vendredi 14 mai 2021

 

 Cette scène du 10 octobre 1999 au restaurant la Bergerie, Petite rue des Bouchers à Bruxelles où je vois notre père, un genou à terre, dire à notre mère, alors qu’ils étaient séparés depuis plus de quatre décennies « Alors tu m’aimes encore ! », seront donc pratiquement les dernières paroles, peut-être les plus merveilleuses qu’un fils de cinquante-sept ans puisse entendre de la bouche de ses parents presque octogénaires.   Le patriarche, nous savions, qu’il n’avait jamais cessé de l’aimer, malgré ses infidélités depuis ma naissance ; la raison qu’à Lisbonne, il y eut cette première rupture ; et que Maman avec ses deux enfants, René et moi, nous revînmes en Belgique en 1946.   Le Don Juan fera amende honorable.  Lucio quittera son pays natal l’année suivante, et réussira à reconquérir celle qui lui avait si bien souri sur la scène de l’Alhambra en 39 pour un concert au profit de la Pologne qui venait d’être envahie par l’Allemagne. -  Merci Massenet, une jeune secrétaire d'avocat au piano et un étudiant en Polytechnique de la Faculté de Solboche au violon tombèrent amoureux en interprétant en duo ta divine Méditation de Thaïs. -  La petite famille recomposée en 1947 s’agrandira bien vite, d’abord Claudine en octobre ... En janvier 50, au grand étonnement de la sage-femme où bébé Jean venait de naître.   Elle réalisa qu’il y en avait encore un autre – Eh oui, à l’époque, pas encore d’échographie ! ... Du coup ce sera Jean-Luc et Jean-Marie !  Paul, qu’on a toujours appelé Polo, viendra en juillet 51...et une petite Martine arriva plus tard un seize octobre 1956, même   trop tard. Maman effectivement avait remarqué que cette nouvelle petite sœur ne montrait plus de signe de vie dans son ventre, depuis quatre jours.

Nous en arrivons donc à 1958, dans la Petite rue des Bouchers...au sourire des frères- abbés du Collège Ste Gertrude à Nivelles, quand je leur annonçai que mes parents ouvraient un restaurant dans cette rue...Que je finirai donc par comprendre en apercevant une certaine Françoise à la plonge, vêtue comme un homme …Que notre mère à la cuisine s’était mise à fumer ; avait un regard étrange, des yeux dans le vague...silencieuse, mais des messes basses avec cette femme à l’allure masculine.  Notre mère, trente-huit ans, grande élancée, la beauté d’une Greta Garbo avec les yeux rieurs d’une Danielle Darrieux, les lesbiennes du quartier l’avaient vite repérée.

  N’oublions pas qu’elle n’est toujours pas remise de la perte de ce bébé à la naissance ; que stupidement on l’empêcha de voir cette petite frimousse au yeux bleus, déjà garnie de cheveux noirs et bien joufflue avec ses quatre kilos-deux-cents, était-ce bien nécessaire qu’elle ne puisse pas en faire son deuil en la voyant au moins une fois ?   Cela aurait été un avorton cramoisi, d’accord...mais non.   Le malaise avait probablement commencé là.  L’homme, le père avait décidé pour contrer le chagrin d’une mère qui vient de perdre cette vie ressentie pendant tous ces mois dans ses entrailles ?  Grave erreur !   Il n’y a que les femmes pour comprendre.

Et notre mère partira ouvrir son propre restaurant avec une certaine Michèle

René les accompagnera.  Mon père souffrait trop de cette rupture, il perdait tout contrôle.  Très mauvais pour un resto en pleine croissance … je ne pouvais l’abandonner …Ce sera plutôt mes études qui seront laissées pour compte.   

 

 

Je n’ai que dix-huit ans

Dans ce combat de mille ans

Pour calmer cette révolte

J’ai besoin d’amitié

Méprisé, rejeté

Avant de naître orphelin

De l’amour désinvolte

D’un couple sans destin

 

 

  Après vingt ans de mariage, nos parents se séparent (1960), je ne retournerai plus à l'Athénée d'Ixelles après les vacances de Pâques finir mes Humanités.  Conclusion, je mettrai plus de quatre décennies à mieux comprendre - et encore avec beaucoup de manques - ce que j'aurais pu apprendre en dix fois moins de temps à l'Université. 



                                  Je n'ai que dix-huit ans

Je n’ai que dix-huit ans

Dans ce combat de mille ans

Pour calmer cette révolte

J’ai besoin d’amitié

 

Méprisé rejeté

Avant de naître orphelin

De l’amour désinvolte

D’un couple sans destin

 

Plus d’amis plus d’études

Mon diplôme la solitude

Plus de famille  une vie rude

Sera mon premier prélude

 

Chacun a droit à l’amitié

Et je trouverai ma destinée

Pour vivre l’Éternité

Le vent la mer et le soleil

Nous porteront vers l’Éternel

 

Face à l’immensité

Des besoins de la cité

Là le cœur est second

Loin derrière la Raison

 

Compagnons de la rue

M’ont trouvé ingénu

M’ont promis beaucoup d’or

C’est un sort qui dévore

 

J’ai cherché la Lumière

Parcouru mers et terres

Pour trouver enfin nu

L’Amour m’est apparu*

 

De cet amour appelé Soleil

Dix mille enfants au cœur si pur

Qui même aux yeux de la Nature

Feront en sorte qu’elle s’émerveille

Car notre amour est éternel

Un clic pour écouter cette chanson

Je la dédie à Jean-Baptiste de la Salle et à Don Bosco

 

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