagne à la Rose Noire, chez Louis Leduc, presque son voisin dans la Petite rue des Bouchers ou chez Paul au Gaity près de la Place de Brouckère, sans parler des quelques derniers bastions au cœur de la cité de bars et cabarets qui avaient échappé à la razzia de la police des mœurs qui avaient mission d’assainir Bruxelles avant l’Expo 58.

Adieu aussi Maman pour ta belle et longue chevelure et ce doux visage maternel et aimant où tu me témoignais toute ta tendresse… Que tu affichais maintenant un regard assez froid et distant, même vis-à-vis de ce fils de dix-huit ans qui portait le même prénom que ton père. Pourquoi ?  Évidemment que tu fus déçue que ton deuxième garçon interrompe ses études, pourtant assez prometteuses, pour une carrière scientifique !

    C’est seulement maintenant à presqu’à l’âge du décès de mon père - le six juin, Facebook annoncera sans doute ma date anniversaire sans préciser mes soixante-dix-neuf printemps - et cela, grâce à Olivier Delacroix et Julie Ledru, un reportage sur France 5 :   Ils font bouger…  sur la question de la « Transidentité, le combat pour être soi » , alors que cette question me reboutant habituellement,  j’aurais normalement visé un autre programme.   Quelle est cette force mystérieuse, cette raison de suivre avec attention, ne serait-il pas temps enfin de me pencher sans préjugés sur la question de l’homosexualité ?

Les témoignages me touchent au point d’en avoir des larmes.  Ces dérèglements de la nature humaine où, précédemment, j’insistais me demandant pourquoi le Bien et le Mal, interrogeant l’Éternel ?   Que la réponse me tombe en paillette d’or sur Frank, le berger allemand qui me précédait dans ce chemin de campagne, près de Corroy-le-Grand : « L’ennemi c’est ma puissance, l’amitié ma récompense » …     Il y a des bons et des mauvais parmi les humains.  Pourquoi de telles différences ?  Serait-ce une question de cette alchimie de la modernité industrielle (principalement la malbouffe) qui aurait modifié nos cellules ?  Que des hommes naissent dans des corps de femme et que des filles naissent dans des corps de garçon ?

 Et que ces exclus en quelque sorte sont néanmoins des humains.   Nous savons que l'instinct grégaire de base qui nous caractérise garantit notre survie..

.Et ce n'est donc pas contrenature, mais essentiel à leur équilibre   de pouvoir  se retrouver parmi les Autres...et le plus simple, des comme eux, qui ne leur porteront pas un regard réprobateur ou méprisant. 

 Voilà ce qu'était jusqu'en 1958 la Petite rue des Bouchers. 

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