samedi 27 avril 2019



Adieu vieille canaille et adieu mon beau voilier! 


Que d’eau a coulé sous la coque depuis… jusque en 2006 où je revins à Saint-Martin pour négocier la vente des 14 tonnes d’aluminium que représentent ce qui reste du Spirit of Sindbad. 

En 2005, au large du Surinam, le cotre se fit éventrer par un navire fantôme, en pleine nuit, qui disparaîtra sans porter secours.  Mon bateau n’est plus qu’une épave gisante dans un chantier naval à Marigot.  Lors de la collision, -  heureusement coque insubmersible - malgré le gréement arraché et le flan bâbord complètement enfoncé sur près d'un tiers de la longueur, Jean-Lou, ce diable d’homme, hissera un mât de fortune et réussira à le ramener à Saint-Martin.   Oui, le gréement fut emporté, accroché à l’ancre de la proue du fuyard.  Je n’étais pas à bord et attendais impatiemment le retour du Spirit en Europe.  Une fois de plus, il avait disparu et ce ne sera que pratiquement plus d’une année plus tard que j’apprendrai cette collision en mer par un certain Lucas, compatriote suisse de J-L.   Son nouveau partenaire profitera peut-être des trois années pour naviguer jusqu’en Patagonie et découvrir les côtes brésiliennes, mais il s’y ruinera. Jean-Louis avait trouvé son nouveau sponsor et pouvait se passer de moi. 

En final, quelques mois plus tard,  effondré aussi par ce bateau détruit qui ne pourra plus répondre à l’appel du Large,   ce Ecce marin se laissera mourir à Saint-Martin,  emporté par une hépatite du type C attrapée au Brésil.  

Toi qui repose depuis 2005 dans le petit cimetière de Marigot à Saint-Martin …que sur ta tombe abandonnée, sans le moindre signe, je la couvrirai de l’annexe du Spirit of Sindbad   avec cette épitaphe sur la coque retournée comme pour la protéger des prémices du temps:

Jean-Louis Buclain
1951 - 2005
Capitaine du Spirit of Sindbad

Cette chanson « Schyzomarine », Jean-Lou je te la dédie…en souvenir de nos nombreuses disputes.

Un mois avant sa mort,  - et j'ignorais qu'il appelait de l'hôpital de Marigot (St Martin) presque aux soins palliatifs - il m'avait téléphoné pour que je lui envoie les fonds pour le carénage.   Soi-disant le bateau était prêt; juste devait-il traiter la coque pour  une couche d'antifooling pour la traversée vers l'Europe.  



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