mercredi 27 février 2019

Mes 18 ans nostalgiques


Le passé...Le passé!  D'accord!  Il est assez normal de  le tracer quelque part pour les générations futures...Que dans mon cas, j'en arrive à cette conclusion: " J'avais tout faux",   c'est tant mieux… question de préserver les miens ...qu'ils ne se fourvoient pas sur des chemins en apparence trop lumineux qui alors risquent d'éblouir et  rendre aveugle comme ce fut mon cas...Avec du recul, on finit parfois à en être conscient.  Moment de répit aussi que de s'y bercer...Hélas,  l'actualité vous rappelle à l'ordre!   Encore,  quelques jours auparavant,  à l'une de mes émissions préférée sur Arte : les 28',  où l'ancien directeur d'OFPRA (Office français de protection des réfugiés), Mr. Pascal Brice est l'invité d'honneur ,  j'avais envie de lui poser cette question " Est-ce que j'avais tout faux quand, il y a quatre ans, j'écrivais cette chanson?: 

                                                      LAMPEDUSA


Lampedusa

Méditerranée !  Méditerranée !
La coupe a débordé  à Lampedusa

Est-ce le prélude  ou que sonne le glas
À propos du débat entre le Nord le Sud?

Méditerranée !  Méditerranée !
Théâtre de conflits depuis tant d’années

Méditerranée ! Mère de nos cultures
Autrefois si dure Envers la négritude

Sur les côtes du Nord des yachts de milliardaires
S’ennuient  dans les ports peu de monde à bord

Sur les côtés du Sud des esquifs en bois rude
S’entassent  familles entières rêvant d’un mieux être

Bateaux de fortune combien de naufrages
Avant de faire la une et puis qu’on tourne la page

Méditerranée !  Méditerranée !
La coupe a débordé à Lampedusa


Ils se veulent  libres,  vivre dans  l’Union
Où tous les hommes ici semblent égaux

On aura beau faire Schengen et frontières
Vivants ou même morts ils passeront encore

Méditerranée !  Méditerranée !
Comment voulez-vous que notre indifférence
Puisse résister à cette évidence

À Lampedusa,  à Lampedusa

Et Maître Rubens, en 1957,  le parrain de mon père qui venait de lui annoncer son projet d'ouvrir un restaurant,  ajouta encore: « -Jamais votre ménage ne tiendra ! »

Effectivement, un an après l’ouverture du Mouton d’or, ma mère quittera mon père pour ouvrir son propre restaurant « La Flambée », près de la Porte de Namur, au 24 rue Francart.  Quant à René et moi, adieu nos ambitions de carrières plus cérébrales ; lui c’était les langues pour devenir interprète ; et moi j’hésitais encore entre la physique et l’agronomie, ayant encore plus d’une année à tirer avant la Fac.

Après vingt ans de mariage, nos parents se séparent (1960), je ne retournerai plus à l'Athénée d'Ixelles après les vacances de Pâques finir mes Humanités.  Conclusion, je mettrai plus de quatre décennies à mieux comprendre - et encore avec beaucoup de manques - ce que j'aurais pu apprendre en dix fois moins de temps à l'Université. 


                                  Je n'ai que dix-huit ans

Je n’ai que dix-huit ans
Dans ce combat de mille ans
Pour calmer cette révolte
J’ai besoin d’amitié

Méprisé rejeté
Avant de naître orphelin
De l’amour désinvolte
D’un couple sans destin

Plus d’amis plus d’études
Mon diplôme la solitude
Plus de famille  une vie rude
Sera mon premier prélude

Chacun a droit à l’amitié
Et je trouverai ma destinée
Pour vivre l’Éternité
Le vent la mer et le soleil
Nous porteront vers l’Éternel

Face à l’immensité
Des besoins de la cité
Là le cœur est second
Loin derrière la Raison

Compagnons de la rue
M’ont trouvé ingénu
M’ont promis beaucoup d’or
C’est un sort qui dévore

J’ai cherché la Lumière
Parcouru mers et terres
Pour trouver enfin nu
L’Amour m’est apparu*

De cet amour appelé Soleil
Dix mille enfants au cœur si pur
Qui même aux yeux de la Nature
Feront en sorte qu’elle s’émerveille
Car notre amour est éternel

Un clic pour écouter cette chanson

Je la dédie à Jean-Baptiste de la Salle et à Don Bosco


Ah oui,  que je suis fier sur ma Lambretta 125 cc ! .  La joie aussi des petits frères pour des  tours,  derrière sur le scooter,  dans le quartier!


Année 1960 rue Francart à XL (près Porte de Namur).  René (20 ans) l'aîné de notre fratrie prend la photo - on n'aperçoit pas le restaurant de notre mère, la Flambée au 24 juste en face, où tous les jeudis midi se réunissaient, dans la salle de banquet au premier étage, le FDF (Front démocratique francophone - Parti politique dominant à Bruxelles à l’époque, avec Madame Catherine Spaak, la Présidente.


Debout devant: Polo (8 ans); derrière moi, il y a les jumeaux de dix ans: Jean-Luc, à mon dos, et Jean-Marie, devant Claudine âgée de douze.   Nous sommes tout de même un peu désorientés:  nos parents viennent de se séparer... et adieu mon rêve de la Fac pour apprendre l'Agronomie ou la physique! (Grande frustration que je compenserai en ouvrant de nombreux restaurants).    René s’engagera deux ans comme steward sur les paquebots Noord Star et le Southern Cross d'une compagnie anglaise.


Bien sûr qu'il y a de mon vécu dans cette chanson, sauf de n’avoir jamais touché à la drogue.   Pour la créer, il fallait me glisser dans la peau des mineurs qui fréquentèrent notre resto du cœur. -   À l'instar de Coluche en 1986, au 17 rue de la Fourche au centre de Bruxelles, il était une fois un resto du cœur! -   Des jeunes paumés, en décrochage scolaire, angoissés et   dépendant de substances pour y échapper.  Il fallait leur donner du courage; qu’ils croient en eux-mêmes...mais aussi,  à la demande du studio d'enregistrement (Studio DES à Bruxelles et d'Alan Booth qui arrangera pratiquement par la suite toutes mes chansons),    ajouter une autre mélodie sur la  face B au 45 T. Vinyle de
 "Alleï -Alleï Bruxelles" 

Mars 1987.  Le printemps! Le resto fermait et nos convives de l'hiver  devaient repartir d'un bon pied avec le soleil comme compagnon emmenant le disque en guise d'adieu, sur lequel étaient gravées ces deux  chansons dont celle-ci qui s'adressait tout particulièrement aux moins de vingt ans.  L'une des rares filles de cette génération,  Dominique,  une petite rousse aux cheveux courts,  si ma mémoire est bonne,  qui venait régulièrement et n'hésitait pas à donner son petit coup de main  pour servir les deux-cent-cinquante convives, mais dépendante de la méthadone,  ne croyait pas qu'elle pourrait récupérer ses facultés intellectuelles...Cependant, en lui expliquant que le cerveau est une machine fantastique qui a des capacités exceptionnelles pour se réadapter et se régénérer, j'ai eu ce bonheur de déceler dans ses yeux comme une lueur d'espoir .  

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