vendredi 15 février 2019


Juste pour terminer.  Cette escale, plus longue que prévue, offrit l’occasion à Jean-Lou d’aller plonger pour faire la réserve de poissons.   Il refit surface avec deux langoustes et un mérou, mais complètement sonné, en vociférant de rage contre des crapules qui pêchaient à l’explosif.  Hélas, ce citadin* qui m’imprégnait encore, n’aura pas le loisir de déguster ces mets de luxe!

 *Moins de quarante-huit heures avant, j’étais encore en France, plus exactement à Le Peck (petite commune qui vit naître Jacques Tati, dans les Yvelines, à l’ouest de Paris à côté de Saint-Germain-en-Laye où domine l’ancien château de Louis XIV avant que ce dernier ne transféra sa Cour à Versailles) et déménageais mes affaires du pavillon que j’occupais depuis plus d’un an.
 Le Spirit of Sindbad, après réfection, avait été mis à l’eau le lundi six juin 1988, le jour de mes quarante-six ans, à la Marina Bas-du-Fort de Point-à-Pitre en Guadeloupe.  Tandis que Jean-Lou garderais le bateau, j’étais revenu à Paris pour liquider la faillite de mon restaurant « Le Pacific Fruits &Music », situé dans le quartier de Beaubourg, au 8 rue Brantôme (IVème Ar.) – C’est une autre histoire, j’y reviendrai -    Seulement, depuis trois mois, sans plus la moindre nouvelle de Jean-Lou, je commençais sérieusement à m’inquiéter…surtout que la Guadeloupe avait été ravagée par le cyclone Hugo.  Le cotre aurait-il été détruit avec Jean-Lou et Céline, sa nouvelle compagne ?   Mais il y avait eu ces rumeurs qu’ils étaient partis voguer pour leur lune de miel vers Saint-Martin, et cela me rassura quelque peu au sujet du bateau.  N’empêche que depuis trois mois, c’était le silence.  Le seul lien possible pour Jean-Lou de m’atteindre est le téléphone fixe du bungalow.  À l’instant même où j’allais arracher la prise pour restituer l’appareil à la régie, celui-ci se mit à sonner.  C’était Jean-Lou !  À cours d’argent sans doute.   Il n’eut pas le temps de m’en demander, « J’arrive où es-tu ? »  Le surlendemain, je posais mes pieds sur le tarmac de l’aéroport de Nassau.  Spirit of Sindbad mouillait juste dans le canal, face au Club Med.   Delà nous décideront de mettre le cap vers Miami… et cette première escale à trois miles au Nord…  Et ce chien seul sur cet îlot.  
                                   

En effet, un voilier, battant pavillon allemand, avait jeté l’ancre près du Spirit of Sindbad.  Le couple accepta, avec un air un peu dubitatif, le troc que Jean-Lou proposait : sa précieuse pêche contre quatre cannettes de bière fraîche, une boite de saucisses de Francfort et un peu de moutarde. Effaré, que pouvais-je dire, c’était sa pêche ? La joie pour le Suisse qui déglutit ces merguez teutonnes qu’il enrobait de moutarde, me faisait penser à Marcel Proust et cette madeleine trempée dans sa tasse de thé qui lui rappelait ce moment de délectation dans sa jeunesse.  
Oui, comme énoncé dans la chanson « Le Curé de campagne », ce petit village de Corroy-le-Grand avait repris vie, après les deux vagues de désertion de ses jeunes habitants actifs.   La première remontait à la fin du 19ième Siècle, quand, le cœur léger, ils s’exilaient vers les Amériques ; l’autre après la Deuxième Guerre Mondiale et l’essor de l’urbanisation des grandes villes.  Il faut aussi tenir compte des disparus, victimes des deux grands conflits meurtriers qui ont ébranlé l’Europe. Et, à retrouver les nombreuses douilles de cartouches qui jonchaient les bois tout autour en 1948-1950, nous les enfants, pouvions imaginer ces combats guerriers.   Cette bourgade pittoresque aura vite suscité l’engouement des nouveaux résidents que provoqua l’édification fin des années soixante de la cité universitaire de Louvain-la-Neuve à proximité, créée pour des raisons linguistiques, où les cours pouvaient se donner en français, contrairement à Louvain- « l’ancienne », culturellement flamande convaincue.
 La modeste petite école primaire, autrefois composée d’une classe pour les filles et une pour les garçons, et chacune disposant de sa cour de récréation.  Je fus l’un de ses écoliers, assis   dans la rangée des bancs de première et deuxième année.    Actuellement, encadrée par une équipe de jeunes enseignantes enthousiastes, cette petite école s’était complètement dynamisée, agrandie à l’arrière avec de nombreuses classes, une grande cour de détente commune aux filles et garçons pour accueillir quelques centaines d’enfants de trois à douze ans.  Par un bel après-midi de printemps, avec la guitare, j’étais venu présenter cette chanson « Le curé de village » au moment de la récréation.  Hélas, ni les gosses, ni les adultes ne pouvaient vraiment comprendre ma démarche : rappeler l’histoire de ce village, de sa petite école et de son curé de campagne des années cinquante!

Fallait-il revenir méditer ici, sur ce chemin de campagne, après quatre décennies pour que me vienne cette illumination, cet état de conscience transcendant pour trouver une réponse …vouloir comprendre pourquoi tout ce mal que provoquent les hommes ?

Soudain,  hallucinerais-je?,  je vis de la poussière d'or  enrober Frank,  mon berger allemand qui me précédait, et  cette réponse qui me tomba de Dieu sait où: 


" L'ennemi c'est ma puissance, l'amitié ma récompense!" 

(Sur une musique de Jean-Marie Dorval) :

Exode africa


Le Mal et le Bien
Héros et terroristes 


Un clic pour écouter cette chanson

..

Sur une Musique de Jean-Marie Dorval qui m'inspira ces mots en 1999:


Le Mal ou le Bien 

C’est une vieille histoire
Le Mal ou le Bien
Fin d'un millénaire
Et toujours ce refrain

Des hommes sur des routes
Qui ne mènent à rien
Parce qu’ils ont des doutes
Est-ce mal ou bien

Combien de ruptures
Complices du Malin
Croyant être pures
Ont fait pire que bien

Est-ce bien ou mal
Question de maintien
Ou réponse fatale
Qui fait mal aux seins

Là-bas pas très loin
Ils quittent leurs biens
Envahis de haine
Alourdit leur peine

Que répondre à ça
Plus en plus de soldats
Défilent dans ce bal
Font-ils bien ou mal

Armée qui fait mal
Armée qui fait bien
On choisit son camp
Ou on fait semblant

Est-ce plus mal encore
Question de faire bien
Toute façon les morts
Ne nous diront rien

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