samedi 25 septembre 2021

 

 BARBARA


Uccle, dimanche deux juillet 1978

Il est quatre heures de l’après-midi. Plus de deux heures que Mme Govaert, la gynéco était retournée dans la salle d’accouchement après m’avoir annoncé, affolée: 

-           - Cela se passe mal, le bébé arrive par le siège...il risque l’asphyxie. Une seule possibilité, la césarienne... mais à vif sans endormir la mère car l’enfant mourrait...Êtes-vous d’accord ? 

-            Oui, lui répondrai-je...


Puis cette attente angoissante pendant plus de deux heures, sans la moindre nouvelle !  Pourquoi ? J’imagine le pire.  Cela s’est très mal passé...Seraient-elles mortes toutes les deux ...qu’on hésite à me l’annoncer ?    J’arpente le couloir de la clinique Saint-Elisabeth. Dehors, il pleut averse sans arrêt. Les anges du ciel aussi pleuraient.  Aucun doute : elles sont mortes.  Je hurle ma douleur au téléphone.  Ma mère me rejoint…Et puis par hasard, une infirmière sort enfin de la salle d’op. 

 

    - Comment ?  On ne vous a pas prévenu ?   Vous avez une très jolie fille et la mère se porte bien...

Dans l’allégresse, jaillit ce nom « Barbara » en me rappelant ce poème de Prévert : « Il pleuvait sur Brest ».

 

S’il te plaît ma fille, ne m’ajoute pas encore une autre souffrance !  



(Un différend très sérieux est apparu  quarante-trois ans plus tard;  que je mets sur le compte de la psyché des enfants du divorce.)

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