dimanche 24 février 2019


Il était une fois au cœur de Bruxelles


Toujours en souvenir de Corroy-le-Grand avant 1950.
De cette fratrie de douze enfants, dont la marraine Esther était l’aînée et mon grand-père Georges, le cadet, ne succédera qu’une fille, Georgette, ma mère et Marcel, son cousin germain.    Il y avait donc de l’amour à revendre dont René et moi profitions de ces deux grands-tantes sans enfants.    Heureusement, Lucio, palliera à ce manque d’héritiers.  Georgette, leur nièce chérie mettra au monde sept descendants dont des jumeaux (Jean-Luc et Jean-Marie) ; Paul le cadet le restera car hélas !, le dernier enfant, une petite Martine de plus de quatre kilos s’est étouffée par le cordon ombilical quatre jours avant la naissance, le seize octobre 1956.   Et tout à basculer dans nos vies.  Cette maman au foyer, de trente-six ans, pour échapper à sa profonde tristesse décida de trouver un emploi - peut-être plus celui de secrétaire dans un cabinet d’avocat, avant nos naissances et la fuite au Portugal en 1943, suite à l’Invasion allemande -, mais comme vendeuse-démonstratrice aux Galeries Ansbach au centre de Bruxelles.  Et ainsi a jailli dans la tête de mon père l’idée d’ouvrir un restaurant.
« -  Si tu veux travailler, alors pourquoi pas ensemble en ouvrant un restaurant ? »
« - Un restaurant, avec six enfants !  Mais vous êtes fous ! », s’exclamera Maître Rubens, parrain de mon père baptisé à seize ans.  Mon grand-père, tout Portugais qu’il était, n’en était pas moins complètement athée.  In fine il céda aux arguments de l’avocat et de sa femme très catholiques ; surtout que ces derniers n’ayant pu avoir d’enfant, admiratifs de ce jeune Portugais très studieux, le considéraient comme leur fils.  Il est vrai qu’il brillait pour ses études de violon, de dessin à l’Académie des Beaux-Arts, et ses cours de Polytechniques (interrompus par la guerre) pour devenir ingénieur à l’Institut Solboche.   Ils l’avaient déjà aidé financièrement en 1951, afin de lui permettre de créer « Tricork », son bureau d’étude pour la fabrication de portes en lamellé de liège, brevet venant du Portugal… et il est possible qu’ils auront encore donné un petit coup de pouce pour l’ouverture du restaurant « le Mouton d’Or » au 21 Petite rue des Bouchers.  Et ainsi un quartier morbide interdit des bas-fonds de Bruxelles, d’avant 1958, où le commerce de la prostitution régnait en maître, se métamorphosa, en très peu de temps, en un cœur gastronomique de la future capitale de l’Europe, dont ce paternel en était l’un des précurseurs européens, par son slogan « Manger portugais dans le plus parisiens des restaurants bruxellois », qui attira tous les artistes et stars de l’époque.   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire