dimanche 14 avril 2019





PR. la veille, j'avais écris: 
Rien, ni personne ne pouvait me faire changer d’idée, la chanson primait et il me fallait un homme en permanence à bord du Spirit of Sindbad… à ma place…et cet homme a effectivement pris ma place …de maître à bord.  Cependant: 

Parfois de grosses bagarres éclataient.  L’une d’elles mérite d’être racontée, car elle m’a permis de clôturer cette chanson « Schyzomarine ».  Inutile de chercher ce mot.   Il n’apparaît pas au dictionnaire. (Avis aux Académiciens).

« Aux marins solitaires
Qui ne veulent que les étoiles
Pour sillonner les mers
Est-ce bien normal
Il y en a des milliards
Et chacune un grand phare
Envoyant le message
Ensemble les grands voyages…/… 


NB. Je ne la ferai pas écouter, car ne n'apprécie pas du tout les arrangements style samba que mon ami Jean-Marie Dorval a réalisé, même si c'est moi qui chante. J'imaginais plutôt une complainte lente comme je lui avais pourtant présenté à la guitare. Hélas, tout était en place au studio d'enregistrement et ainsi s'effritera dans l'oubli  une oeuvre à laquelle je croyais.   


Nous avions accosté dans une des nombreuses marinas de Miami en ayant vogué très calmement par manque de vent, finalement au moteur à cinq nœuds à travers les Caraïbes.  On venait des Bahamas, de Nassau plus exactement, où Jean-Lou et Céline, sa nouvelle compagne, m’avaient attendu.  Mais à peine au Stades  que cette dernière s’enfuit dans le premier avion pour rejoindre son père à Saint Martin.  J’avoue l’avoir un peu aidée en ayant cédé à sa supplication pour l’achat du billet.
On peut deviner dès lors l’humeur exécrable de Jean-Lou vis-à-vis de moi, qu’il suspectait de ma complicité à ce départ.

«  -Sorry,   mais j'avais pitié de la voir malmenée par le rustre que tu es, qui n'hésitais  pas à la gifler et  qu'elle avait  un besoin impérieux de se réfugier chez moi!"


 Aussi il profitait de  la moindre occasion pour  me chercher des noises.  Tout à éclater vraiment quand je ramenai un petit frigo d’appoint au bateau pour remplacer les glacières qui m’obligeaient à faire régulièrement la navette pour stocker des pains de glaces. En naviguant sous les Tropiques, la chaleur est supportable, mais à quai dans une marina un peu de fraîcheur, matérialisée par une bonne bière, est la bienvenue. Nous disposons ici d’une borne électrique.  Pourquoi s’en priver? Après l’expérience de mon précédent Yacht, le Coloba, super équipé en réfrigération qui nécessitait continuellement une grande dépendance en électricité en me raccordant systématiquement aux prises du port pour éviter de mettre le groupe électrogène relativement bruyant la nuit, j’avais accepté l’idée, émise par Jean-Louis de naviguer comme autrefois sans frigos.  Juste deux panneaux solaires pour alimenter les batteries nécessaires aux instruments de navigation et du minimum d’éclairage pour les cabines et feux de route.  Il hurle carrément en vociférant qu’avec mes 100 $ dépensés, on aurait pu racheter de nouveaux bouts.  En général ses crises glissent sur la carapace de mon indifférence et je m’enferme dans ma cabine pour lire ou écrire.  Mais cette fois, à peine installé, j’entends des coups de marteau.  Carrément, il est occupé à clouer la porte pour m’empêcher de sortir.    « - Ainsi, cela t’empêchera d’aller acheter n’importe quoi ! ».  Ma réaction ne se fit pas attendre, dans ma soudaine colère qui décupla mes forces, j’enfoncerai la porte d’un terrible coup de pied et nous en arrivons aux mains.  Mais là, est-ce la violence de la porte en éclat qui le calma où cette injonction de le virer du bord définitivement, le colosse deux fois plus fort que moi pourtant, réalisa-t-il qu’il avait dépassé les bornes ?, le voilà tout docile, secoué de rires nerveux en préparant son baluchon pour quitter le navire… et flash, mon inspiration d’un coup :
 « - Tu permets un instant, j’ai quelque chose à écrire »  
Illico me voilà dans ma cabine (sans porte) … vite mon   stylo et tracer le dernier couplet, que je ne trouvais toujours pas,  pour clôturer enfin cette chanson « Schyzomarine » :

…/… Et quand vient le moment
De se quitter vraiment
Chacun se découvrant
Un peu trop différent
Prenant l’air rigolo
Pour cacher les sanglots
Sur le quai sac au dos
On repart à zéro. 


Certainement là mes amis je n'avais pas tout faux en prenant possession du commandement du navire, seul maître à bord.  Mais le fou, l’illuminé qui croyait à ses chansons, souhaitait revenir presto en Belgique ...retrouver ses partenaires musiciens pour enregistrer la dernière création. Et je repris Jean-Lou qui traînait toujours dans la marina.  Nous voguerons vers le Sud, longeant les Everglades   jusqu'à Key Largo, et sortirons le Spirit of Sindbad de l'eau, qui avait besoin d'une nouvelle couche d'antifooling. J'en profiterai pour faire un saut à Bruxelles.  Grave erreur!  La Céline, s'était rendue compte d’être enceinte et rappliqua de St Martin...Le couple réconcilié repartira sans m'attendre vers le Costa Rica.  Et mon bateau, ma seule richesse, disparaîtra encore une fois.  Tout ça parce que je croyais à mes chansons.  Elles m'ont complètement ruiné.  Cette année, il me sera même interdit de lire Tintin, car je franchirai la barre des soixante-dix-sept ans.  Bref, si je ne peux même plus lire Tintin...quel avenir!  

Évidemment,  ce dernier avis est aussi tout faux,  puisque dans quelques heures mes petits-enfants, Alexis et Manon viennent passer quelques jours de vacances de Pâques ici à la Côte d'Opale avec moi où je séjourne pour l'instant.    De la joie, des rires d'enfants...des regards qui s'émerveillent!  Que demander de plus pour que  ce vieil homme et la mer soit heureux.    






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire